Une avancée historique pour la protection des abeilles
L’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) a salué l’adoption à l’unanimité (112 voix pour sur 122 votants) à l’Assemblée nationale, de la proposition de loi visant à lutter contre le frelon asiatique. Ce texte, adopté précédemment par le Sénat le 11 avril 2024, marque une avancée significative dans la protection des abeilles et de la biodiversité en France.

Introduit accidentellement en France il y a une vingtaine d’années, le frelon asiatique à pattes jaunes (Vespa velutina) s’est propagé sur l’ensemble du territoire hexagonal. Classé comme espèce exotique envahissante, il constitue une menace pour l’apiculture et la biodiversité, causant des pertes économiques estimées à 11,9 millions d’euros par an pour la filière apicole. Une colonie de frelons asiatiques peut consommer en moyenne 11,32 kg d’insectes sur une saison, mettant en péril les populations d’abeilles domestiques et d’insectes auxiliaires essentiels aux écosystèmes agricoles.
Un engagement politique et législatif renforcé
Face à cette menace croissante, l’Unaf a multiplié les alertes auprès des pouvoirs publics, plaidant pour une réponse coordonnée et efficace. « Depuis plusieurs années, l’Unaf alerte sur l’ampleur de cette menace et la nécessité d’une réponse coordonnée. Ce texte répare un vide législatif qui a trop longtemps laissé les apiculteurs seuls face à cette crise », déclare Christian Pons, président de l’Unaf. Patrick Granziera, administrateur de l’Unaf et apiculteur professionnel dans le Lot-et-Garonne, ajoute : « Ce vote est une victoire pour l’apiculture française et pour la biodiversité. Nous attendons désormais des décrets d’application ambitieux et des moyens financiers à la hauteur de la prédation ».
Un plan national de lutte structuré et évolutif
Cette nouvelle législation prévoit un plan national de lutte contre le frelon asiatique, avec des actions concertées et un financement dédié à la prévention et au piégeage. Ce dispositif s’appuie sur les efforts de Fredon France (OVS Végétal) et GDS France (OVS Animal), en collaboration avec InterApi, l’interprofession des produits de la ruche. L’objectif est de mettre en œuvre une approche scientifique et concertée, adaptée aux réalités du terrain.
Le plan national repose sur trois axes prioritaires :
- Préserver les ruchers et l’activité apicole : mise en place d’un piégeage raisonné et de mesures de protection spécifiques pour les apiculteurs.
- Préserver la biodiversité : suivi rigoureux et interventions ciblées pour la détection et la destruction des nids.
- Protéger les populations humaines : en encadrant strictement les méthodes de lutte pour éviter les impacts négatifs sur l’environnement.
Charge ensuite au préfet de décliner ce plan national en l’adaptant à son département. Le texte prévoit aussi l’instauration d’un système d’indemnisation des exploitants qui subissent des pertes économiques à cause du frelon asiatique. Un décret devra préciser les conditions d’application de la loi, et les oppositions ont pointé un manque d’ambition.
Une mobilisation collective essentielle
Les collectivités, les apiculteurs et les citoyens sont invités à se mobiliser en s’informant sur les bonnes pratiques de lutte contre cette espèce invasive. La collaboration entre professionnels, chercheurs et pouvoirs publics est essentielle pour assurer une gestion efficace et durable du problème.
L’Unaf reste engagée aux côtés des apiculteurs et des décideurs publics pour que l’État assume pleinement son rôle dans cette lutte cruciale pour la protection des pollinisateurs et, par extension, de l’ensemble des écosystèmes français.