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États généraux du Comtois

Un format pour demain

Quel cheval veut-on dans nos paysages ? La question débattue lors des
Etats généraux organisés par l'Association nationale du cheval de trait
comtois était plus complexe. C'est pourquoi deux jours de réflexion lui
étaient consacrés.
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États généraux. Le mot est lâché. « Mais ne vous trompez pas de Bastille à prendre », invite Daniel Lagneaux de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE). Pendant deux grandes journées, les acteurs de la filière équine réfléchissent à ce que doit devenir le comtois d’après-demain. Venus des confins de la France, les Francs-Comtois ne seront pas les seuls à participer à ce remue-méninges.
Dans un premier temps, Jean-Louis Cannelle, président de l’Association nationale du cheval de trait comtois (ANCTC) revient sur les espoirs mais aussi toutes les interrogations qu’affichent ceux qui conduisent les destinées du comtois. « Cette ouverture est une réflexion totale sur le cheval que nous voulons ». Réflexion à l'issue de laquelle il conviendra d'affiner certains choix « pour permettre au comtois de faire encore partie demain de nos paysages ».
En guise de mouche du coche, un invité d’Ariège vient lancer quelques piques pour motiver la réflexion. Mais d’abord, l’éleveur endormirait presque son auditoire : « vous êtes la première race de trait en France », constate Olivier Courthiade. De quoi se reposer sur ses lauriers. « Mais vous avez la pugnacité et l’honnêteté intellectuelle de vous remettre en cause ». Une première nationale. « La première race de trait de l'Hexagone mérite bien ces deux journées de réflexion », confirme Jean-Louis Cannelle.
Jurys accommodants ou effet pointeurs, table de pointage malcommode, présence des poulains sont autant d'aspects pointés du doigt par cet éleveur d'Ariège : « Mais je reconnais que rompre avec ses habitudes n'est pas simple, mais c'est à ce prix que l'on peut progresser ».

Orientations


A condition de tenir compte des demandes sociétales. D'ailleurs, il n’y a pas que la race du comtois qui s’interroge sur la place du cheval dans la société. Les chercheurs de l’Inra, aidés aussi par l’IFCE, ont rendu public une grande étude sur la filière équine à l’horizon 2030. Daniel Lagneaux s’en fait l’écho. « Rappelons d'abord un propos de feu Jean-Paul Bobillier. Il disait : “Produire sans certitude de débouchés, même avec la passion, même en diversification, n'est pas durable”. C'est pourquoi nous avons travaillé sur divers scénarii ».
Comme tous à cheval, le cheval des élites, le cheval citoyen et le cheval compagnon. A mettre en lumière avec diverses attitudes qui vont du passif-passif au comtois. « Ils disent :“Retroussons-nous les manches.” Pour agir demain et préparer après-demain ».
Comment la montbéliarde a géré cette question de son avenir ? Philippe Maître en a donné quelques contours. De bon usage car ici même la montbéliarde côtoie sans tracas le comtois. Et chez nos voisins suisses ? L'avis des éleveurs de Franche-Montagne a également été sollicité.
Autant dire que la somme de toutes ces informations devait bien trouver une issue. Une dernière réflexion en groupe permet d'affiner son propos. Il ne reste plus qu'à confronter les avis des uns et des autres. Globalement, ils s'orientent dans la même direction. Même si des nuances apparaissent ici ou là. Ici, les avis sont partagés mais un point ressort de ce remue-méninges : « Il faut que tout le monde travaille dans le même sens, car vous ne pourrez pas courir deux ou trois lièvres à la fois », assure Olivier Courthiade. Là, on estime que travailler divers rameaux n'est pas une nécessité. « Il nous faut un comtois reconnaissable », avance le rapporteur. « Avec du caractère, du mental et de l'endurance ».
« Elevage, morphologie et caractère, voilà nos pistes de réflexion », poursuit Damien Prétet. Viande, travail et loisirs sont en filigrane. « Ces chevaux-là feront l'avenir de la race ». « Loisirs, travail ou pas, cheval brouteur… voilà des orientations ; bon courage pour mettre tout ceci en place sur le terrain », provoque un ultime rapporteur.
Jean-Louis Cannelle , commanditaire en tant que président de l'ANCTC et représentant son conseil d’administration, trace quelques perspectives. « Ces Etats généraux ne sont pas une fin en soi. Je dirais même qu'ils constituent le début de notre travail ». Affaire à suivre.




Légende Photo : Un travail en atelier et des réflexions couchées sur le papier.

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