Une fatalité ?
des campagnes. Elle peint un scénario noir : certaines campagnes
pourraient devenir des espaces de relégation. Des propositions sont
faites pour renverser cette tendance. Passage en revue.
Ces campagnes risquent la désertification en continuant à perdre des emplois, des services publics et de santé et même des retraités. La révision générale des politiques publiques (RGPP) n’a pas arrangé le sort de ces campagnes avec la fermeture de services publics (hôpitaux, tribunaux d’instance…). En outre, les subsides européens s’attachent à encourager la compétitivité des territoires plutôt qu’à leur rattrapage. Enfin, les campagnes isolées sont encore acculées à dépenser davantage que les villes pour obtenir les mêmes services. Un exemple ? Alors que dans les métropoles, ce sont les opérateurs privés qui prennent en charge l’installation du haut débit, dans les campagnes –déjà appauvries–, ce sont les intercommunalités qui doivent mettre la main à la poche, dénonce Gérard Bailly, sénateur du Jura et agriculteur. Face à ce sombre tableau, que faire ?
Des solutions…
En terme de moyens pécuniaires, « nous ne demandons pas plus de moyens que les villes, mais des moyens identiques », plaide sans ambiguïté Nicole Nicoux, l’une des rapporteuses et sénatrice de la Creuse. « Néanmoins, des territoires exigent davantage d’efforts financiers pour contenir les handicaps géographiques », précise-t-elle. Ainsi, pour elle, l’une des solutions résiderait dans des dotations plus équilibrées entre les villes et les campagnes.
Les deux élus soulignent la nécessité du renforcement des intercommunalités pouvant regrouper des zones rurales et des zones urbaines.
Cela sera-t-il suffisant ? « Il faut être inventif, en mettant en place des services payés par les départements ». Surtout, il faut une véritable volonté politique. Et ce rapport doit justement servir de lobbying en amont de l’élaboration du projet de loi sur l’égalité des territoires dont doit se charger Cécile Duflot, une élue citadine...
Préconisations spéciales en agriculture
L’agriculture oubliée des campagnes ? C’est clairement le sentiment que donne ce rapport. Et les rapporteurs de rappeler qu’il ne s’agit que d’un document de travail… comme pour s’en excuser. Néanmoins, ils ont quand même des préconisations : le renforcement de la formation des agriculteurs, le soutien des filières locales grâce à la labellisation, le développement des productions à l’exportation, l’encouragement à la diversification de l’activité au-delà des seules productions et l’accompagnement des agriculteurs par des prêts à long terme.
Services écologiques rendus par les agriculteurs
Le rapport préconise leur rémunération
Dans son rapport, la Délégation à la prospective du Sénat émet des pistes de réflexion pour sauver une ruralité considérablement affectée. En jeu : appauvrissement, désertification accrue, baisse des infrastructures, fuite des entreprises, baisse du foncier agricole... Parmi leurs propositions, notamment en matière agricole, les sénateurs suggèrent ainsi de renforcer la formation des agriculteurs en vue d’adapter les exploitations à des exigences économiques et environnementales accrues, d’amplifier la recherche agronomique, de soutenir les filières territorialisées grâce à la labellisation et à des aides, de développer la promotion des produits à l’exportation, d’encourager les agriculteurs à diversifier leur activité au-delà de la seule production agricole et d’accompagner l’installation des agriculteurs par des prêts à long terme ou des aides. À la rubrique environnement, la délégation propose par ailleurs de « rémunérer certains services environnementaux et paysagers rendus par les agriculteurs » et de « limiter le nombre de prédateurs pour que l’élevage se poursuive dans les zones de montagne ».