Accès au contenu
Les fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles

Un patrimoine industriel rare

Au cœur du Charollais, sur la commune de Vendenesse-lès-Charolles, à quelques kilomètres de Charolles, les fours à chaux récemment restaurés, construits à la fin du XIXe siècle, témoignent d’un exemple rare de patrimoine industriel de la région… Sébastien Joly, président de l’Association de sauvegarde des fours à chaux, rappelle l'histoire de ce patrimoine encore trop méconnu.
2254--PA200481.JPG
Identiques aux fours de Montluçon et de Bourg-en-Bresse (aujourd’hui démolis), les fours de Vendenesse-lès-Charolles doivent leur existence à la construction de la ligne de chemin de fer d’intérêt général reliant Moulins à Mâcon et à la présence de matières premières (pierres calcaires) de bonnes qualités et exploitables. Au nombre de quatre à leur construction, seuls trois fours subsistent aujourd’hui : l’un d’eux a en effet disparu à la fin du XIXe siècle.
Remarquables par leurs cheminées de sept mètres de hauteur, ce sont les derniers fours recensés en France surmontés de cheminées en brique. Les trois fours sont impressionnants : 22 mètres de haut (cheminées incluses), 20 mètres de circonférence à la base, 6 mètres de diamètre ; des dimensions monumentales pour un milieu rural. Construits par la famille Mangini, d’origine italienne, ils ont été ensuite revendus à M. Duverne en 1888 avant d’entrer dans la famille Merle dans les années 1930.

1.000 degrés Celsius


Les ouvriers travaillaient en campagnes de trois mois alternant l’extraction de la pierre à la carrière et sa cuisson. À la carrière, ils utilisaient de la dynamite pour faire exploser la couche géologique recherchée. Ensuite, à l’aide de masses, pioches et barres à mines, ils concassaient la pierre pour atteindre une taille plus petite. À la fin de la campagne de trois mois passée à la carrière, la pierre était acheminée jusqu’aux fours à l’aide de wagonnets tirés par un cheval. Les ouvriers remplissaient les fours alternant des couches de pierres et de charbon, combustible provenant des mines de Blanzy. Le feu était par la suite activé à la base de chaque four. La température atteignait les 1.000 degrés. Les ouvriers récupéraient à la base des fours la pierre calcaire cuite appelée chaux vive, sous forme de pierre. Elle était ensuite arrosée à la bluterie (hangar de transformation), la pierre fusait et se transformait en poudre blanche : chaux éteinte. Les ouvriers la mettaient en sacs pour la vendre. Un point de vente existait sur le site. Sinon la production était évacuée grâce au chemin de fer dans le département de Saône-et-Loire et dans les départements voisins.

Utilisation agricole


Le Massif Central, le Beaujolais et le Morvan étaient demandeurs de cette chaux agricole car leurs terrains étaient très acides. Le premier débouché était donc l’amendement et le chaulage des terres agricoles pour améliorer la qualité des sols. La chaux était également utilisée dans les fermes comme désinfectant dans les étables, poulaillers, maisons, lavoirs, puits et étangs. On entourait aussi les bêtes mortes pour éviter la putréfaction et la décomposition des corps. Enfin, on conservait la charcuterie ou les œufs dans de la chaux également.

Restauration de ce Monument historique


Abandonnés en 1961-1962, faute de rentabilité, les fours à chaux se sont dégradés et les cheminées envahies de végétation menaçaient de s’effondrer. Sous l’impulsion de la municipalité et d’une association de sauvegarde composée uniquement de personnes de la commune et avec l’accord du propriétaire M. Merle, les fours sont inscrits à "l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques" en 1993 avant de devenir "Monument historique" en 1998. Ce classement permet de restaurer et de réhabiliter le site. Dans le cadre d’un chantier de réinsertion sociale et professionnelle, une quinzaine de personnes, RMIstes ou chômeurs de longue durée, sont embauchées en contrat Emploi Solidarité. L’association Tremplin de Montcenis les encadre avec l’aide de professionnels pour les former sur le terrain. Le site ouvre au public en 2002.

Ballade à travers le bocage et les fours


Depuis la réouverture au public, la dizaine de membres de l’Association de sauvegarde animent le site. Des visites guidées sont organisées notamment les dimanches de l’été pour mieux découvrir le fonctionnement des fours. L’association participe tous les ans à la Journée du patrimoine de pays au mois de juin et à la Journée du patrimoine en septembre. Un chemin de randonnée de cinq kilomètres, classé "Balade verte", dont le départ est à la Maison du Charolais à Charolles, a été créé pour découvrir le bocage charollais et les fours. Un site internet (http://foursachaux.free.fr) permet d’en savoir plus sur ce patrimoine industriel exceptionnel.


Informations pratiques


Les fours à chaux sont ouverts au public du 1er mai au 31 octobre de 10 h à 19 h. Des panneaux explicatifs permettent de découvrir le site librement. Des visites guidées peuvent être organisées sur demande auprès de l’association au 03.85.24.00.56. Visites guidées tous les dimanches de 15 h 30 à 18 h jusqu’au 20 septembre. Pour en savoir plus : http://foursachaux.free.fr


Images