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Denis Lacagne à Monthelon

Un cheptel charolais inscrit en trois ans

Nouvel éleveur-sélectionneur dans l’Autunois-Morvan, Denis Lacagne a privilégié la génétique dès son installation. Son cheptel n’a pas été constitué au hasard et trois ans après son arrivée à Monthelon, le jeune éleveur possède déjà un troupeau inscrit dont l’un des veaux vient même d'être vendu aux enchères à la station d’évaluation de Jalogny.
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Denis Lacagne est installé depuis novembre 2010 à Monthelon au pied du Morvan. Ce jeune éleveur, dont les parents sont producteurs de lait tout près d’Autun, n’était pas parti pour s’installer. Faute de place sur l’exploitation familiale, le jeune homme est devenu acheteur pour un groupement de producteurs nord bourguignon. L’envie de s’installer ne l’ayant jamais quitté, au bout de sept ans, Denis a fini par dégotter une exploitation à reprendre dans l’Autunois-Morvan. S’il a grandi entouré de laitières, le futur éleveur n’a jamais cessé d’aimer les charolaises et le choix de cette race s’est imposé au moment de s’installer, confie-t-il.

Inscription “post mortem”



La ferme qu’il a trouvée à reprendre était celle de Jean-Claude Brochot. Ce dernier avait en son temps engagé son troupeau dans un CTE par lequel il s’était astreint à n’utiliser que des taureaux inscrits et à adhérer au service “état civil” de Bovins Croissance. Pour compléter ce cheptel, Denis a acheté des vaches inscrites à un autre éleveur prenant sa retraite, en l’occurrence Michel Saunier de Ciry-le-Noble. Quant aux vaches non inscrites de son prédécesseur, grâce au travail déjà accompli, avec l’aide de Bovins Croissance Saône-et-Loire, le jeune éleveur a pu remonter les lignées jusqu’en 1987, de sorte à les faire certifier et inscrire “post mortem” via l’EDE, détaille Denis.
Trois ans après son installation, c’est donc avec un cheptel inscrit au Herd-book charolais que Denis travaille déjà. Il fait naître environ 80 veaux. Toutes les femelles sont engraissées. Les mâles sont vendus en broutards. Les vêlages se faisant à partir du mois de décembre, les veaux les plus lourds viennent à 450 kg vif au pré pour être vendus fin septembre. Quant aux autres, ils sont repoussés après sevrage pour être vendus dans l’hiver à 450-480 kg.

Pour valoriser le travail accompli



Pour la conduite génétique, Denis estime que « la finalité du travail est l’inscription et la vente de reproducteurs pour valoriser ce travail ». Pour ses accouplements, le jeune éleveur recourt aux taureaux testés d’insémination, participe au testage en ferme et utilise aussi des taureaux de monte naturelle. Fin 2012, avec deux autres éleveurs de l’Autunois (Cédric et Yves Barnay), il était l’un des co-acquéreurs de deux veaux de la maison Langillier. L’un était rien moins que le deuxième prix d’honneur du concours de Charolles et l’autre un deuxième prix de section, tous deux fils de Cadum.
L’automne dernier, Denis Lacagne participait au concours de reproducteurs d’Autun avec l’un de ces jeunes reproducteurs. Les concours sont pour lui « un moyen de se faire connaiîre ». L’automne dernier, le jeune éleveur a aussi vu l’un de ses veaux sélectionné pour la station d’évaluation de Jalogny. Lors de la vente de station du 21 février dernier, l'animal qualifié “RJR” et doté une note de synthèse en station de 106 a été adjugé 2.540 euros à un éleveur tchèque.


Stéphane Billoux, Herd-book charolais


Acheter des animaux inscrits permet d’aller plus vite



« En général, les nouveaux adhérents au Herd-book sont surtout des éleveurs qui sont déjà à Bovins Croissance depuis plusieurs années. Très peu décident de s’inscrire dès leur installation comme l’a fait Denis Lacagne. Pour aller plus vite, il a acheté des animaux inscrits, alors que d’autres préfèrent travailler leur propre souche en passant par le livre B… Mais c’est plus long ».




Gilles Mangin, Bovins Croissance Saône-et-Loire


L’état civil, une démarche peu contraignante et pleine d’intérêts



« Nous avons retracé avec l’éleveur toute la généalogie des femelles sur trois générations (mère, grand-mère et arrière grand-mère), ce qui a demandé beaucoup de travail de recherche à l’éleveur pour retrouver toutes les informations manquantes. Avec la nouvelle réglementation du livre de la race (modifiée en 2013) qui demande une génération de plus pour que les animaux soient inscriptible au livre A, il faudra attendre une année pour que les femelles qui viennent de naître puissent rentrer dans ce nouveau livre. Malgré tout, nous avons eu la chance qu’une partie des animaux figurait déjà à l’état civil Bovins chez nous. Cela a permis de gagner beaucoup de temps et d’avoir des généalogies plus complètes, permettant d’avoir des animaux inscrits au livre A dès la première année d’adhésion au HBC. L’éleveur a ainsi pu bénéficier de tout le travail fait par son prédécesseur. L’état civil n’est pas très contraignant puisqu’il demande juste de notifier les parents lors des déclarations de naissance et d’utiliser des pères identifiés génétiquement (prise de sang) : trop peu d’éleveurs connaissent cette démarche et ses intérêts. Aujourd’hui, nous travaillons avec Denis sur l’évaluation génétique de ses lignées en comparant les points forts et faibles par rapport à la race et faire progresser génétiquement son élevage. Lors des pesées, l’éleveur profite de la contention de l’animal pour faire les traitements nécessaires et doser le produit en fonction du poids vifs de son animal, donc une meilleure efficacité et des économies ».