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Coopération de Saône-et-Loire

Un vibrant plaidoyer pour la coopération de Saône-et-Loire pour le départ en retraite de Marie-Odile Sorlier

Après une carrière de quarante années dévouée à la coopération sous toutes ses formes, Marie-Odile Sorlier a fait valoir ses droits à la retraite. Devant une centaine de coopérateurs et collègues, la délégué générale de la Fédération des caves coopératives de Bourgogne-Jura (FCCBJ) a une dernière fois – ou pas – livré un vibrant plaidoyer pour défendre les valeurs de ce système qui doit être au service des coopérateurs. Une mission qui incombe aujourd’hui à ses successeurs, prêtes à le relever.

Par Publié par Cédric Michelin
Un vibrant plaidoyer pour la coopération de Saône-et-Loire pour le départ en retraite de Marie-Odile Sorlier

Marie-Odile Sorlier tutoie tous les présidents de coopératives de Saône-et-Loire ou de caves de Bourgogne. Sauf un : Jean Guilloux. C’est lui qui l’a pourtant embauché à sa sortie de l’Isara en 1978, après un passage au CDJA de Haute-Savoie. Dès octobre 1979, Marie-Odile Sorlier se met au service de la Fédération départementale de la coopération agricole (constituée en 1974). Ses collègues d’alors à la FDSEA ou au journal L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire sont à ses côtés. Rapidement, elle participer au « développement » du réseau des Cuma, s’attaque aux problèmes juridiques et statutaires... « en défendant déjà les intérêts de la base, des adhérents » jusqu’au niveau national à la FNCuma. Des « combats » menés à la CCVF ou Coop de France par la suite également. Ce qui lui vaudra d’ailleurs la médaille du mérite agricole en 2011. Une distinction qui vient aussi récompenser son engagement partagé dès 1993, sous la présidence d’Henri Legros, à la Fédération des caves coopératives de Bourgogne (créée en 1928). Elle s’y consacrera à temps plein dès 1995. En 2003, la fédération intégrera les caves et fruitières du Jura. Elle mettra alors en place des formations pour les administrateurs et pour les salariés de ces caves. Des formations qui « fédèreront » au delà des futurs dirigeants, permettant des unions commerciales et faciliteront des rapprochements. « Un véritable réseau coopératif capable de se défendre et de communiquer sur notre modèle », félicitait Marc Sangoy, actuel président de la FCCBJ. Toutes les caves et fruitières de Bourgogne Jura sont adhérentes à la FCCBJ.

Un développement multiforme

Jean Guilloux rappelait le contexte auparavant en 1974 : la Fédération de la coopération agricole regroupait alors l’ensemble des coopératives d’approvisionnements, de productions, de viande, de lait, les caves…. Au nom de tous ses présidents, Jean Guilloux saluait Marie-Odile Sorlier pour « ses connaissances, ses qualités organisationnelles, son dévouement à la cause agricole et surtout son amitié ». Dans la salle, Jean-Pierre Barraud (1995 à 1999), Gérard Maitre (1999 à 2010), Michel Barraud (2010 à 2015) acquiesçaient tous pour la partie Fédération des caves. Idem un peu plus loin dans le passé pour Marcel Ducerf, Maurice Huet, Patrick Desbrosses à la Fédération des coopératives agricoles. Alors qu’il ne s’agissait encore que d’un EPR (établissement public régional) « prémice » du conseil Général de Bourgogne, alors présidé par sous Pierre Joxe, la Fédération avait réussi à mettre en place des « plans » financés sur le lait, l’ensilage et le drainage en Cuma, la restructuration du maraichage, la promotion à l’export pour les vins des caves coopératives… C'est là qu'elle prenait conscience que toutes les organisations ont énormément bougé depuis 40 ans (Onivin, programme Casdar…).

Le prolongement des exploitations

Plus difficile à prendre conscience encore, l’importance des dossiers qu’a défendu Marie-Odile Sorlier dans sa carrière dont la fiscalité des stocks qui aurait pu devenir des créances à la coopération, « remettant dès lors en cause le fondement même de la coopération ». La salle entière répétait en cœur avec Marie-Odile Sorlier le leitmoviv : « la coopérative est le prolongement des exploitations ». Tout ne fut pas que combat et défense. Marie-Odile a aussi contribué à développer l’ensemble des caves, comme sur la fonction support qu’est l’informatique. Il fut également question des logos et autres salons pour faire la promotion des vins des caves. Un exercice pas toujours évident comme en témoignaient le lancement de l’appellation Coteaux Bourguignon ou la tentative de relance de la consommation de Crémants de Bourgogne. Des réussites heureusement aussi avec plusieurs services, notamment pour le ramassage et recyclage des déchets agricoles ou en Cuma avec le drainage (Aster) ou pour la construction (La Truelle), où elle participera aussi à « fonder » la fédération régionale des Cuma.

Se serrer les coudes

Sensible au choix du lieu de Saint-Gengoux-de-Scissé, première cave coopérative de Saône-et-Loire, dans son discours, Marie-Odile ne semblait décidément pas vouloir prendre sa retraite. Après avoir former des dizaines et des dizaines d’agriculteurs et de viticulteurs sur les statuts de la coopération, Marie-Odile Sorlier envisage de s’attaquer à la rédaction « des statuts pour les Nuls en une version abordable et joyeuse » de ce passage obligatoire. Autre dossier administratif lourd, le social (AC3S, taxe professionnelle…), la convention collective pour le passage au 35 h… « On avait alors une envie d’avancer ensemble, entre vignobles septentrionaux et sudistes », glissait-elle au passage, soulignant les tensions actuelles avec la CCVF et Coop de France ou le rapprochement annulé avec la Fédération beaujolaise.

A une époque où les ventes bouteilles par les caves n’existaient pas encore, les relations avec le négoce étaient tendues et « il fallait se serrer les coudes ». Sujet encore d’actualité. Un conseil que Marie-Odile Sorlier renouvelait en direction de tous les producteurs : « Votre bonheur est entre vos mains ». Elle motivait une dernière fois ses troupes en relisant un passage d’un procès verbal de 1978, au temps de Maurice Vincent qui « insistait sur le besoin de former les esprits aux valeurs de la coopération, souvent négligés dans les établissements d’enseignement agricole ». « Quarante ans après, le travail continue », invitait-elle. Pas de souci, la relève est assurée avec Candice Salvadore et Elodie Segaud, nouvelle déléguée générale qui « reprennent le flambeau ». A l’heure de trinquer à sa nouvelle vie de retraitée certainement fort occupée, Marie-Odile Sorlier saluait sa « plus belle réussite » en son fils Romain, jeune diplômé ostéopathe, qui était lui aussi immédiatement admis dans la grande famille de la coopération.