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Pousse printanière

Une course contre la montre !

Au printemps, la reprise de végétation au niveau d’une prairie prend des allures de course contre la montre. En quelques semaines, la production herbagère augmente de façon exponentielle. C’est aux alentours de ce pic de production qu’il ne faut rien laisser perdre.
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« Pour redémarrer, la graminée puise dans ses réserves racinaires afin de reconstituer son système foliaire. Avec l’apparition d’une première feuille, la photosynthèse repart et entraine un accroissement de biomasse. La plante arrête alors de puiser dans ses réserves ; le système racinaire s’enrichit à nouveau et la pousse continue. Ce processus nécessite de la chaleur (somme de températures journalières) et il ne peut se faire trop souvent sans épuiser la plante », explique Eric Braconnier, de la chambre d’agriculture. La graminée entre ensuite en tallage. « Plus le nombre de talles qui se mettent en place est important, plus le potentiel de production de la prairie est élevé. Il est donc important de bien laisser le temps à la prairie de taller et l’azote doit être apporté avant cette phase cruciale. Le tallage s’arrête lorsque l’épi commence à monter dans la tige. Donc plus les graminées sont pâturées (plus les épis sont broutés) et plus elles font de talles ».

« Moins on l’exploite, moins elle produit »


La graminée produit une, deux, trois feuilles et lorsque la quatrième arrive, la première meurt, et ainsi de suite. La graminée conservera ainsi toujours trois feuilles par tige, quelle que soit la hauteur. Conséquence : plus on laisse monter la hauteur d’herbe, moins il y a de valeur. « Au pâturage, la hauteur d’herbe idéale se situe entre 5 et 12 cm. Au bout de 40 jours , la feuille qui n’a pas été consommée meurt. L’épi des graminées sort en mai et fleurit en juin. Huit à 10 jours jours après, il graine. Fin juin, les graines tombent au sol et un nouveau cycle de pousse démarre. Ce qu’il faut retenir de ce cycle de l’herbe, c’est que moins on s’en sert, moins on en a. Plus on la fait pâturer, plus elle produit », synthétise Eric Braconnier.

Gérer le pic de production


La production d’herbe quotidienne d’une prairie suit une courbe en cloche dont le pic est atteint au mois de mai. De cette production quotidienne, il est possible de déduire un « stock d’avance » qui dépend aussi de la croissance que l’on souhaite faire accomplir aux animaux. La courbe diffère selon la précocité de la flore. C’est à ce pic de pousse que le pilotage du pâturage est le plus crucial. « Des taurillons d’herbe, par exemple, ont cet avantage d'exploiter l'herbe en pleine pousse, ce qui leur permet de réaliser de très bons GMQ en exploitant le cycle naturel de l’herbe », fait remarquer Eric Braconnier. Le pilotage passe par plusieurs leviers. « Pour arriver à un certain niveau de qualité de l’herbe, on serre. A l’inverse, on peut aussi décharger la parcelle. Et si une parcelle atteint une hauteur d’herbe trop importante, on la réserve pour la fauche », détaille le technicien.