Un pass pour approvisionner des collectivités
Des tarifs accessibles
Grâce à leurs neuf hectares de cultures maraîchères, les époux Vèbre parviennent à proposer des légumes bio 100 % français à des tarifs « accessibles » (lire encadré). C’est d’ailleurs une conviction chez eux : « pour que le bio ait un avenir, il faut que ses prix soient raisonnables ». Les surfaces cultivées ont aussi pour but de disposer d’une large gamme de produits, tant en qualité qu’en quantité, de sorte à pouvoir faire du stock pour l’hiver et de ne pas avoir de creux, explique Fabien.
Aujourd’hui, la SARL MV Bio commercialise 70 paniers par semaine, essentiellement sur Saint-Emiland et Couches. La clientèle s’est faite par la distribution de tracts dans les boîtes aux lettres et par le bouche à oreille. Valérie et Fabien font aussi trois marchés par semaine (Chalon-sur-Saône, Le Creusot et Vinzelles). Ils livrent également des "paniers fraicheur" aux usagers TER de la gare de Chalon-sur-Saône, dans le cadre d’une opération mise en place par la SNCF, le conseil général et la chambre d’agriculture.
Aller plus loin que le repas test…
Mais au-delà de la vente à des particuliers, les époux Vèbre aimeraient approvisionner davantage les collectivités. Un débouché qui n’est pas facile à travailler, confient les associés. Pour l’heure, bien que MV Bio leur envoie régulièrement ses « mercuriales », les commandes se limitent à quelques « repas tests », regrette Fabien. Et le plus souvent, les établissements scolaires ne demandent que des crudités en petites quantités : « quelques bottes de radis, quelques choux, quelques salades, mais - par exemple - pas les pommes de terre qui, elles, ont parfois déjà été achetées chez un grossiste", illustre le maraîcher.
Pourquoi pas un groupement de producteurs ?
« Le fait de pouvoir travailler en local n’est pas rentré dans les mœurs », regrettent pour l’heure Valérie et Fabien. C’est pour s’implanter davantage auprès des collectivités que la SARL s’est inscrite sur le réseau Loc’Halles.
« Nous avons inscrit certains de nos légumes en ligne (pommes de terre, courges, salade…) ». A l’usage, le couple s’est rendu compte qu’il ne fallait inscrire que les légumes prêts à commercialiser et qu’il fallait tenir à jour la liste des produits disponibles. Car la demande ne tient pour l’instant pas compte de la saisonnalité des cultures, ni des conditions naturelles de production…
A travers Loc’Halles, Valérie et Fabien espèrent évoluer vers un approvisionnement plus régulier des cantines scolaires et autres restaurants collectifs. Pour aller plus loin, le couple de maraîchers aimerait créer un véritable groupement de producteurs - pourquoi pas au sein de Loc’Halles - qui permette de constituer une sorte de plate-forme, plus à même de fournir les collectivités à l’année.
Légumes bio
Producteurs et non revendeurs…
« En bio, un seul hectare ne suffit pas pour satisfaire une clientèle ni pour assurer un revenu », recadre Fabien Vèbre. Selon le maraîcher, « pour atteindre un chiffre d’affaires de 40.000 €, il faut au moins 4 ha. Deux hectares ne fournissent que l’équivalent de 60 paniers, sans les marchés ». Une mise au point nécessaire à leurs yeux, car Valérie et Fabien estiment qu’un maraîcher bio qui prétend vivre avec seulement un ou deux hectares recourt forcément à de la revente de légumes bio, bien souvent achetés à l’étranger. Une pratique qui révolte les deux époux qui, eux, s’astreignent à ne commercialiser que les légumes qu’ils produisent eux-mêmes. Ironie du sort, les seuls fruits que le couple s’autorise à revendre en toute transparence leur a fait perdre les aides JA auxquelles Valérie pouvait prétendre.
Image trompeuse du “petit” producteur
Pourtant, dans le même temps, les deux jeunes maraîchers disent avoir côtoyé nombre de « confrères » jouant allègrement sur leur image de « petits producteurs bio », lesquels auraient bénéficié des aides JA et dont on sait pertinemment qu’ils s’approvisionnent en légumes venant d’Espagne, sans toutefois en informer la clientèle… Cette pratique opaque aurait aussi un effet pervers sur le prix des légumes bio. Pour vivre avec seulement un hectare, les maraîchers en question maintiennent des prix de vente élevés, alors même que le tarif des légumes espagnols est nettement plus bas qu’en France. Pour les époux Vèbre, cette pratique instaure une concurrence déloyale vis-à-vis de la production française, dont elle ne favorise ni le développement, ni l’emploi…