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Roland Cottin

Un vibrant hommage au monde paysan

Maire de Gueugnon de 1983 à 2000, Roland Cottin a d’abord été un acteur important du développement agricole en Saône-et-Loire du début des années 60 à nos jours. Dans le second tome de son autobiographie, cet ancien professeur agricole fait partager ses souvenirs de « berger de chèvres devenu instituteur… ». Un parcours emprunt d’humanisme et d’attachement indéfectible au monde paysan.
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A 79 ans, Roland Cottin vient d’achever son second ouvrage "Le Pocro", un récit autobiographique qui retrace ses souvenirs de 1952 à 2001. Ce livre est le second tome rédigé par cette ancienne personnalité du monde agricole et de la Saône-et-Loire en général. Retiré de la vie publique depuis 2001, Roland Cottin est encore présent dans la mémoire de bon nombre d’agriculteurs. Outre une carrière entière consacrée au développement agricole, il a été maire de Gueugnon durant trois mandats et conseiller général de 1982 à 2001. C’est l’envie d’écrire l’histoire de sa famille qui l’a poussé à coucher sur le papier ses nombreux souvenirs. Doté d’une « mémoire particulièrement fine », Roland Cottin a eu besoin de se « libérer de ce riche passé ». L’envie sans doute aussi de transmettre un certain nombre de valeurs, humanistes avant tout.

« Ouvrier paysan »


Né en 1934, Roland Cottin est originaire de Saint-Sernin-du-Bois où son père était ouvrier paysan, comme beaucoup autour de la cité industrielle du Creusot. « C’était la misère. Le salaire à l’usine servait à payer les scories de la ferme ! », se souvient Roland Cottin. C’est cette pauvreté qui, plus tard, le motivera à se tourner vers le développement agricole. « A l’époque, on allait à l’école Schneider en vue d’entrer à l’usine. Mais moi, je rêvais d’être instituteur. Donc je suis parti en cours complémentaire au Creusot avant de faire l’école normale d’instituteur ». Ne perdant pas de vue son ambition première, Roland Cottin est aussi parti se former à l’enseignement agricole à Chatillon-sur-Seine. Après trente mois en Algérie, à sa « libération », il postule pour l’enseignement agricole et « atterrit » ainsi à Charolles en 1962. A l’époque, les enseignants agricoles faisaient office de techniciens de vulgarisation.

« Professeur agricole »


Exerçant au sein d’un « foyer de progrès agricole », le jeune enseignant s’est occupé d’un « groupement de vulgarisation » à Saint-Bonnet-de-Joux. Cette mission l’a fait rencontrer sa future épouse alors institutrice à Chiddes où ils se sont installés. De 1962 à 1966, Roland Cottin est allé propager le développement agricole dans les fermes du secteur de Saint-Bonnet-de-Joux. Une période dont il parle encore avec beaucoup d’enthousiasme. « Les paysans de là-bas m’ont adopté tout de suite ». Méfiants au premier contact, les fermiers ont rapidement été rassurés en constatant que ce jeune connaissait le travail de ferme. Ce milieu des années soixante fut particulièrement grisant en matière de progrès technique. « Il fallait produire », se remémore Roland Cottin qui a assisté à l’amélioration du pâturage et des prairies, l’arrivée des engrais, des premiers semis de ray-grass, des ensilages, des essais d’engraissement de jeunes taurillons… Au sein du groupement de vulgarisation de Saint-Bonnet-de-Joux, Roland Cottin a également participé à la naissance de la première Cuma du département, de la foire des veaux, des concours d’arrondissement… « Nous organisions des réunions de vulgarisation en veillée. Il y avait du monde ! Certains ne disaient pas un mot, mais ne perdaient pas une miette… », se souvient l’ancien technicien et d’ajouter « les agriculteurs étaient travailleurs, connaissaient les bêtes. Mais ils avaient besoin de formation, ayant pour la plupart quitté l’école à seulement 14 ans ! ».

De Saint-Bonnet à Gueugnon


En 1966, Roland Cottin met un terme à son affectation à Charolles. S’il avait vécu des moments exaltants sur son secteur de Saint-Bonnet-de-Joux, ailleurs, le jeune enseignant buttait cependant sur quelques poches de résistance... A Gueugnon, le technicien a eu la sensation de retrouver un peu de l’état d’esprit « solidaire » des paysans de Saint-Bonnet-de-Joux.
Arrivés à Gueugnon, Roland Cottin et son épouse ont d’abord pensé repartir ! La fumée, la pollution des forges les changeaient de leur ancien lieu de vie ! Mais ils y sont finalement restés 35 ans ! Le formateur s’est vu confier le secteur de Perrecy, Toulon, Gueugnon. Là, l’épopée du développement agricole s’est poursuivie : création de Cuma, de Gaec, introduction de la comptabilité gestion, formations adultes… « Notre rôle de technicien est alors monté d’un cran. On proposait des formations de plus en plus pointues. On allait visiter les sites expérimentaux, de grandes fermes… On est même allés en Italie voir où finissaient les châtrons que les éleveurs vendaient déjà aux Italiens ». A cette époque, le centre de formation de Gueugnon n’existait pas encore. Les réunions et les formations agricoles se faisaient dans des écoles primaires. « C’est alors que le maire de Gueugnon a eu l’idée de récupérer les anciens bâtiments d’une ferme en pleine ville pour y créer un centre de formation. Très vite, la profession s’est approprié ce nouveau lieu. La journée, nous y faisions cours et, le soir, les organisations agricoles y tenaient leurs réunions », se souvient Roland Cottin.
Plus tard est venue l’idée de créer un centre départemental d’apprentis agricoles (CFA). Un établissement dont Roland Cottin est devenu le directeur au début des années 80. « Notre volonté était que notre activité s’appuie sur la proximité. Que le jeune n’ait que quelques kilomètres à faire pour aller se former et que son père puisse venir aussi. Nous voulions imprégner l’état d’esprit paysan dans cette école ». C’est pour cette raison que le choix a été fait de créer un CFA « éclaté » avec plusieurs sites éparpillés dans le département. Parallèlement, Roland Cottin s’est également impliqué dans la création du lycée publique de Charolles.

L’engagement politique


Quand on l’interroge sur les raisons de son engagement dans la vie politique, Roland Cottin répond sobrement que ce dernier est venu bien malgré lui. « Mon père était adjoint au maire de Saint-Sernin-du-Bois et à l’entendre raconter ce qu’il vivait, je m’étais juré que je ne m’engagerais jamais ! », confie l’ancien élu. Mais à Gueugnon, Roland Cottin était impliqué dans des associations. Ce qui lui a valu d’être sollicité dès les élections municipales de 1977. En 1982, il devenait conseiller général du canton et, en 1983, il entamait trois mandats de maire de Gueugnon. S’il avoue garder « un bien meilleur souvenir du monde agricole que de la politique », l’ancien élu « éprouve de l’attachement au peuple gueugnonnais ». Il y a côtoyé des « gens très humbles, très solidaires. Leur usine, c’était leur bien ! », confie encore l’ancien maire de Gueugnon. Lorsqu’il fut élu pour la première fois, la ville comptait encore près de 10.000 habitants et la forge faisait vivre environ 5.000 ouvriers. Durant ses mandats, Roland Cottin a vu les tonnages augmenter, puis les premières réductions d’effectifs arriver…

Un concours charolais et une confrérie


Son engagement politique n’a jamais interféré avec sa fibre paysanne. D’ailleurs, c’est sous le mandat de Roland Cottin que le concours de reproducteurs charolais de Gueugnon a vu le jour. « C’était l’époque de la vache folle. Nous avons voulu inciter les éleveurs à se lancer dans la bataille. Il fallait qu’ils fassent davantage de promotion de la viande bovine ». La ville de Gueugnon a soutenu activement les éleveurs dans la mise sur pied de cette manifestation. « On avait même créé une entreprise d’insertion des chômeurs pour fabriquer les cornadis », se souvient l’ancien maire. C’est aussi à la même période que la Confrérie des Saveurs du Pays Charolais a vu le jour.

L’agriculture chevillée au corps


Retraité à partir de 1989, Roland Cottin a poursuivi sa carrière d’élu et de maire jusqu’en 2001, date à laquelle il choisit de tout arrêter, « sans aucun regret ». Et bien qu’ayant passé 35 années à Gueugnon, le couple a décidé de partir pour Dompierre-les-Ormes, le village de l’épouse de Roland Cottin. « Du jour au lendemain, je me suis retrouvé sans secrétaire, ni courrier, ni téléphone ! Chaque matin, je m’installais sur le balcon pour casser la croûte avec un petit salé et du Beaujolais », s’amuse Roland Cottin. Cette inactivité n’aura en fait que peu duré puisque l’ancien acteur du développement agricole n’a jamais rompu avec le monde paysan. Membre actif de la Confrérie des Saveurs du Pays Charolais, il a participé à toutes les séances d’analyses sensorielles, que ce soit dans le cadre du dossier AOC Bœuf de Charolles ou bien pour l’association Charolais Label rouge. Aujourd’hui, avec l’Institut charolais, il participe à l’élaboration d’une grille d’évaluation des gigots d’agneaux et est administrateur de l’Organisme de sélection Mouton charollais. A l’approche de ses 80 printemps et au terme d’une vie bien remplie, Roland Cottin dit « ne plus vouloir s’occuper de rien », excepté d’agriculture et de vin ! D’ailleurs, il se donne encore comme mission de faire passer l’idée que "l’élevage charolais ne s’en sortira que lorsqu’il saura parler de sa viande comme un vigneron de son vin ».


"Le Pocro"
« Un berger de chèvre devenu instituteur… »


(…) « Pour me mépriser et m’abaisser, on me surnommait "Chtit Pocro". On appelait "Pocro", les gens simples et difformes physiquement et sans doute intellectuellement. Il me fallait relever ce défi ».

"
Le Pocro" est le titre du second livre autobiographique rédigé par Roland Cottin. Dans cet ouvrage dense et richement illustré, l’auteur retrace son parcours de sa formation d’instituteur jusqu’à sa « saga municipale ». Un récit dans lequel Roland Cottin apporte un regard éclairé sur l’épopée du développement agricole en Saône-et-Loire. Pour se procurer le livre de Roland Cottin, il suffit de contacter directement son auteur au 03.85.50.20.20. Adresse : Roland Cottin, Le Mollard, 71520 Dompierre-les-Ormes.