Gaec de la Chèvre de Russilly
Une conduite herbagère originale
Perché sur les hauteurs arides de la côte chalonnaise, le Gaec de la Chèvre de Russilly perpétue un système de pâturage caprin original. Conduites tous les jours “en parcours”, les chèvres ont un régime alimentaire très diversifié. Grâce au pâturage, aux fourrages récoltés et aux céréales autoconsommées, les deux associés parviennent à optimiser leur coût alimentaire et même leur rendement fromager.
Le Gaec de la Chèvre de Russilly est composé de deux associés : Laurent Descombin et Philibert Gonot. L’exploitation couvre 76 hectares sur les hauteurs de Givry. Les deux associés élèvent une quinzaine de vaches charolaises ainsi que 80 à 90 chèvres, dont le lait est transformé en fromages pour la vente directe. Située sur des terrains argilo-calcaires séchants surplombant le vignoble, la ferme compte une dizaine d’hectares de cultures céréalières, 16 hectares de prairies temporaires et 50 hectares de prairies naturelles. La surface en herbe a la particularité de compter 17 hectares de pelouses sèches classées en Natura 2000. « Dans notre système extensif, cela n’est pas très contraignant pour nous », reconnaissent les deux associés. Ces surfaces aidées compensent le faible DPU (environ 100 € de l’hectare) de l’exploitation. « Ce sont des zones où nous intervenons peu. Nous ne mettons jamais d’engrais, très peu de fumier. On broie juste les refus », explique Laurent. Le classement en zone Natura 2000 fixe des dates pour le pâturage : sortie des animaux des parcelles avant le 1er janvier et lâché à partir du 15 avril, sachant que l’herbe n’y pousse guère avant le 25 avril, fait remarquer l’éleveur.
Sur cette exploitation caprine, dont l’origine remonte au début des années soixante, le pâturage a toujours été de mise. Au début du printemps, les chèvres sortent d’abord sur deux ou trois parcelles situées près de l’exploitation. Ensuite, elles accèdent à une prairie unique pour le reste de la saison.
Deux heures de “parcours” par jour
A la pleine saison de pâturage, le troupeau a droit à une à deux heures de « parcours journalier ». Concrètement, deux heures avant la traite du soir, les éleveurs vont chercher leurs chèvres dans leur parcelle de pâture principale pour les conduire sur d’autres herbages sous leur contrôle. Le troupeau est ainsi mené « en parcours » essentiellement sur les prairies sèches de la zone Natura 2000. Cette technique de conduite a pour effet de stimuler l’appétit des chèvres en lactation. Car lorsqu’elles restent dans un même pré, elles finissent en quelque sorte par se lasser et cessent de brouter passé une certaine heure. C’est encore plus vrai en fin de gestation lorsque le fœtus appuie sur la panse du petit ruminant. « La chèvre a besoin de stimulation. En hiver, on lui donne trois repas pour la forcer à manger », expliquent les associés.
Alimentation diversifiée
La chèvre est aussi un animal qui aime crapahuter pour chercher sa nourriture. Sur les hauteurs de la côte chalonnaise, les terrains caillouteux ou escarpés dont la végétation est clairsemée et buissonnante leur conviennent parfaitement. « Ces parcours permettent de diversifier leur alimentation. Au printemps, les chèvres mangent des fleurs, des bourgeons d’arbustes, du lierre, des écorces, de la mousse… En automne, elles profitent des fruits (mûres, poires sauvages, prunelles, églantines…) et autres glands, noisettes… Cette alimentation apporte des vitamines et des oligo-éléments différents de ce qu’elles trouvent dans les pâtures. On diminue ainsi les risques de carence », explique Laurent.
Le plus surprenant, c’est que ce régime se ressent directement sur le lait et la qualité des fromages. Parfum de fleurs au printemps ; senteur de noisette en automne, détaillent les associés. « Les ligneux, les aliments fibreux qu’elles ingèrent ont même la propriété de faire augmenter le rendement fromager. On le voit tous les ans à la différence de textures de nos fromages », confie Philibert.
Vingt minutes dans la luzerne
Pour une bonne conduite en parcours, « il faut apprendre à connaître son environnement, connaître les périodes, savoir ce qu’elles mangent… ». Les deux éleveurs ne mènent jamais leurs chèvres au même endroit, toujours dans le but de diversifier les ressources. D’une durée quotidienne d’une heure et demie en moyenne, ce temps de parcours n’est pas pesant pour Philibert et Laurent. Ils le vivent comme un temps de détente, l’occasion de souffler tout en observant le troupeau. Retraité, le père de Philibert assure parfois la garde.
En fin d’année, même si les chèvres ne pâturent plus à proprement parler, le Gaec les sort tout de même un peu sur ces parcours.
La conduite en parcours permet aussi de faire manger - de façon contrôlée - de la luzerne sur des prairies temporaires en fin d’année. « On les passe vingt minutes dans des jeunes pousses de luzerne en faisant attention », explique Laurent.
Avec leur conduite de pâturage, au début du printemps, Philibert et Laurent distribuent 200 grammes de correcteur azoté par jour et par chèvre plus 700 grammes de céréales autoproduites. En approchant du mois de mai, la complémentation diminue et finit toujours par être stoppée à un moment ou à un autre.
Complémentarité avec les bovins
A l’avenir, le Gaec envisage d’instaurer un pâturage tournant alternant chèvres et vaches. De retour d’une formation herbagère dispensée par la chambre d’agriculture, Laurent se dit que la présence de vaches sur l’exploitation est un atout sous-exploité. Les chèvres étant très difficiles, les vaches nettoieraient en quelque sorte les parcelles et ce serait également bénéfique sur le plan sanitaire.
Depuis deux ans, les deux éleveurs implantent des couverts associés en prairies temporaires (luzerne/dactyle ; luzerne fétuque ; trèfle/ray-grass). Des mélanges qui se veulent « autofertilisants », justifie Laurent. Depuis l’an dernier, le Gaec essaie d’enrubanner la première coupe de bonne heure, avant le 15 mai, de sorte que des repousses interviennent derrière pour assurer plusieurs récoltes de foin pour les chèvres. L’enrubannage est destiné aux vaches dont la production est désormais engraissée. Cette approche permet d’optimiser la qualité des fourrages pour les deux type de ruminants.
Bons résultats économiques
Récemment, les deux associés du Gaec ont participé à une formation “Coût de production” animée par Saône-et-Loire Conseil Elevage et la chambre d’agriculture. Cette session leur a fait découvrir que leurs chiffres étaient meilleurs qu’ils ne le pensaient. Leur coût alimentaire est ainsi inférieur à 100 € des 1.000 litres de lait produit, ce qui est très bas comparativement aux autres. L’étude de leur coût de production a également révélé que le rendement fromager de l’atelier était très élevé (entre 700 et 800 litres par chèvre). Philibert et Laurent l’attribuent à la génétique dans laquelle ils ont su investir, mais aussi à la qualité de l’alimentation dominée par le pâturage.
Au final, ces résultats économiques confortent les deux jeunes éleveurs dans leurs choix. Leur exploitation « qui n’est pas très grande semble pourtant pouvoir faire vivre deux associés », font remarquer Philibert et Laurent. Mieux : dans une production qui a la réputation d’être la plus astreignante de toutes, les deux associés, aidés d’une apprentie, parviennent à prendre un week-end sur deux et deux semaines de congés annuels. En prime, leur système herbager extensif, allié à la qualité de leurs fromages est un argument qui fait mouche face à une clientèle chalonnaise à portée de main.
Sur cette exploitation caprine, dont l’origine remonte au début des années soixante, le pâturage a toujours été de mise. Au début du printemps, les chèvres sortent d’abord sur deux ou trois parcelles situées près de l’exploitation. Ensuite, elles accèdent à une prairie unique pour le reste de la saison.
Deux heures de “parcours” par jour
A la pleine saison de pâturage, le troupeau a droit à une à deux heures de « parcours journalier ». Concrètement, deux heures avant la traite du soir, les éleveurs vont chercher leurs chèvres dans leur parcelle de pâture principale pour les conduire sur d’autres herbages sous leur contrôle. Le troupeau est ainsi mené « en parcours » essentiellement sur les prairies sèches de la zone Natura 2000. Cette technique de conduite a pour effet de stimuler l’appétit des chèvres en lactation. Car lorsqu’elles restent dans un même pré, elles finissent en quelque sorte par se lasser et cessent de brouter passé une certaine heure. C’est encore plus vrai en fin de gestation lorsque le fœtus appuie sur la panse du petit ruminant. « La chèvre a besoin de stimulation. En hiver, on lui donne trois repas pour la forcer à manger », expliquent les associés.
Alimentation diversifiée
La chèvre est aussi un animal qui aime crapahuter pour chercher sa nourriture. Sur les hauteurs de la côte chalonnaise, les terrains caillouteux ou escarpés dont la végétation est clairsemée et buissonnante leur conviennent parfaitement. « Ces parcours permettent de diversifier leur alimentation. Au printemps, les chèvres mangent des fleurs, des bourgeons d’arbustes, du lierre, des écorces, de la mousse… En automne, elles profitent des fruits (mûres, poires sauvages, prunelles, églantines…) et autres glands, noisettes… Cette alimentation apporte des vitamines et des oligo-éléments différents de ce qu’elles trouvent dans les pâtures. On diminue ainsi les risques de carence », explique Laurent.
Le plus surprenant, c’est que ce régime se ressent directement sur le lait et la qualité des fromages. Parfum de fleurs au printemps ; senteur de noisette en automne, détaillent les associés. « Les ligneux, les aliments fibreux qu’elles ingèrent ont même la propriété de faire augmenter le rendement fromager. On le voit tous les ans à la différence de textures de nos fromages », confie Philibert.
Vingt minutes dans la luzerne
Pour une bonne conduite en parcours, « il faut apprendre à connaître son environnement, connaître les périodes, savoir ce qu’elles mangent… ». Les deux éleveurs ne mènent jamais leurs chèvres au même endroit, toujours dans le but de diversifier les ressources. D’une durée quotidienne d’une heure et demie en moyenne, ce temps de parcours n’est pas pesant pour Philibert et Laurent. Ils le vivent comme un temps de détente, l’occasion de souffler tout en observant le troupeau. Retraité, le père de Philibert assure parfois la garde.
En fin d’année, même si les chèvres ne pâturent plus à proprement parler, le Gaec les sort tout de même un peu sur ces parcours.
La conduite en parcours permet aussi de faire manger - de façon contrôlée - de la luzerne sur des prairies temporaires en fin d’année. « On les passe vingt minutes dans des jeunes pousses de luzerne en faisant attention », explique Laurent.
Avec leur conduite de pâturage, au début du printemps, Philibert et Laurent distribuent 200 grammes de correcteur azoté par jour et par chèvre plus 700 grammes de céréales autoproduites. En approchant du mois de mai, la complémentation diminue et finit toujours par être stoppée à un moment ou à un autre.
Complémentarité avec les bovins
A l’avenir, le Gaec envisage d’instaurer un pâturage tournant alternant chèvres et vaches. De retour d’une formation herbagère dispensée par la chambre d’agriculture, Laurent se dit que la présence de vaches sur l’exploitation est un atout sous-exploité. Les chèvres étant très difficiles, les vaches nettoieraient en quelque sorte les parcelles et ce serait également bénéfique sur le plan sanitaire.
Depuis deux ans, les deux éleveurs implantent des couverts associés en prairies temporaires (luzerne/dactyle ; luzerne fétuque ; trèfle/ray-grass). Des mélanges qui se veulent « autofertilisants », justifie Laurent. Depuis l’an dernier, le Gaec essaie d’enrubanner la première coupe de bonne heure, avant le 15 mai, de sorte que des repousses interviennent derrière pour assurer plusieurs récoltes de foin pour les chèvres. L’enrubannage est destiné aux vaches dont la production est désormais engraissée. Cette approche permet d’optimiser la qualité des fourrages pour les deux type de ruminants.
Bons résultats économiques
Récemment, les deux associés du Gaec ont participé à une formation “Coût de production” animée par Saône-et-Loire Conseil Elevage et la chambre d’agriculture. Cette session leur a fait découvrir que leurs chiffres étaient meilleurs qu’ils ne le pensaient. Leur coût alimentaire est ainsi inférieur à 100 € des 1.000 litres de lait produit, ce qui est très bas comparativement aux autres. L’étude de leur coût de production a également révélé que le rendement fromager de l’atelier était très élevé (entre 700 et 800 litres par chèvre). Philibert et Laurent l’attribuent à la génétique dans laquelle ils ont su investir, mais aussi à la qualité de l’alimentation dominée par le pâturage.
Au final, ces résultats économiques confortent les deux jeunes éleveurs dans leurs choix. Leur exploitation « qui n’est pas très grande semble pourtant pouvoir faire vivre deux associés », font remarquer Philibert et Laurent. Mieux : dans une production qui a la réputation d’être la plus astreignante de toutes, les deux associés, aidés d’une apprentie, parviennent à prendre un week-end sur deux et deux semaines de congés annuels. En prime, leur système herbager extensif, allié à la qualité de leurs fromages est un argument qui fait mouche face à une clientèle chalonnaise à portée de main.