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Vignoble de l'abbaye de Cluny

Une injustice réparée !

Samedi, sous le haut patronage de la Ville de Beaune, le Centre
d'histoire de la vigne et du vin (CHVV) a décerné le Prix Vergnette de
Lamotte à Edward Steeves pour reconnaître son éminente contribution au
développement de la recherche viti-vinicole en Bourgogne. Une première
pour le vignoble de Saône-et-Loire qui ainsi "répare une injustice".
Américain, négociant (Collin-Bourisset) et Académicien à Mâcon entre autres, Edward Steeves
publiera ses travaux –environ 250 pages, avec documents historiques et illustrations– en 2013 mais est d'ores-et-déjà félicité par les
sommités de la Faculté de Dijon.
Par Publié par Cédric Michelin
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« En commençant ce travail énorme en 2008, j'étais loin de penser que rien n'avait été écrit. Ma fierté mâconnaise fut piquée  ». La Saône-et-Loire peut tirer un grand coup de chapeau à Edward Steeves, le plus Bourguignon des Bostoniens. Après trois années à « se retrousser les manches » en latin classique et médiéval, ce franco-américain d'origine a ouvert la voie  et souhaite d'ailleurs que d'autres chercheurs étoffent son travail.
« Au jardin divin : l’ancien vignoble de l’abbaye de Cluny revisité » est en effet un sujet inédit, d’un intérêt considérable : l’histoire de l’ancien vignoble de la grande Abbaye de Cluny (909-910), dont on vient de fêter le mil centième anniversaire de la fondation. Cet ouvrage est pour le moins providentiel, car il va combler un vide. Étude à la fois très documentée et empreinte de sensibilité, c’est un véritable hymne au vignoble bourguignon et à son vin, à Cluny et à sa profonde spiritualité, avec l’évocation de l’autre grande abbaye bourguignonne, Cîteaux, déjà très sérieusement étudiée sur le plan de son illustre vignoble. Une ode à la volonté, au génie créateur et au long savoir-faire des moines, des hommes et des femmes de la riche terre viticole de la Bourgogne au cours des siècles. « L'abbatiale a reçu d'innombrables dons de terres et de vignes qui ont complètement disparu –transformés en bien public– après la révolution française ». « On ne peut pas ignorer ce vignoble dans l'histoire » qui manquait « à la grande mosaïque de la Bourgogne ». « L'injustice » va donc être « réparée ».
Ce livre est aussi « une reconnaissance pour tous les acteurs du commerce et de la production qui portent –le malheur– mais aussi le grand potentiel du vignoble mâconnais et clunysien ». Ce livre rejoint aussi le dossier de candidature auprès de l’Unesco pour la reconnaissance mondiale de nos « climats » : vin et culture, vin et spiritualité. Véritables éléments phares de notre civilisation occidentale, la vigne et le vin racontent en profondeur les terroirs et l’aventure humaine. Jean-Pierre Garcia partage ce prix 2012.



Interview



Le vignoble de l’abbaye de Cluny – qui a longtemps été le plus grand édifice religieux d’Europe jusqu’à la construction de Saint-Pierre de Rome – peut-il revivre selon vous ?

En fait, le vignoble de Cluny existe encore dans beaucoup d'endroits, surtout en Mâconnais (Fuissé, Igé, Clessé...) mais aussi en Chalonnais (Buxy) et en Côte-d'Or (Gevrey). Le seul manquant est finalement le Clunisois, mais pas totalement avec le vignoble de Bray.



En tant qu’Américain de souche mais Bourguignon de cœur, pensez-vous que cette histoire doit être largement rendu public, notamment sur les marchés historiques de la Bourgogne ?

Avec mon recul international, pas seulement américain, je pense que tous ceux qui s'intéressent réellement à l'histoire du vignoble bourguignon, ici et partout dans le monde, sont demandeurs de ce pan si riche et ancien de la grande et belle mosaïque viticole de la Bourgogne. C'est donc d'une importance historique indéniable.



La Côte d’Or a basé une partie de sa réussite sur une communication historique “maitrisée”, voir “amnésique” parfois, pensez vous personnellement que l’histoire du vignoble de Saône-et-Loire peut et doit s’inscrire dans cette valorisation, sans remettre en cause leurs travaux ?

Si vous parlez de la partialité des Côte-doriens pour la "Côte", en négligeant délibérément le Chalonnais, le Mâconnais et les Crus du Beaujolais, un virage est en train de se faire. Depuis déjà un ou deux ans au moins, le discours actuel des grands acteurs du négoce bourguignon (Jadot, Latour, Bouchard P&F, Drouhin...) est révélateur en ce sens, une réelle et sincère prise de conscience s'opère. Qui plus est, cette reconnaissance ne doit rien enlever à l'aura des vins réellement prestigieux de la "Côte", pour autant qu'elle soit bien articulée.



Qu’avez vous envie de dire ou rappelez aux Européens sur leurs territoires, terroirs et histoires ?

Que leurs terroirs viticoles sont uniques, de vrais bijoux, des modèles incontournables et qui font rêver... à condition de veiller encore et toujours à des productions authentiques et très soignées.









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