Un ambitieux projet
Déplorant que la hausse du prix du lait tardait à arriver du fait du mécanisme de détermination, il a rappelé qu’« une négociation aura été nécessaire pour obtenir un nouveau mécanisme » tout en déplorant la division des organisations de producteurs régionales Danone. Du côté de Fromagers en Bourgogne, le contrat « nous semble quelque peu déséquilibré et ne place pas les producteurs dans la meilleure position ».
Un projet en gestation
Ayant obtenu l’agrément OP après neuf mois de galère administrative, l’association a vu ses adhérents livrer 77 millions de litres de lait sur l’année civile pour un prix de base de 334 € les mille litres.
« 2014 s’annonce sur des bases conjoncturelles aussi favorables que 2012 avec une hausse prévisionnelle de 10 %, soit une augmentation d’environ 35 €. » Invitant à anticiper l’après quotas, Laurent Boivin évoquait un projet aussi ambitieux que séduisant. Suite à la fermeture de la sucrerie d’Aiserey, et surtout de celle du site de Val d’Aucy à Ciel, l’association a choisi d’agir et d’être force de proposition. Deux nouvelles entités pourraient ainsi voir le jour. L’une regroupant l’ensemble des producteurs adhérents à l’association pour mutualiser et optimiser la collecte de lait. L’autre étant un pôle laitier sur l’ancien site de Val d’Aucy qui abriterait les outils techniques de dépotage, de concentration et de fabrication fromagère utiles à Danone et à Fromagers en Bourgogne. Et ce, avec le soutien actif de la coopérative Bourgogne du Sud. « Maintenir à minima notre potentiel laitier local est un objectif mutuel. Les producteurs ont besoin des transformateurs et réciproquement dans un contexte où les cartes seront redistribuées à partir de l’année prochaine ».
Quelques pistes pour l’après quotas
Amené à intervenir sur le thème “Quelle orientation stratégique donner à mon exploitation laitière pour l'après 2015 ?”, Laurent Lefèvre, technicien spécialisé Lait à la chambre d’agriculture de Saône-etLoire, a partagé les résultats d’une étude menée sur 36 exploitations. La principale conclusion est que l’on observe en cinq années une augmentation de 20 % de la production avec, dans le même temps, une marge brute qui diminue de 17 %. Lorsque l’on s’arrête aux seuls coûts de production, les écarts sont grandissants avec une proportion importante d’élevages en situation tendue. Mais il n’y a pas de lien évident entre productivité du travail et rémunération. On constate aussi qu’il n’y a pratiquement pas d’économie d’échelle en production laitière. En outre, l’augmentation des volumes vendus ne rime pas automatiquement avec progression du revenu. Enfin, dans un scénario de croissance, sans maîtrise suffisante, on note une hausse des charges opérationnelles. Aujourd’hui, le droit à produire n’est plus un facteur limitant. Souvent, les bâtiments sont saturés et les capacités de stockage de fourrage limitées. Produire plus de lait avec des concentrés est parfois anti-économique comme ce fut le cas lors de l’hiver 2012-2013.
Pour sa part, Pierre-Emmanuel Belot, chef de projet en Franche-Comté pour l’Institut de l’élevage, a présenté les trois voies possibles :
- l’arrêt du lait ;
- la poursuite sans rien changer ;
- enfin, la saisie d’opportunités qui se présentent.
Le premier cas laisse apparaître une chute impressionnante de l’EBE. Le deuxième cas peut à la rigueur être retenu si l’exploitation est extrêmement stable depuis plusieurs années. Mais la seule voie possible semble être la troisième. Il s’agit non pas de s’affranchir des aléas mais d’y faire face. En adaptant le volume de lait à la demande et en sécurisant le système avec, par exemple, une épargne de précaution tout en ayant une flexibilité structurelle et opérationnelle.