Moulin-à-vent
« Une appellation schizophrène »
Le cru moulin-à-vent et son président Jean-Pierre Labruyère ont organisé une dégustation du millésime 2009 sur onze climats différents, commentée par Michel Bettane.
Le cru moulin-à-vent et son président Jean-Pierre Labruyère ont organisé une dégustation du millésime 2009 sur onze climats différents, commentée par Michel Bettane.
Le cru moulin-à-vent est le premier à avoir enclencher le dossier caractérisation des terroirs.Isabelle Letessier de l’agence « Sygales » a rappelé les conditions de l’étude des sols qui s’est déroulée cet hiver (voir notre édition N°2057) et qui sera suivie d’une étude historique et climatique et œnologique, pour aboutir d’ici 3 ou 4 mois. Dans l’attente des conclusions définitives, quelques données ont été dévoilées. « Les racines descendent en moyenne à 1,45 m, c’est plus qu’on ne l’imaginait. Elles traversent le saprolite roche altérée que l’on appelle ici le ghorre », explique la géologue. » Il ne faut pas se fier à ce que l’on voit ou aux idées préconçues. Le vrai sol, on ne le voit pas ». Elle a ainsi démystifié le lien direct entre les filons de manganèse et les qualités du cru. « Ce n’est pas le sol qui fait le vin, c’est le vigneron qui a compris son sol qui fait le vin ».
Michel Bettane, le « Parker français » comme dira Jean-Pierre Labruyère, s’est réjoui de voir « les vignerons s’intéresser de près à leur outil de travail ». Il les a invités à se plonger également dans la microbiologie des sols avant de leur conseiller « de ne pas mettre des règles trop strictes dans les cahiers des charges des AOC car les conduites culturales, comme la densité ou la hauteur de feuillage, doivent être adaptées à chaque parcelle ».
Boisé ou pas ?
Il a ensuite entamé la dégustation de onze vins issus de onze terroirs différents *. « Le 2009 me rappelle le 91 un millésime un peu oublié mais bien réussi en Beaujolais ». Les commentaires ont montré la large palette aromatique du cru : un vin plus « chocolat », un autre plus gamay, plus minéral ou plus fin. « Le moulin-à-vent est un cru schizophrène », insiste Michel Bettane, « pas seulement parce qu’il est à cheval sur deux départements mais parce qu’il est à la fois beaujolais et un peu bourguignon. Est-ce perdre son âme que de se rapprocher du type Bourgogne ou est-ce une montée en gamme ? Ce n’est à pas à moi de répondre... ». Plusieurs de ces vins sont élevés en fûts de chêne. Là encore, le dégustateur se veut prudent. « Il ne faut pas dire que les vrais « moulin » sont boisés ou non boisés. La richesse de l’AOC, c’est la diversité des choix des vinificateurs ».
[I]* Les michelons – La Delatte – Les Greneriers – Les Burdelines – La Rochelle – le vieux bourg – Roche Grès – La bruyère – Champ de cour – Les vérillats – Les caves[i]