Une chaîne TV sur le vin en France

Elle est diffusée depuis le 15 décembre dernier au Luxembourg, où ses dirigeants ont été contraints de l'installer suite au refus de conventionnement décidé par un CSA inflexible. Edonys, la chaîne de télévision sur la vigne et le vin, va cependant pouvoir être regardée en France, à partir du 23 juillet, via les réseaux ADSL et mobiles sur le bouquet de base de SFR, canal 2013. Ses concepteurs ne cachent pas leur satisfaction. Le projet Edonys avait été retoqué en 2010 par le CSA, en raison notamment de dégustations de vins commentées prévues dans les programmes. Ce rejet avait été suivi d'une longue bataille judiciaire, Edonys attaquant la décision du CSA devant le Conseil d'Etat et demandant également l'annulation de la convention accordée par le CSA à un projet rival, Deovino. Laquelle sera effectivement annulée.
Aujourd'hui Edonys est une chaîne européenne, pouvant être distribuée "dans tous les pays de l'UE et en Suisse en vertu de la directive Télévision sans frontières", expliquent ses dirigeants. Le public français va pouvoir donc découvrir la chaîne et ce concept d'émission de dégustations à laquelle le téléspectateur peut participer par SMS ou Twitter. "Autour d'un thème, nous faisons déguster des vins à une dégustatrice professionnelle (Karine Valentin journaliste à Cuisine et Vins de France) et à un amateur. La dégustation est scénarisée et décomplexée", explique Jean-Michel Peyronnet, présentateur et rédacteur en chef. Les responsables d'Edonys le savent : "ils sont attendus au tournant" et le CSA veille. "Nous ne voulons pas faire de provocation, nous allons parler de consommation intelligente, responsable. Nous travaillons d'ailleurs avec Vin et Société et nous diffusons leurs programmes de prévention", poursuit le journaliste.

Pédagogie et patrimoine

"Faire découvrir et redécouvrir le vin dans tous ses états" tel est le but de la chaîne, dans un esprit de pédagogie, de défense du patrimoine viticole, en portant "les valeurs de partage, de travail et de convivialité". Au fil de sa grille des programmes, des dégustations donc mais aussi des documentaires, des portraits de vignerons, des débats, des masterclasses axées sur un cépage, une AOC, un terroir, en France et ailleurs. "Nous prévoyons de réaliser des émissions sur les foires aux vins, sur la Toscane où une nouvelle appellation vient de naître, sur l'Argentine, sur le Val de Loire... Nous venons d'ailleurs de tourner une dégustation sur Vouvray, récemment touché par la grêle, et Montlouis", détaille Jean-Michel Peyronnet.

Les dirigeants de la chaîne disposent sur le bouquet de base de SFR d'un potentiel de 3,3 millions d'abonnés. Mais ils comptent séduire d'autres opérateurs en France, et poursuivre leur développement en Europe. "Edonys devrait être diffusée sur mobiles en Belgique et en Suisse dans les prochaines semaines, confie le rédacteur en chef. Dans quelques mois, nous prévoyons aussi une diffusion en anglais pour les marchés anglo-saxons." La chaîne ciblera également nos voisins, l'Espagne et l'Italie, grands producteurs de vins et où la culture viticole s'épanouit librement. Les dirigeants d'Edonys ont ensuite l'ambition de conquérir des marchés plus lointains, comme la Chine : "Nous avons engagé une collaboratrice chinoise dans notre équipe et nous avons commencé à travailler sur l'adaptation de nos programmes en chinois". A suivre donc...

Déconnecter la loi Evin !

La loi Evin est-elle aujourd'hui complètement déconnectée de la réalité ? En ce début de XXIe siècle, il semblerait que oui tant Internet, réseau international de communication, vient aujourd'hui révolutionner le paysage audiovisuel français (après les médias écrits, la musique, la radio...). Les générations "digital native" - natifs du numérique -  nées avec Internet consomment chaque jour plus de vidéos en ligne, partout (avec les tablettes et smartphones), tout le temps, principalement sur de grandes plateformes de diffusion de vidéos comme Youtube (Google) ou Dailymotion (Orange). Le contenu y est international. Du coup, la loi Evin devient obsolète. De nombreuses vidéos faisant la promotion de marques de vin sont disponibles et visibles... Réglementer Internet - selon une loi franco-française - parait également utopique puisque le web est construit désormais par tous. Les citoyens sont chaque jour plus nombreux à produire et partager des contenus sur le Web. C'est d'ailleurs ainsi que la jeunesse créé et diffuse massivement ses propres contenus. Une liberté bienvenue mais nouvelle pour notre pays, habitué de longue date à encadrer les médias de masse. Sauf qu’aujourd’hui, impossible de réglementer cette masse (citoyenne) de médias sous peine d'être assimilé à un régime totalitaire limitant la liberté de penser et de s'exprimer. La loi Evin est donc symbolique d'une France moraliste d'arrière garde à l'heure de la globalisation des échanges. Les professionnels viticoles devraient bientôt donc retrouver leurs libertés...
Cédric Michelin