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Boxe française savate

Un sport loin d’être pantouflard !

Sport des mauvais garçons au 19e siècle, la boxe française savate est aujourd’hui une discipline en pleine expansion. Avec une formation tricolore qui s’illustre au plus haut niveau mondial à l’image de la Mâconnaise Coralie Martin.
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Âgé de 22 ans, le célèbre Vidocq découvre en 1797 la savatte –orthographe de l’époque– alors qu’il attend à la prison de Bicêtre son départ pour le bagne de Brest. Au XVIIIe siècle, il était fréquent de régler ses querelles à coups de pieds, de poings et de bâtons. En 1800, la savatte est alors le sport des mauvais garçons de Paris. Dès 1820, Michel dit Pisseux ouvre à La Courtille à Paris la première salle de savate, enseignant d’une manière rudimentaire la canne de combat. Alors que Théophile Gautier invente le terme de boxe française dans son ouvrage "Le maître de chausson" en 1840, il faudra attendre cinq années pour voir Charles Lecour ouvrir avec son frère Hubert la première salle de boxe française et canne au centre de Paris. Partie des bas-fonds de la capitale, la boxe française devient rapidement le sport de l’aristocratie.

L’illustre Georges Carpentier


En 1877, Joseph Charlemont publie le "Traité de la boxe française" dans lequel les coups et les attitudes sont codifiés pour la première fois de manière très précise avec textes et gravures. C’est en 1899 que se déroule le combat du siècle qui fait la une des journaux de l’époque : il s’agit d’un affrontement boxe anglaise-boxe française. Charles Charlemont vaincra son adversaire sur un coup au bas ventre litigieux, valable pour les uns, interdit pour les autres. Cette rencontre se termina par un procès où les deux protagonistes furent finalement condamnés pour coups et blessures. Le début du XXe siècle marque l’apogée de la boxe française avec les deux Olympiades à Paris. Mais jugée trop violente et non éducative, elle n’est représentée que sous la forme d’exercices d’ensemble exécutés par les sociétés de gymnastique. Si Georges Carpentier remporte le titre national de boxe française en 1907 avant de se tourner vers la boxe anglaise, la décennie suivante marque le déclin de cette discipline. Il faudra attendre les années 1960 pour voir renaître de ses cendres ce sport avec la création du CNBF (Comité national de boxe française). Les premiers championnats d’Europe auront lieu en 1970 à la salle de la Mutualité à Paris. C’est seulement en 1978 que les féminines sont autorisées à pratiquer ce sport. En 1985, est créée la FIBFS (Fédération internationale de boxe française savate). Aujourd’hui, on compte 42.771 licenciés –dont un tiers de féminines– et 720 clubs dans l’hexagone.

Cinq clubs en Saône-et-Loire


Parmi ces 720 clubs, on en recense quatorze en Bourgogne, dont cinq en Saône-et-Loire. Avec chacun leurs particularités mais aussi deux points communs. D’une part la présence massive de jeunes, d’autre part l’intérêt de plus en plus manifeste des femmes pour ce sport. L’Association mâconnaise de boxe française savate propose à ses 70 adhérents de pratiquer boxe française et savate forme. Dans ce dernier cas, il s’agit de l’apprentissage de la gestuelle de la boxe française sur fond musical, sans contact physique, seul ou avec un partenaire. Pour sa part, le Boxe française Épervans Val de Saône compte 95 licenciés. Ce club mise sur les jeunes avec de brillants résultats en ayant notamment décroché huit titres de champion de France. De son côté, l’ASGAM (Association sportive du Gant d’argent mâconnais) propose à ses 75 adhérents la pratique de la boxe française et de la boxe de rue, avec la volonté d’avoir une âme au sein de ce club. Du côté d'Autun, l’EESCD (École éduenne de sports de combats) ouvre ses portes à des éléments âgés de 7 à 50 ans. Une cinquantaine de licenciés qui travaillent de manière extrêmement variée tout en ayant le respect de l’intégrité physique de l’adversaire. Enfin, le Wallaby 71 propose dans la cité de Niépce à ses 100 adhérents un subtil équilibre entre convivialité et rigueur sous les ordres de Jean-François Fioux, ancien professionnel. Ici, la boxe française s’adresse aussi bien aux personnes qui aiment le combat qu’à celles qui souhaitent apprendre une méthode de self défense ou encore pratiquer de manière différente une technique de gymnastique sortant de l’ordinaire.

Quelques principes de base


Ce sport de combat voit deux adversaires de même catégorie de poids se frapper à coups de pieds et de poings. Il se pratique dans un esprit d’assaut semblable à celui de l’escrime. Cependant, les coups sont réellement portés en compétition. Les combats se déroulent sur un ring, selon des règles proches de celles de la boxe anglaise pour le déroulement général du combat (reprises, pauses, arbitres, juges, catégories…). Les coups de pieds sont propres à la savate : chassés, fouettés, revers fouettés, revers balancés, revers groupés, coups tournants (retournés), coups de pieds bas et coups de pieds croisés (chassés ou fouettés). Ils sont autorisés à la figure, au buste et aux jambes. Pour ce qui est des coups de poings, ils sont empruntés à la boxe anglaise (direct, crochet, uppercut et swing) et ne peuvent être portés qu’au-dessus de la ceinture. Pour ce qui est de la tenue, le tireur porte en compétition un fuseau qui recouvre les jambes et le buste mais découvre les bras. Il dispose également de gants comme ceux de la boxe anglaise et des chaussures lacées derrière la cheville pour ne pas blesser.



La championne du monde est mâconnaise !


Coralie Martin est l’exemple d’une personne qui n’était pas spécialement prédisposée au sport… et qui est devenue championne du monde ! Elle vient d’avoir 40 ans et a débuté ce sport à l'âge de 35… un peu par hasard. Mâconnaise d'origine, elle a fait des études aux États-Unis et travaillait jusqu’à cet été dans une société de jeux vidéo, dont elle était Directeur des opérations.
Initiée par un entraîneur dans un club à Montreuil, à proximité de son lieu de travail, Coralie est rapidement séduite par ce sport et se lance dans la pratique. Bien que "Vétéran", elle accepte de participer à une compétition avec des jeunes, compétition qu'elle remporte alors même qu’elle ne connait pas encore très bien les rituels et règles de la compétition... De quoi l'encourager à poursuivre dans ce sport. Elle s’entraîne alors au rythme de trois séances par semaine, de la course, de la musculation ou assimilé, un travail de technique pure. Rapidement, la Mâconnaise devient Championne de France !
Sous la pression des femmes en particulier, il devient possible de participer aux compétitions jusqu’à 40 ans. Coralie retente le championnat de France, puis le championnat du monde en 2010 alors que plus de trente-deux nations s'affrontaient ! Elle décroche à l'automne dernier le titre suprême !
La boxe française[WEB] , la savate, comporte deux types de compétition : le combat qui se termine par KO et est très rapide et l’assaut où il n’y a pas de KO mais où la gestuelle est beaucoup importante. C’est ce dernier type de compétition que pratique Coralie Martin. Un combat c’est 4 reprises de 2 minutes pour les femmes et 5 pour les hommes, un assaut c’est trois fois 2 minutes. Entre chaque reprise, il y a une minute de repos. Une journée de compétition, ce peut être une amplitude de 9 h 00 à 21 h 00. C’est aussi 4 ou 5 assauts par jour ; entre les deux il faut gérer : s’entraîner, se remettre en forme, se reposer. Pour la finale du championnat du monde, le dernier assaut a eu lieu à plus de minuit ! C’[/WEB] est un sport à maturité tardive. C’est pourquoi il y a actuellement des pressions pour faire évoluer les règles pour ne pas empêcher les compétitions à passé 40 ans ; la France étant le seul pays à pratiquer cette limite d’âge...
Membre de l’équipe de France, championne du monde, Coralie Martin est récemment venue prodiguer quelques conseils aux jeunes à l’Association mâconnaise de boxe française savate. « Il s’agissait d’une visite amicale qui s’est très bien déroulée », se félicite Étienne Ravy, son président.



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