Fédération nationale bovine
Un plan de relance de la production dès la rentrée
Un jour avant l'ouverture officielle du Salon du Charolais à Saulieu, la
Fédération nationale bovine a tenu le 23 août un bureau décentralisé à
Saulieu, sur le site de l'événement. L'occasion de pointer, avec Pierre
Chevalier, président de la Fédération bovine, les principaux dossiers
qui feront l'actualité de la rentrée pour les élevages. Entretien...
Fédération nationale bovine a tenu le 23 août un bureau décentralisé à
Saulieu, sur le site de l'événement. L'occasion de pointer, avec Pierre
Chevalier, président de la Fédération bovine, les principaux dossiers
qui feront l'actualité de la rentrée pour les élevages. Entretien...
L'actualité c'est forcément la formidable hausse des prix des céréales et oléoprotéagineux et par voie de conséquence cela va se traduire par une augmentation des coûts de l'aliment pour les éleveurs. Dans ce contexte, où en est-on des négociations sur la formation des prix dans la filière ?
Pierre Chevalier : C'est le statu quo, en dépit des propositions que nous avons faites sur la contractualisation, avec en particulier la présentation d'une méthode de calcul reconnue sur le plan national par les Pouvoirs publics et reconnue également sur le plan européen, nous n'avançons pas sur la mise en place d'un accord interprofessionnel. La Fédération nationale bovine va maintenant, et la tenue de ce bureau aujourd'hui à Saulieu en donne le coup d'envoi, aller à la rencontre des responsables des FDSEA et des JA, ainsi que des organisations professionnelles qu'elles soient coopératives ou privées, pour faire connaître cette méthode de calcul du prix de revient, considérée par beaucoup comme incontestable. Pour ceux qui n'en sont pas encore convaincus, il faut qu'ils aient présent à l'esprit que la filière manque de minerai et qu'il va bien valoir trouver une réponse satisfaisante pour les éleveurs, car il ne peut pas y avoir de production sans rentabilité à la clé. Ce qui conforte la Fédération nationale bovine dans la nécessité de relever les marges des producteurs et d'aboutir à une contractualisation.
Un responsable professionnel m'a récemment déclaré que le vrai danger pour l'élevage allaitant c'était le prix du blé, la charrue ne risque-t-elle pas dans le contexte actuel de « passer avant le boeuf » ?
Pierre Chevalier : C'est effectivement un avis et une crainte partagés dans toutes les régions d'élevage, dans le Centre comme dans l'Est notamment, partout où les productions végétales, et surtout le blé ou le maïs, peuvent être implantés à la place des surfaces fourragères. Il faut éviter ce qui pourrait précipiter un véritable cataclysme et pour contrer ce danger, le seul moyen c'est que la rentabilité de la viande bovine à l'hectare soit équivalente à la rentabilité d'une grande culture de vente à l'hectare. Sinon, nous allons être confrontés à une baisse de production importante et cette perspective devrait d'ores et déjà mettre la filière en alerte. Le vrai débat et le vrai danger sont là, car à terme c'est la pérennité de toute une filière qui est en jeu, avec ses outils économiques et ses emplois. Cela semble d'autant plus aberrant que le contexte international est porteur pour le marché de la viande et que la production bovine française a de solides atouts pour répondre à la demande.
Vous réclamez depuis longtemps un plan de relance de la production bovine pour la France, quelles seraient les conditions d'une relance efficace sur le long terme ?
Pierre Chevalier : Notre plan de relance va justement être présenté dans les prochains jours, il s'articule autour de plusieurs points essentiels. En premier lieu, assurer la sécurisation du revenu par des prix durablement revalorisés et grâce à la contractualisation. En second lieu, faire en sorte que la future PAC soit résolument orientée vers un soutien différencié à l'élevage, qui reste un secteur de production fragile. Ce qui suppose de se prémunir contre tout verdissement excessif et de maintenir la PMTVA, ainsi que des incitations au maintien d'une production fourragère de qualité permettant d'avancer vers l'autonomie alimentaire des exploitations d'élevage. Le troisième point concerne une approche filière qui intègre le secteur coopératif comme le secteur privé, nous devons aller le plus loin possible dans une stratégie gagnante/gagnante. Le regroupement de l'offre doit aussi permettre de mieux se positionner face à la distribution. Je reste confiant dans l'issue que nous pourrons trouver ensemble, car toutes les composantes de la filière ont bien conscience du risque que ferait courir une diminution de la production bovine française. La situation actuelle favorise une écoute mutuelle et la volonté de trouver des solutions dans l'intérêt commun.
Vous avez rencontré le ministre de l'Agriculture en juillet, quelles perspectives tirez-vous de cet entretien ?
Pierre Chevalier : Cette rencontre nous a permis de préciser le contexte de la production bovine française d'abord, dont le revenu accuse des années de retard par rapport aux autres productions, et d'expliquer la position favorable de la France par rapport au marché. L'augmentation de la consommation de viande en Europe, comme dans le monde, selon les perspectives de la FAO, devrait atteindre 20% dans les années à venir. La France a des atouts majeurs pour jouer la carte d'une relance de la production, mais c'est un secteur fragilisé, sur lequel il faut porter une attention particulière. La problématique des coûts de production devra ainsi trouver des solutions dans l'intérêt des producteurs. Le ministre nous a répondu que : « c'est un langage positif que je peux entendre ». Nous lui avons proposé d'organiser deux visites d'exploitation, une exploitation d'engraissement et une exploitation naisseur/engraisseur où il pourra voir la réalité des comptes au travers d'une comptabilité analytique. Ce sera un bon moyen pour le ministre de se confronter aux réalités du terrain.
Vu de l'extérieur, la construction de la futur PAC est loin de faire l'unanimité, comment le projet évolue-t-il et quelle lecture en avez-vous pour le moment ?
Pierre Chevalier : L'un des principaux dangers que nous rejetons formellement c'est la régionalisation sur les aides du second pilier. Nous sommes contre une mesure qui ne peut que générer des distorsions de concurrence entre les régions. La vision très environnementaliste de cette nouvelle PAC nous interpelle également, mais le commissaire Dacian Ciolos semble cependant attentif à notre secteur de production. L'autre inquiétude, c'est le budget de la PAC, le contexte économique communautaire est d'une telle complexité en ce moment, avec des situations très diverses en fonction des pays, que certains pourraient être amenés à réviser leur position. La situation exige de notre part une vigilance absolue.
Pierre Chevalier : C'est le statu quo, en dépit des propositions que nous avons faites sur la contractualisation, avec en particulier la présentation d'une méthode de calcul reconnue sur le plan national par les Pouvoirs publics et reconnue également sur le plan européen, nous n'avançons pas sur la mise en place d'un accord interprofessionnel. La Fédération nationale bovine va maintenant, et la tenue de ce bureau aujourd'hui à Saulieu en donne le coup d'envoi, aller à la rencontre des responsables des FDSEA et des JA, ainsi que des organisations professionnelles qu'elles soient coopératives ou privées, pour faire connaître cette méthode de calcul du prix de revient, considérée par beaucoup comme incontestable. Pour ceux qui n'en sont pas encore convaincus, il faut qu'ils aient présent à l'esprit que la filière manque de minerai et qu'il va bien valoir trouver une réponse satisfaisante pour les éleveurs, car il ne peut pas y avoir de production sans rentabilité à la clé. Ce qui conforte la Fédération nationale bovine dans la nécessité de relever les marges des producteurs et d'aboutir à une contractualisation.
Un responsable professionnel m'a récemment déclaré que le vrai danger pour l'élevage allaitant c'était le prix du blé, la charrue ne risque-t-elle pas dans le contexte actuel de « passer avant le boeuf » ?
Pierre Chevalier : C'est effectivement un avis et une crainte partagés dans toutes les régions d'élevage, dans le Centre comme dans l'Est notamment, partout où les productions végétales, et surtout le blé ou le maïs, peuvent être implantés à la place des surfaces fourragères. Il faut éviter ce qui pourrait précipiter un véritable cataclysme et pour contrer ce danger, le seul moyen c'est que la rentabilité de la viande bovine à l'hectare soit équivalente à la rentabilité d'une grande culture de vente à l'hectare. Sinon, nous allons être confrontés à une baisse de production importante et cette perspective devrait d'ores et déjà mettre la filière en alerte. Le vrai débat et le vrai danger sont là, car à terme c'est la pérennité de toute une filière qui est en jeu, avec ses outils économiques et ses emplois. Cela semble d'autant plus aberrant que le contexte international est porteur pour le marché de la viande et que la production bovine française a de solides atouts pour répondre à la demande.
Vous réclamez depuis longtemps un plan de relance de la production bovine pour la France, quelles seraient les conditions d'une relance efficace sur le long terme ?
Pierre Chevalier : Notre plan de relance va justement être présenté dans les prochains jours, il s'articule autour de plusieurs points essentiels. En premier lieu, assurer la sécurisation du revenu par des prix durablement revalorisés et grâce à la contractualisation. En second lieu, faire en sorte que la future PAC soit résolument orientée vers un soutien différencié à l'élevage, qui reste un secteur de production fragile. Ce qui suppose de se prémunir contre tout verdissement excessif et de maintenir la PMTVA, ainsi que des incitations au maintien d'une production fourragère de qualité permettant d'avancer vers l'autonomie alimentaire des exploitations d'élevage. Le troisième point concerne une approche filière qui intègre le secteur coopératif comme le secteur privé, nous devons aller le plus loin possible dans une stratégie gagnante/gagnante. Le regroupement de l'offre doit aussi permettre de mieux se positionner face à la distribution. Je reste confiant dans l'issue que nous pourrons trouver ensemble, car toutes les composantes de la filière ont bien conscience du risque que ferait courir une diminution de la production bovine française. La situation actuelle favorise une écoute mutuelle et la volonté de trouver des solutions dans l'intérêt commun.
Vous avez rencontré le ministre de l'Agriculture en juillet, quelles perspectives tirez-vous de cet entretien ?
Pierre Chevalier : Cette rencontre nous a permis de préciser le contexte de la production bovine française d'abord, dont le revenu accuse des années de retard par rapport aux autres productions, et d'expliquer la position favorable de la France par rapport au marché. L'augmentation de la consommation de viande en Europe, comme dans le monde, selon les perspectives de la FAO, devrait atteindre 20% dans les années à venir. La France a des atouts majeurs pour jouer la carte d'une relance de la production, mais c'est un secteur fragilisé, sur lequel il faut porter une attention particulière. La problématique des coûts de production devra ainsi trouver des solutions dans l'intérêt des producteurs. Le ministre nous a répondu que : « c'est un langage positif que je peux entendre ». Nous lui avons proposé d'organiser deux visites d'exploitation, une exploitation d'engraissement et une exploitation naisseur/engraisseur où il pourra voir la réalité des comptes au travers d'une comptabilité analytique. Ce sera un bon moyen pour le ministre de se confronter aux réalités du terrain.
Vu de l'extérieur, la construction de la futur PAC est loin de faire l'unanimité, comment le projet évolue-t-il et quelle lecture en avez-vous pour le moment ?
Pierre Chevalier : L'un des principaux dangers que nous rejetons formellement c'est la régionalisation sur les aides du second pilier. Nous sommes contre une mesure qui ne peut que générer des distorsions de concurrence entre les régions. La vision très environnementaliste de cette nouvelle PAC nous interpelle également, mais le commissaire Dacian Ciolos semble cependant attentif à notre secteur de production. L'autre inquiétude, c'est le budget de la PAC, le contexte économique communautaire est d'une telle complexité en ce moment, avec des situations très diverses en fonction des pays, que certains pourraient être amenés à réviser leur position. La situation exige de notre part une vigilance absolue.