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Prix agroalimentaire

Une construction du prix plus vertueuse

Dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation, et de la loi qui en découle, la FNSEA et JA ont défendu un dispositif global afin de mieux répartir la valeur et améliorer la rémunération des producteurs. Pour cela, les deux organisations ont œuvré pour inverser la construction du prix, relever le seuil de revente à perte (SRP) et encadrer les promotions.

Par Publié par Cédric Michelin
Une construction du prix plus vertueuse

Le prix des denrées alimentaires se trouve être très volatile et actuellement la rémunération des agriculteurs qui en découle est jugée comme injuste. Il faut tout d’abord noter que cette volatilité est principalement due à l’instabilité du prix des matières premières agricoles. La construction du prix est aussi problématique. Avec le système actuel quand on dépense 100 euros pour acheter des denrées alimentaires seulement 6,50 € reviennent aux agriculteurs. Cette question du prix et de la rémunération s’est retrouvée au cœur des discussions lors de la tenue des Etats Généraux de l’Alimentation (EGA). La Loi qui en a découlé a été promulguée le 1er novembre 2018.  La FNSEA et JA ont œuvré pour défendre une inversion de la construction du prix afin, notamment, que les coûts de production des agriculteurs puissent être pris en compte.

Construction du prix en marche avant 

La loi « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentation saine et durable », ou loi EGalim, pour « assurer une juste rémunération aux producteurs », mieux répartir la valeur et améliorer les relations commerciales, sans trop impacter le pouvoir d’achat du consommateur, pose donc le principe d’une construction du prix en cascade partant du producteur, comme le défendait le monde agricole. La détermination du prix s’appuie désormais sur les coûts de production et les indicateurs de prix du marché. La loi incite les agriculteurs à développer la rédaction de contrats et à se regrouper en organisation de producteurs (OP), afin d’avoir une force de négociation plus importante et pour favoriser la concentration de l’offre. Les OP pourront négocier collectivement sur les prix et les volumes. Enfin, pour décourager les mauvaises pratiques, la loi renforce les sanctions en cas de non-respect des clauses contractuelles qu’elle prévoit. De manière à s’adapter aux évolutions des marchés, la renégociation des contrats est également facilitée. Cette loi, si elle est appliquée correctement par tous les acteurs, devrait donc s’avérer vertueuse, notamment pour les agriculteurs qui devraient retrouver une rémunération plus juste. Elle entrera en vigueur pour les négociations commerciales qui débuteront en octobre 2019.

Encadrement des promotions et relèvement du SRP 

Pour mettre fin aux braderies, courantes en grandes surfaces et qui entrainent une dévalorisation des produits agricoles, aux yeux des consommateurs et une baisse de rémunération des producteurs, la loi EGalim prévoit d’encadrer les promotions, une mesure défendue et portée par JA et par la FNSEA. Elles sont désormais limitées à 34 % en valeur et 25 % en volume. Toujours avec l’ambition de mettre fin à la guerre des prix sur les produits de grandes marques qui impactent l’ensemble des produits vendus en grandes surfaces et donc à l’ensemble des opérateurs de la chaîne de production, le loi EGAlim prévoit également, comme le demandaient la FNSEA et JA, d’expérimenter, à compter du 1er janvier 2019, le relèvement du seuil de revente à perte (SRP). Pour attirer les consommateurs, de nombreux produits sont vendus avec une marge proche de 0 par les distributeurs. Pour préserver leur chiffre d’affaires, ces derniers augmentent leurs marges sur d’autres produits alimentaires sans pour autant que la valeur additionnelle créée arrive jusqu’au producteur. Depuis le début de l’année il s’établit désormais à 10 %, les grandes surfaces pourront donc désormais augmenter leurs marges en baissant la pression sur l’achat des produits agricoles. Une répartition plus équitable et vertueuses de la valeur doit donc en découler.