Un voyage immersif au pays du Comté

Après quelques années de réflexion et deux ans et demi de travaux, la Maison du Comté, immense structure toute en bois et en verre à la sortie de Poligny, a enfin ouvert ses portes. D’une superficie de 3.000 m², elle a été construite par des charpentiers de la région, en bois produit, scié et transformé sur le territoire. Les trois bâtiments qui la composent symbolisent les trois acteurs principaux de la filière : les producteurs, les fromagers et les affineurs. Partagée entre un style contemporain et traditionnel, son architecture évoque les fermes du Haut-Doubs et du Haut-Jura. 

L’ouverture au public ayant été décidée au dernier moment, le site web et les réseaux sociaux du CIGC (Comité interprofessionnel de gestion du comté) ne l’ont annoncée que la veille. Mais les visiteurs étaient au rendez-vous : des locaux venus en famille et impatients de découvrir ce bâtiment qu’ils ont vu s’élever ainsi que quelques vacanciers. La Maison du Comté participe à la volonté de la filière d’accroître les synergies entre Comté et tourisme.

Écouter le comté

À l’intérieur, un parcours scénographique qui s’étend sur environ 600 m² met en avant ce savoir-faire ancré au cœur du massif jurassien depuis 700 ans. « Nous ne voulions pas un musée statique avec uniquement de la lecture », explique la responsable du lieu Myriam Chevalier-Dole. « L’idée était de mettre en place l’exposition la plus interactive possible ».  Pour découvrir le comté, il faut donc regarder, écouter, sentir, manipuler, et même goûter… 

Plusieurs séquences s’inspirent des différentes étapes de la fabrication du fromage : la ferme, la fruitière et la cave d’affinage. D’autres salles présentent les valeurs coopératives, le terroir et la biodiversité. La visite se déroule au rythme de textes, de nouvelles technologies, de jeux, de maquettes privilégiant l’approche sensorielle. Pour plus d’authenticité, ce ne sont pas des acteurs qui apparaissent dans les vidéos mais de réels professionnels de la filière. 

Des odeurs au musée

L’histoire du comté, les contes et légendes autour de ce fromage sont racontés. Dans l’espace représentant la ferme, une vache montbéliarde scannée en 3D puis reproduite en chêne attend les visiteurs. Plus loin, ils peuvent soupeser des meules en bois pesant autant que les vraies (entre 32 et 45 kg) pour se rendre compte du poids que soulèvent les fromagers et les maîtres affineurs. Une salle en odorama propose de découvrir les différents arômes du comté. De quoi s’aiguiser les sens avant de terminer par une dégustation de deux comtés bien différents en âge, en apparence et en goût.

Pour les collectionneurs et ceux qui veulent ramener un souvenir, une boutique propose un large choix d’objets, de livres de recettes, d’accessoires, de jeux ou encore de vêtements à l’effigie du comté. Là encore, l’approvisionnement local a été privilégié : plus de 70 % des produits vendus sont fabriqués en France.

À côté de ce musée, des salles de congrès et de séminaires accueilleront divers évènements. Un bâtiment est dédié au service administratif. Le CIGC, l’Urfac (Union régionale des fromages d’appellation comtoise) et les syndicats du morbier, du bleu de Gex et du mont d’or, y ont aménagé au début du printemps.

Sébastien Closa et Ludivine Degenève