Un temps d’échange privilégié

Le 4 février prochain à 17 heures au BIVB à Mâcon se déroulera l’assemblée générale de l’Union viticole de Saône-et-Loire. Au-delà du rapport d’activité de la section, cette assemblée permettra aussi l’élection du nouveau conseil d’administration pour les trois années à venir. Une forte participation est donc essentielle pour manifester son attachement à un syndicalisme viticole d'hommes présent sur tout le vignoble départemental. La suite de la réunion donnera la parole ensuite à plusieurs intervenants :
- Michel Baldassini, président du BIVB, réalisera un point sur la conjoncture économique du vignoble bourguignon et sur le projet de réforme des interprofessions ;
- Philippe Larignon, (voir encadré) interviendra sur le thème : "Les maladies du bois : état des lieux des travaux de recherche et perspectives" ;
- un représentant du service Vigne & Vin de la chambre d’agriculture réalisera un point sur les études menées sur les maladies du bois en Saône-et-Loire.

Philippe Larignon, le spécialiste des maladies du bois

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Ph. L. : depuis 2003, au sein de l’IFV, je suis ingénieur et responsable du programme dépérissements dont les maladies du bois. Je suis également responsable de l’assurance qualité des Bonnes pratiques expérimentales (BPE). J’ai travaillé pour la plupart de mon temps sur les maladies du bois. Mon premier travail a consisté à identifier les champignons impliqués dans l’Esca et connaître comment ces champignons dégradaient le bois. Par la suite, j’ai travaillé plus sur la connaissance de leur cycle biologique. J’ai mis en évidence que l’un des champignons de l’esca contaminait les plaies de taille. Pendant toute cette période, j’ai également identifié l’agent responsable du pied noir qui touche les jeunes plantations notamment dans les Charentes et en Champagne et plus récemment, en 1999, le Black dead arm (BDA) dont les agents qui y sont associés sont des champignons de la famille des Botryosphaeriaceae (maladie différente de l’Esca mais très similaire. Malheureusement cette maladie est encore trop confondue à l’Esca, même par les chercheurs).


Quels sont vos axes de recherche sur les maladies du bois actuellement ?
Ph. L. : en ce moment mes thèmes de recherche sont de plusieurs types :
- la connaissance du cycle biologique des champignons aussi bien en pépinières (identification de la propagation des champignons par le matériel végétal, identification des étapes au cours desquelles ont lieu des contaminations en pépinière) que dans le vignoble (mise en évidence de la voie d’entrée d’un autre champignon de l’Esca) ;

- l’influence des facteurs environnementaux (identification des facteurs climatiques favorables à l’expression des symptômes de BDA) ;

- et bien sur les méthodes de lutte (pépinières et vignoble). Pour cela un travail au laboratoire est d’abord réalisé pour sélectionner les meilleurs candidats (produits chimiques, biologiques...) qui sont ensuite testés en pépinières et dans le vignoble.
Je travaille également sur le dépérissement de jeunes plantations (inférieur à 5-6 ans). J’ai mis en évidence la présence de deux maladies : un dépérissement lié au champignon Neofusicoccum parvum (Botryosphaeriaceae) et la verticilliose. Ces deux dépérissements sont présents en Bourgogne.


Ce problème des maladies du mois est-il uniquement franco-français ?
Ph. L. : non, je suis d’ailleurs membre créateur et membre actif du groupe international sur les maladies du bois de la vigne appelé ICGTD (international council grapevine trunk disease). Le premier congrès s’est déroulé à Sienne en 1999 sur l’Esca. Ils ont depuis lieu à peu près tous les deux ans. Le prochain aura lieu en juin 2012 en Espagne. Autrement, je coordonne le groupe national maladies du bois France. D’ailleurs la dernière réunion a eu lieu le 16 et 17 novembre dernier à Villefranche-sur-Saône dans le Rhône.