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AOP

Une dérogation de fourrage pour l’AOP Mâconnais ?

Vendredi 23 septembre s’est tenue, à Clessé, l’Assemblée générale de l’Appellation d’origine protégée (AOP) des fromages mâconnais. L’occasion pour les producteurs locaux de faire le bilan de l’année 2021, mais aussi d’anticiper pour faire fleurir l’appellation.

Par Ariane Tilve
Une dérogation de fourrage pour l’AOP Mâconnais ?
Le président du Syndicat de défense du fromage mâconnais, Thierry Chevenet.

Comme pour la plupart des filières, 2021 a été une année compliquée pour les éleveurs caprins, entre Covid et météo capricieuse. D’autant plus que les matières premières n’ont cessé d’augmenter, à commencer par les céréales dont les prix ont doublé voire, triplé ces dernières années. L’alimentation reste au cœur des préoccupations pour 2022. « On a, dans le cahier des charges, des contraintes par rapport à l’alimentation en fourrage vert et à la quantité que l’on a le droit de distribuer. S’il y a un manque de fourrage, nous voudrions avoir la possibilité d’acheter de la luzerne déshydratée. À moins qu’il y ait une belle arrière-saison, ceux qui sont en pâture pure et dure auront des problèmes pour respecter le cahier des charges », explique le président du Syndicat de défense du fromage mâconnais AOP, Thierry Chevenet. Impossible, évidemment, de prédire la météo d’ici à la fin de l’année, mais pour demander une dérogation à l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), « c’est maintenant qu’il faut s’y prendre », comme l’a rappelé le représentant de l’institut à l’assemblée générale. D’autant plus que la demande de dérogation(s) doit être argumentée et justifiée aux yeux du contrôleur. Le président du Syndicat souhaite, pour sa part, déposer une demande en octobre afin d’être sûr de pouvoir en bénéficier, même si la météo se montre clémente cet automne et que la démarche s’avère, au final, inutile. « L’idée est de faire des demandes sur les points qui risquent de poser un problème à nos producteurs, en espérant que la fin de saison nous permettra de ne pas en avoir besoin, plutôt que de se retrouver avec des écarts sur les prochains audits qui seront, de surcroît, renforcés. »

Plus de contrôles

En 2021, il y a eu un contrôle externe, mais pas d’interne ni d’audit de l’Organisme de défense et de gestion (ODG), reporté en 2022, tout comme les commissions d’examens organoleptiques. Soumis à la législation européenne, l’INAO et Certipaq devraient renforcer les contrôles en 2022. Pour les filiales laitières, on passe de un à deux contrôles tous les trois ans. Pour les fermiers, cela passe de deux à six. Pas de modification en revanche pour les transformateurs, pas de changement pour les examens analytiques et organoleptiques. Pour s’aligner sur les normes européennes, quelles que soient les filières, 10 % de contrôles doivent être inopinés. Et si le producteur n’est pas présent lorsque le contrôleur se déplace, des dépenses sont tout de même facturées, précise l’INAO, qui doit en outre reprogrammer un contrôle. Ces frais de contrôles représentent une importante partie de la cotisation et ne varient que très peu en fonction de la production globale, qui a atteint en 2021 les 17 tonnes.

« Que l’on soit à 100, 200 ou 300 tonnes de production, le taux de participation global aux frais de contrôle ne change pratiquement pas », ajoute Thierry Chevenet. D’où l’intérêt de séduire de nouveaux adhérents pour réduire le montant de la cotisation de chacun. Actuellement, l’AOP Mâconnais compte deux producteurs laitiers, deux fermiers, deux transformateurs – affineurs et un fermier en installation. La vente de Mâconnais a progressé de 17 % en 2019-2020 mais, dans le même temps, le litrage n’a progressé que de 5 %. « On arrive à la limite de ce que l’on peut produire. Tous les laits ne peuvent pas être travaillés en AOP, il nous faut donc développer notre base de producteurs de façon à continuer à progresser. Le marché est demandeur de ces appellations très traditionalistes qui correspondent aux attentes sociétales du consommateur », insiste le président du Syndicat.