Replantation et vins de garde en Bourgogne
Un challenge audacieux
Le vice-président du conseil régional de Bourgogne en charge de l’agriculture, Jacques Rebillard, et le viticulteur et œnologue, président de Fivin et membre du Conseil économique et social de
Bourgogne, Bernard
Hudelot, militent pour la replantation et pour le retour des vins de garde en Bourgogne. Lettre ouverte.
Bourgogne, Bernard
Hudelot, militent pour la replantation et pour le retour des vins de garde en Bourgogne. Lettre ouverte.
La petite vendange de 2012 nous amène à réfléchir à la place et à l’avenir des vins de Bourgogne sur le marché mondial des vins. La Bourgogne aura-t-elle toujours les moyens de tenir son rang ?
Les viticulteurs champenois considèrent qu’en dessous de 10 % du marché mondial des vins effervescents, le Champagne aura beaucoup de mal à conserver ses positions commerciales. C’est la raison pour laquelle ils ont décidé, avec toutes les précautions nécessaires, de lancer un programme pluriannuel de replantation pour repasser au-dessus de ce seuil.
Les vins de Bourgogne –avec 0,5 % de la production mondiale– représentent en valeur 5,5 % des échanges mondiaux de vins (sources BIVB), c’est une belle performance, mais pour autant cette position reste fragile et très dépendante du niveau de la récolte.
L’année 2012 a été une année de petite vendange, la troisième successive, avec des positions commerciales difficiles à tenir dans l’avenir. La qualité sera certes au rendez-vous, mais elle ne peut pas à elle seule compenser les quantités manquantes.
La Bourgogne doit-elle s’inspirer de la Champagne en replantant ? Les risques d’une telle décision non maîtrisée sont la déstabilisation du marché.
Pour les limiter, il existe une politique complémentaire qui concilierait augmentation de la production et régulation du marché : c’est le retour pour une partie de la production vers les vins de garde. Ce retour permettrait à la fois de réguler le marché face aux aléas climatiques en créant un stock tampon, mais aussi de revenir progressivement aux millésimes plus anciens des vins de garde à forte typicité. Le Pinot noir –qui développe au vieillissement des arômes tertiaires uniques– s’y prête idéalement.
Quelles sont les conditions et conséquences de ces propositions ?
La position malthusienne de maîtrise trop stricte de la production n’est pas tenable à long terme sur un marché où la demande et la concurrence sont dynamiques.
Dans le cadre de la gestion actuelle des droits de plantation, la replantation maîtrisée de surfaces supplémentaires permettrait d’accroître en quelques années la production et, en même temps, elle limiterait les conséquences d’attaques sanitaires qui mettent en péril les appellations et qui entraînent une baisse tendancielle de la production globale. Elle pourrait répondre à la demande croissante des crémants de Bourgogne. Elle pourrait aussi entrainer une détente sur le marché foncier et faciliterait l’agrandissement d’exploitations viticoles parfois trop petites.
La relance d’une politique de vins de garde est la condition complémentaire nécessaire d’une politique de replantation.
Abandonner au seul profit des vins jeunes la filière des vins traditionnels –qui ont fait la réputation multiséculaire de la Bourgogne– est une erreur historique identique à celle du Beaujolais qui depuis 30 ans a orienté une grande partie de sa production traditionnelle vers l’élaboration du "Beaujolais primeur". Il faut rétablir un équilibre et utiliser les effets du réchauffement climatique actuel. Ce réchauffement profite aux zones en déficit thermique et permettra une revalorisation en gamme de tous nos terroirs bourguignons. Les appellations régionales –pour une petite partie de leur production et en fonction des millésimes– pourraient s’inscrire dans cette démarche. Celle-ci serait complémentaire des expérimentations de mises en réserve testées jusqu’à présent dans le Chablisien.
Cette politique de replantation et de vins de garde permettrait la création de nouveaux emplois. Elle ouvrirait de nouvelles opportunités d’investissements privés dans de petites caves individuelles sécurisées dans lesquelles nos acheteurs laisseraient vieillir leurs vins de garde. Ce concept répond à une demande croissante de clients qui cherchent de nouvelles formes de placement plus patrimoniaux pour eux-mêmes ou leurs enfants.
Il faut faire évoluer les modes de financement bancaire de la filière viticole.
Les conditions pour parvenir à un tel objectif seraient la mise à disposition de la filière viticole de financements bancaires adaptés à la replantation et au stockage de garde avec des prêts bonifiés à long terme. Il faudra réfléchir à la réduction des coûts de plantation en relation avec les ODG. Il faudra renforcer le pilotage des flux entrées/sorties par les organisations professionnelles et le contrôle de la qualité pour les vins de garde. Sans remettre en cause la stratégie professionnelle de faire des vins de Bourgogne « la référence mondiale des vins issus d’une viticulture durable », il faut lui ajouter cette dimension quantitative et spécifique aux vins de garde. La mise en œuvre financière d’une politique de vins de garde a été imaginée dès 2005 au sein du pôle de compétitivité Vitagora. Le concept existe, il a été validé par des viticulteurs, des négociants, des œnologues, des chercheurs, des comptables, des avocats, il ne lui manque plus que la volonté politique et professionnelle pour se concrétiser.
Pas d’autre choix que l’audace !
Le challenge est audacieux, mais avons-nous d’autres choix ?
Il est le seul qui soit de nature à renforcer la notoriété et à maintenir la place et la spécificité des vins de Bourgogne dans le monde.
Les viticulteurs champenois considèrent qu’en dessous de 10 % du marché mondial des vins effervescents, le Champagne aura beaucoup de mal à conserver ses positions commerciales. C’est la raison pour laquelle ils ont décidé, avec toutes les précautions nécessaires, de lancer un programme pluriannuel de replantation pour repasser au-dessus de ce seuil.
Les vins de Bourgogne –avec 0,5 % de la production mondiale– représentent en valeur 5,5 % des échanges mondiaux de vins (sources BIVB), c’est une belle performance, mais pour autant cette position reste fragile et très dépendante du niveau de la récolte.
L’année 2012 a été une année de petite vendange, la troisième successive, avec des positions commerciales difficiles à tenir dans l’avenir. La qualité sera certes au rendez-vous, mais elle ne peut pas à elle seule compenser les quantités manquantes.
La Bourgogne doit-elle s’inspirer de la Champagne en replantant ? Les risques d’une telle décision non maîtrisée sont la déstabilisation du marché.
Pour les limiter, il existe une politique complémentaire qui concilierait augmentation de la production et régulation du marché : c’est le retour pour une partie de la production vers les vins de garde. Ce retour permettrait à la fois de réguler le marché face aux aléas climatiques en créant un stock tampon, mais aussi de revenir progressivement aux millésimes plus anciens des vins de garde à forte typicité. Le Pinot noir –qui développe au vieillissement des arômes tertiaires uniques– s’y prête idéalement.
Quelles sont les conditions et conséquences de ces propositions ?
La position malthusienne de maîtrise trop stricte de la production n’est pas tenable à long terme sur un marché où la demande et la concurrence sont dynamiques.
Dans le cadre de la gestion actuelle des droits de plantation, la replantation maîtrisée de surfaces supplémentaires permettrait d’accroître en quelques années la production et, en même temps, elle limiterait les conséquences d’attaques sanitaires qui mettent en péril les appellations et qui entraînent une baisse tendancielle de la production globale. Elle pourrait répondre à la demande croissante des crémants de Bourgogne. Elle pourrait aussi entrainer une détente sur le marché foncier et faciliterait l’agrandissement d’exploitations viticoles parfois trop petites.
La relance d’une politique de vins de garde est la condition complémentaire nécessaire d’une politique de replantation.
Abandonner au seul profit des vins jeunes la filière des vins traditionnels –qui ont fait la réputation multiséculaire de la Bourgogne– est une erreur historique identique à celle du Beaujolais qui depuis 30 ans a orienté une grande partie de sa production traditionnelle vers l’élaboration du "Beaujolais primeur". Il faut rétablir un équilibre et utiliser les effets du réchauffement climatique actuel. Ce réchauffement profite aux zones en déficit thermique et permettra une revalorisation en gamme de tous nos terroirs bourguignons. Les appellations régionales –pour une petite partie de leur production et en fonction des millésimes– pourraient s’inscrire dans cette démarche. Celle-ci serait complémentaire des expérimentations de mises en réserve testées jusqu’à présent dans le Chablisien.
Cette politique de replantation et de vins de garde permettrait la création de nouveaux emplois. Elle ouvrirait de nouvelles opportunités d’investissements privés dans de petites caves individuelles sécurisées dans lesquelles nos acheteurs laisseraient vieillir leurs vins de garde. Ce concept répond à une demande croissante de clients qui cherchent de nouvelles formes de placement plus patrimoniaux pour eux-mêmes ou leurs enfants.
Il faut faire évoluer les modes de financement bancaire de la filière viticole.
Les conditions pour parvenir à un tel objectif seraient la mise à disposition de la filière viticole de financements bancaires adaptés à la replantation et au stockage de garde avec des prêts bonifiés à long terme. Il faudra réfléchir à la réduction des coûts de plantation en relation avec les ODG. Il faudra renforcer le pilotage des flux entrées/sorties par les organisations professionnelles et le contrôle de la qualité pour les vins de garde. Sans remettre en cause la stratégie professionnelle de faire des vins de Bourgogne « la référence mondiale des vins issus d’une viticulture durable », il faut lui ajouter cette dimension quantitative et spécifique aux vins de garde. La mise en œuvre financière d’une politique de vins de garde a été imaginée dès 2005 au sein du pôle de compétitivité Vitagora. Le concept existe, il a été validé par des viticulteurs, des négociants, des œnologues, des chercheurs, des comptables, des avocats, il ne lui manque plus que la volonté politique et professionnelle pour se concrétiser.
Pas d’autre choix que l’audace !
Le challenge est audacieux, mais avons-nous d’autres choix ?
Il est le seul qui soit de nature à renforcer la notoriété et à maintenir la place et la spécificité des vins de Bourgogne dans le monde.