Un vrai choix stratégique
ambitions aujourd'hui affichées par le gouvernement suscitent une
légitime inquiétude chez les éleveurs allaitants. Ainsi, la disparition
annoncée de la part nationale supplémentaire à la PMTVA ou les
incertitudes quant à l'utilisation des fonds dédiés au couplage font
craindre le pire…
Si l'accord obtenu laisse en théorie une certaine marge de manœuvre aux états-membres pour bâtir une Pac structurante et sécurisante pour les productions et les filières, il n'en reste pas moins que les ambitions aujourd'hui affichées par le gouvernement suscitent une légitime inquiétude chez les éleveurs herbagers de nos zones extensives.
La disparition annoncée de la part nationale supplémentaire à la PMTVA et les incertitudes quant à l'utilisation des fonds dédiés au couplage, laissent craindre le pire. Il en est de même au regard de la mise en œuvre d'une convergence lente et d'un paiement vert "proportionnel", laissant les éleveurs dans une totale incertitude quant à la pérennisation de leur activité d'élevage dans des zones convertibles où, sans accompagnement digne de ce nom, et au vu des revenus de l'élevage, le retournement des prairies n'apparaîtra plus comme une option, mais comme une indéniable nécessité.
Le refus de la sanctuarisation !
Et ce ne sont pas les perspectives se dégageant sur le second pilier, avec des MAE "système" reposant sur une approche botanique, et la concentration des enveloppes visant à accompagner le handicap de production sur les zones de montagnes qui seront de taille à inverser la tendance…
En refusant de se battre à Bruxelles pour permettre l'accompagnement vers l'autonomie fourragère des élevages extensifs, et en s'affichant favorable à la sanctuarisation des praires permanentes, Stéphane Le Foll entendait probablement faire de nos zones, la caution verte d'une Pac française déstructurée par une approche dogmatique et partisane de ce que "devrait" être le modèle agricole de notre pays.
Face à ce constat, et au risque de déprise des éleveurs, la FRB Bourgogne réaffirme la nécessité de voir les mesures suivantes mises en œuvre dans le cadre de la réforme à venir :
- une revalorisation du soutien couplé au troupeau allaitant par le relèvement de la part communautaire affectée à chaque animal à hauteur de 250 € ;
- l'utilisation des 5 % de couplage optionnel et visant à accompagner les exploitations situées en Zones à contraintes spécifiques (ZCS) ;
- la mise en œuvre d'une convergence achevée en 2019 et d'un verdissement forfaitaire ;
- l'accès aux enveloppes fusionnées ICHN/PHAE pour l'intégralité des exploitations actuellement éligibles aux ICHN ;
- le maintien d'ici 2018, de l'intégralité du territoire actuellement classé en zones défavorisées simples et zones de Piémont ;
- l'utilisation modérée de la surprime des 50 premiers hectares, néfaste aux élevages extensifs ;
- la fin d’une logique consistant à permettre à l’État français de réaliser un maximum d’économie sur le second pilier.
Alors que le ministre entend faire de l'élevage « une priorité absolue », il convient désormais de dépasser le stade des déclarations d'attention et d'agir pour que ce qui relève de la parade politique, ne se transforme pas à l’avenir en une concrète fumisterie. L'élevage français veut et doit rester présent sur tout le territoire national.
Étant donné les annonces du moment, le ministre se doit de faire un choix crucial : "Économie et dynamisme" ou "écologie et déclin" ? Pour nous la réponse est claire.
Un risque réel
Dans la foulée, la Fédération nationale des éleveurs de bovins viande a, elle aussi, lancé un signal d’alarme…
La réforme de la Pac en France ne renvoie nullement à un débat entre productions. Elle se traduirait par la réduction des soutiens aux éleveurs de ruminants qui ont le plus développé de valeur ajoutée sur leur exploitation, tant en lait qu’en viande, tant en activité de naissage qu’en engraissement. Le sort réservé aux naisseurs-engraisseurs et aux engraisseurs est d’ailleurs particulièrement préoccupant à cet égard.
La FNB rappelle sa position constante quant au maintien de la PMTVA, véritable pilier de la production qui lie l’animal au territoire, et demande que son montant soit porté à 250 € à l’occasion de la réforme de la Pac. Elle propose également de fixer les montants de l’ICHN aux plafonds communautaires, soit 450 € en zones de montagne et 250 € en zone de piémont et en zone défavorisée simple.
Alors que le troupeau allaitant porte à lui seul la caution du verdissement par l’interdiction de retournement des prairies permanentes, cette interdiction fragilise les systèmes par l’absence récurrente d’autonomie fourragère qu’elle pérennise. C’est une aberration économique et administrative, de surcroît non rémunérée ! Enfin, le revenu de l’élevage bovin viande demeure très en deçà de la moyenne nationale à 16.800 €, soit la moitié du revenu agricole moyen qui se situe à 35.000 €, malgré des gains de productivité de 40 % sur dix ans.
Pour la FNB, il est nécessaire de rappeler ces réalités à l’heure des choix qui exigent au préalable de justement apprécier les conséquences en matière économique. La remise en cause du couplage à la vache allaitante démantèlerait irrémédiablement le premier potentiel de production européen que constitue le troupeau allaitant français. De plus, il donnerait un signal politique très positif… aux Américains alors que les négociations commerciales bilatérales sont ouvertes…