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Cru saint-véran

Une communication à 360°

Mardi 27 septembre à Chasselas, une centaine de producteurs du cru saint-véran se réunissait. Les thèmes étaient nombreux à l’ordre du jour
de l’assemblée générale, allant de l’économie –avec une augmentation
des stocks–, en passant par le dossier 1ers crus jusqu’à la fête au
Château en l’honneur, une nouvelle fois des 40 ans de l’appellation.
Par Publié par Cédric Michelin
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Le bureau du cru s’est profondément renouvelé ces dernières années au cru saint-véran, intégrant des viticulteurs au parcours divers et variés. Une nouvelle organisation se met donc en place, avec la création d’un bureau et de nombreuses commissions. Depuis la dernière assemblée générale de novembre dernier, l’ODG a adhéré à la CAVB (Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne), tout en gardant son animatrice, Agnès Lauriot, pour l’administration du cru. Surtout le cru a brillamment réussi ses 40 ans (2.500 visiteurs), tout en équilibrant cette ligne de compte (100.000 € de budget), dixit le trésorier, Lucien Thomas (Domaine de la Feuillarde à Prissé).
Les retombées médiatiques et économiques ont été et seront encore nombreuses à l’avenir. Président de l’ODG, Thierry Nouvel (Domaine la Source des fées à Fuissé) soulignait également le moment « fort et fédérateur » que fut le dîner des viticulteurs le samedi soir.
Après le vote du budget, il posait la question de la base de la cotisation (inchangée à 1,20€/hl pour 2011) : « nous sommes la seule appellation en Bourgogne encore à l’hectolitre ». Le Conseil d’administration souhaite passer à l’hectare pour avoir « un budget annuel qui ne varierait plus en fonction de la production ». Certains viticulteurs dans la salle semblait préférer le statu quo, arguant que « l’hectolitre est plus juste, avec la grêle par exemple », qui est pourtant assurable.

Communication, négoce et export



Thierry Nouvel note que le secteur vinicole est « hyper concurrentiel » et le cru se doit de mettre en place « une communication linéaire et constante ». Le saint-véran réfléchi également à d’autres solutions pour vendre plus et permettre d’améliorer les marges. Pour se faire, en plus du dossier des 1ers crus qui avance, l’ODG recherche à simplifier l’obtention d’une carte de négoce, « avec des contacts avec la FNEB (Fédération des Syndicats de Négociants-Eleveurs de Grande Bourgogne) », pour les viticulteurs désireux. Cette recherche va de pair avec le développement des ventes Exports. En charge de ce nouveau axe, Gabriel Potier se présentait comme ayant fait des études de commerce international et de langues, après avoir vécu à l’étranger et travailler chez Vino-média (agence de communication spécialisée dans le vin). « Je travaillerai sur l’analyse de l’appellation, par catégories de structures, pour identifier vos forces. Ensuite, je vous proposerai des solutions concrètes selon les circuits de vente et leurs débouchés potentiels », expliquait-il.

Consolider la communication numérique



Vice-président, Florent Rouve (Domaine des Poncétys à Davayé) annonçait « la finalisation » du site internet vitrine, fait pour communiquer vers les prescripteurs et le grand public. Conceptrice du site, Caroline Bachelet –de l’agence de communication Ecrivin à Beaune– expliquait les autres fonctionnalités et en particulier l’espace web réservé aux adhérents pour communiquer avec l’ODG et avec leurs clients (lettre électronique, espace viticulteur…).
Tout ceci va dans le sens de la « mobilisation collective pour organiser des manifestations d’envergure », expliquait Christophe Sapet (Château de Davayé), Secrétaire de l’ODG. Un outil aussi pour les journalistes et certainement pour l’agence de relation presse, dont le contrat est maintenu. Enfin, la communication événementielle se déclinera autour de l’œnotourisme.

Formater ses tarifs



Thierry Nouvel concluait sur les orientations pour la campagne 2011-2012. Le BIVB analyse « nos coûts de revient bouteille en fonction des exploitations ». Ces chiffres devraient permettre de mieux cibler les marchés, formater les tarifs (exports, cavistes, caves…) et surtout « ne plus vendre à perte et augmenter la marge nette ». De nouvelles cuvées et noms de climats devraient naître alors. D’autres formes de packaging ou flaconnages (bouteilles de 50cl pour les restaurants) aussi. L’objectif est donc pour l’ODG de « continuer de montrer nos savoir-faire tant à la vigne, qu’en vinification, qu’en gestion, qu’à la vente ». Une communication à 360° donc…


Des manquants inquiétants








Vice-président de l’ODG en charge de la commission technique, Jérôme Jeandin (viticulteur des Vignerons des Terres Secrètes) présentait le bilan des contrôles vignes et cuveries. Les visites de chais (décembre 2010) ont remarqué quelques absences de procédure de nettoyage du circuit d’embouteillage et du matériel de conditionnement, absence d’hygrométrie et/ou thermomètre, non respect des règles d’étiquetage… « Ces deux dernières règles devraient sauter dans le prochain cahier des charges », indiquait avec précaution Agnès Lauriot. Une proposition de cahier des charges est en effet transmis au Ministère mais pas validé. « N’oublions jamais que ce n’est qu’un contrôle INTERNE, apportant un regard extérieur pour améliorer son exploitation », rappelait Florent Rouve.


Du côté des visites de vignes, Jérôme Jeandin avouait que la commission a été « prise de vitesse par la sécheresse » décalant les visites à l’été 2011. « Une dizaine de parcelles présentait un taux de pieds morts ou manquants supérieur à 20 % », notait-il, le reste étant des problèmes d’enherbement, une charge élevée, un peu d’oïdium sur le secteur de la côte rôtie et des ceps morts laissés en bout de rang… « Sur les manquants, on a plus besoin de déclarer à l’Inao des vignes présentant plus de 20 % de manquants. Par contre, on doit tenir un registre de plantation annuel », rappelait Jérôme Jeandin. L’Esca tracasse toujours la filière, sans solution, ce qui en fait « la bête noire » de la vigne.




VSI, RMD et VCI expérimental




L’Inao de Mâcon présentait succinctement le VSI (Volume substituable individuel), le RMD (Rendement moyen décennal) et le VCI (Volume complémentaire individuel) qui n’est encore « qu’expérimental ».


Le VSI est le volume se situant entre le rendement autorisé et le rendement butoir. En saint-véran, pour le millésime 2011 par exemple, « il permet de produire 4hl/ha en plus de ce millésime à condition de détruire l’équivalent en vins d’un autre millésime ». Le but étant de valoriser un millésime à forte valeur ajoutée. Cela peut être aussi plusieurs millésimes détruits pour « rafraîchir votre cave » et liquider des stocks encombrants. Mais attention, la destruction doit intervenir avant le 31 juillet 2012 dans cet exemple, en notifiant à l’Inao les quantités du millésime détruit.


Pour sa part, le RMD est une gestion collective sous la responsabilité de l’ODG. En prenant les rendements annuels, « il faut avoir une année déficitaire pour avoir des crédits ». Concrètement, une année à 64 hl/ha, si la conjoncture n’est pas favorable, l’ODG peut décider pour tous les producteurs de ne faire que 61 hl/ha, donnant ainsi dans ce cas, un crédit futur de 3hl/ha à utiliser dans les dix années qui suivent, pour un millésime mieux valorisé sur les marchés. Cette solution ne semblait pas satisfaire la salle : « ça ne peut pas marcher. Ce ne peut être qu’une décision individuelle ! », s’exclamait la salle.


Le VCI, en expérimentation dans d’autres départements viticoles, est justement un système de gestion individuel, qui pourrait remplir ce rôle.





Dossier des 1ers crus



Pour la commission 1ers crus, Pierre Beaubernard (Domaine de la Batie à Saint-Véran) a récemment repris le dossier. La commission Inao doit valider le 7 octobre prochain le dossier pour ensuite nommer des enquêteurs terrains. Sabine Edelli, de l’Inao Mâcon, suit le dossier. « On nous a surtout demandé de reconnaître l’existant ». Suite à la parution d’un article, le doute était permis mais pour l’heure, pas question d’abandonner les machines à vendanger ou d’une quelconque redéfinition de l’aire de production.


Thierry Nouvel insistait sur le fait que la « commission d’enquête est sensible à votre volonté ». En bref, les enquêteurs veulent une adhésion à la démarche pour permettre de passer des noms de climats en premiers crus. La revendication en nom de climat devrait dépasser les 20% des volumes produits pour ce millésime, contre 15 % précédemment.





Des stocks en forte hausse



Christophe Sapet revenait sur la santé technico économique du cru (697 ha de vignes, 229 caves particulières, 6 coopératives). 40.283 hl de saint-véran ont été produits en 2010, soit une baisse « sensible » de la récolte (43.561 hl en 2009). Cela représente 5,37 millions de bouteilles, commercialisé à 56 % par les caves particulières. Les sortis propriétés sont en hausse mais n’empêchent pas « une remontée en flèche des stocks » à 43.000 hl contre un peu moins de 16.000 hl il y a peu. Ce stock représente désormais 13,6 mois de vente (contre 6,9 en 2009).


Le rendement moyen a été de 57,8 hl/ha. « C’est un argument qualitatif a développé pour les premiers crus », estimait Christophe Sapet.


Le président de l’ODG revenait sur le critère Stock « à surveiller » qui est « lié à la conjoncture économique » mais qui doit, selon lui, inciter à « maximiser les opérations de communication autour de notre AOC » en espérant commercer derrière. Pour preuve, les stocks négoces sont restés « stables et bas » (12.892 hl). Les transactions vrac ont légèrement remontées pour tous les millésimes, avec une activité négoce jugée « faible ». Le prix de la pièce de saint-véran est revenu à son niveau de 2009, « prix encore valorisant ».


Pour comparer avec d’autres AOC voisines, les sorties propriétés diminuent en pouilly-vinzelles, pouilly-fuissé, pouilly-loché et sont stables en viré-clessé. Le nombre de mois de stock en pouilly a tendance à augmenter mais avec une courbe moins marquée. Les cours des vins sont stables en viré-clessé mais se dégradent en pouilly.


Enfin, les ventes de saint-véran en Grande Distribution (GD) ont profité de la bonne visibilité catalogues lors des dernières foires aux vins, permettant d’augmenter en valeur et en volume. La progression a été bonne en Ile-de-France, en Bourgogne-Franche-Comté. Une baisse a été enregistrée sur la région Lyonnaise. « Nous sommes peu présents dans les catalogues cette année », s’inquiétait aussi Christophe Sapet.


En GD anglaise, la chute est brutale (-46 % en volume) en un an, due essentiellement à une conjoncture économico-financière morose, couplée à des plans de rigueur.



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