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Retraités agricoles

Un dossier sensible…

Mis à part le rapport de la Cour des comptes proposant de faire des
économies en piochant dans les retraites, suivi du démenti immédiat du
Premier ministre, le débat sur les retraites semble au point mort. Le
gouvernement peine à s’engager sur ce dossier sensible. Le point.
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Malgré le démenti du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, de ne pas supprimer l’abattement de 10 % sur les pensions pour le calcul de l’impôt sur le revenu pour les retraités et de ne pas aligner le taux de CSG de 6,6 % des retraités sur celui des actifs (à 7,5 %), l’annonce faite le 13 septembre par la Cour des comptes sur ces deux volets a pris ancrage. « Nous sommes totalement opposés à ces mesures », soutient Jean-Paul Bizien, président de la section nationale des anciens exploitants de la FNSEA. « Nous n’avons pas compris ces annonces de la Cour des comptes. Et le Premier ministre a beau essayé de démentir, tant qu’il n’y aura pas d’avancées, on peut craindre le pire ». Un exploitant à la retraite touche aujourd’hui en moyenne 680 € par mois, une exploitante à la retraite, 540 €, tandis qu’un retraité du régime général pointe à 1.216 €. Bien en deçà de la moyenne nationale, ils restent prêts cependant à modérer leurs demandes. « Si les discussions sur les pertes d’autonomie reprennent et aboutissent, à savoir prennent le reste à charge des exploitants agricoles placés dans des établissements pour personnes âgées, alors nous pourrons réfléchir à une hausse de la CSG ». Comme les Aînés ruraux, les anciens de la FNSEA prônent avant tout le dialogue. C’est pourquoi ils ont sollicité un rendez-vous auprès de la ministre de la santé, Marisol Touraine, dès son arrivée au pouvoir, pour échanger et défendre leur position. Mais après deux rendez-vous repoussés, l’entretien n’a toujours pas eu lieu… « Notre rencontre avec la ministre est désormais fixée au 30 octobre en fin de matinée ». Et comme le sésame est précieux, les retraités entendent ne pas tergiverser : « Nous voulons établir avec elle le calendrier visant à améliorer les retraites agricoles ». Leur priorité est également d’obtenir des retraites à 85 % du Smic à l’échéance de 5 ans. « Il est scandaleux que des retraités ayant cotisé une carrière complète aient une pension de retraite inférieure à l’objectif légal de 75 % du Smic », s’indigne Jean-Paul Bizien qui rappelle que les salariés ont une retraite minimale égale à 85 % du Smic.

Les promesses du Chef de l’Etat


Lors de la campagne présidentielle, François Hollande s’était engagé sur un plan quinquennal à six mesures : l’extension de la retraite complémentaire obligatoire aux conjoints et aides familiaux pour les retraités actuels ; la suppression de la condition minimale de durée d’activité des exploitants agricoles (17,5 années) pour obtenir le droit de bénéficier de la majoration des retraites ; l’augmentation à 75 % du Smic du montant des retraites des carrières complètes des chefs d’exploitation ; la réversion de la retraite complémentaire obligatoire au conjoint survivant calculée sur les points gratuits et cotisés par le chef d’exploitation décédé en activité ; le bénéfice de la retraite proportionnelle accordé lors des périodes de longue maladie ou infirmité grave. Il annonçait également l’organisation d’une conférence annuelle sur les retraites agricoles qui réunirait autour du ministre de l’agriculture tous les acteurs concernés pour suivre la mise en œuvre de ce plan.
Si le 27 septembre, Jean-Marc Ayrault a affirmé sur l’antenne de France 2 que « les retraités ne sont pas des nantis », il est resté plus ambigu sur l’alignement du taux de CSG sur les actifs, prévenant que l’annonce n’était pas prévue pour 2013. Il laissait enfin entendre que les retraités les plus aisés pourraient contribuer au financement de la dépendance.




Le chantier de la dépendance


Si début septembre, la ministre en charge des Personnes âgées Michèle Delaunay avait souhaité un projet de loi « d’ici à la fin de la première moitié du quinquennat », elle s’est montrée le 25 septembre plus précise, en exprimant son « souhait » de voir la loi en vigueur « début 2014 ». « Cette loi, contrairement à ce qui avait été envisagé par le précédent gouvernement, correspond à une vision globale de l’avancée en âge, de la sortie de la vie professionnelle à la fin de la vie », a résumé Michèle Delaunay. La loi comportera trois volets : l’adaptation de la société au vieillissement, la prévention de la dépendance et enfin l’accompagnement, c’est-à-dire les aides aux personnes âgées. « Avec les nombreux rapports publiés depuis plus de cinq ans sur les moyens de financer la dépendance, le gouvernement dispose de toutes les données, a expliqué la ministre. Plutôt que des expertises, « ce qui nous a manqué pendant cinq ans, ce sont des choix », a renchéri Luc Broussy, conseiller général du Val d’Oise qui s’est vu confier la mission du premier volet, sur l’adaptation de la société au vieillissement. La partie Prévention reste quant à elle entre les mains du gériatre Jean-Pierre Aquino, déjà chargé par le précédent gouvernement de coordonner la politique de prévention de la dépendance. Enfin, une mission sur les exemples étrangers sera confiée prochainement à un parlementaire.