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Cédric Moreau à Saint-Eusèbe

Une maison chauffée avec le bois des haies

Disposant de nombreux kilomètres de haies à entretenir, Cédric Moreau a choisi d’installer une chaudière à plaquettes de bois en remplacement d’un chauffage au gaz. La production des haies de l’exploitation couvre largement de quoi chauffer une maison de 100 mètres carrés. Et la production de plaquettes combustibles s’avère moins contraignante que le broyage des haies.
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Eleveur allaitant à Saint-Eusèbe, Cédric Moreau s’est équipé d’une déchiqueteuse il y a un peu plus de deux ans. S’il avait déjà réfléchi à investir dans un chauffage à plaquettes de bois, c’est la sécheresse de 2011 et la pénurie de paille qui ont précipité ses projets. Le jeune éleveur a installé une chaudière à plaquettes de bois d’une puissance de 45 Kwa pour chauffer, dans un premier temps, la maison de sa grand-mère d’une surface de 100 mètres carrés.
Pour préparer son achat, Cédric dit s’être dûment documenté avant d’opter pour une marque de chaudière autrichienne. Les techniciens de la marque sont venus sur place pour l’étude du projet et la réalisation de l’installation a été confiée à un chauffagiste du village.
La famille Moreau a fait le choix d’installer sa chaufferie sous la surface du sol. Enterrée, la construction ne nécessite aucun permis de construire. C’est un avantage pour charger les plaquettes dans le silo de stockage. Il suffit de benner directement dedans après avoir ouvert la couverture amovible. Comme la chaufferie et la maison à chauffer se trouvent de part et d’autre d’une route, le fait que la première soit enterrée a permis de faire passer les tuyaux d’eau chaude sous la route.
Le silo en béton est un cube de 4 mètres de côté équipé en son fond d’un dessileur de même diamètre. Ce dessileur est une sorte d’hélice équipée de pales tournant au fond du silo et dirigeant les copeaux de bois vers une vis sans fin. Cette dernière achemine le combustible vers la chaudière située de l’autre côté du mur. La chaudière s’alimente automatiquement en plaquettes de bois. Elle consomme environ 100 MAP par an.

Moins coûteux que le gaz



Le coût global d’investissement s’élève à environ 26.000 €. Terrassement et maçonnerie ont été réalisés par Cédric et son père. Le surcoût devrait être récupéré au bout de 5 ou 6 ans du fait de l’économie de fonctionnement générée. Lorsque la maison de la grand-mère de Cédric était encore chauffée au gaz, il fallait débourser pas moins de 4.000 € par an en combustible fossile. En comparaison, le coût du broyage de 100 MAP de plaquettes de bois revient presque 1.200 € moins cher, calculent les techniciens. C’est cette économie annuelle qui assure à coup sûr ce retour sur investissement.
L’entretien de la chaudière se résume à un dépoussiérage ainsi qu’à un graissage des paliers des mécanismes.

Charmilles, frênes et acacias



Les 192 hectares de l’exploitation assureront aisément la ressource en bois déchiqueté. Certaines haies situées sur des reliefs accidentés étaient déjà exploitées en haie haute avec une récolte en bois bûche tous les 10 à 15 ans. D’autres haies ont cessé d’être broyées annuellement pour produire du bois. L’hiver dernier, en partenariat avec la communauté urbaine Creusot Montceau, la chambre d’agriculture est venue dresser un bilan des haies de l’exploitation. Ce travail a permis d’estimer le potentiel de production de ces haies et de donner des préconisations de gestion. La productivité de la haie dépend beaucoup des essences, indique Cédric. L’idéal est une haie de « charmilles, frênes et acacias ; des espèces qui poussent vite en perche ». Des chênes têtards à ébrancher sont susceptibles de fournir près de la moitié du stock de plaquettes annuel, fait remarquer l’éleveur. Ce dernier peut également compter sur des lisières de bois à élaguer.

De quoi fournir 90 m3 de plaquettes par an



Au total, le bilan a établi que l’exploitation disposait d’une trentaine de kilomètres de haie ; « c’est plus qu’il n’en faut », résume Cédric. « L’exploitation pourrait fournir jusqu’à 90 m3 de plaquettes par an sans entamer son capital », indique l’éleveur. De quoi chauffer bien plus que les 100 mètres carrés actuellement raccordés à la chaudière. A terme, Cédric prévoit d’étendre son chauffage à une partie locative supplémentaire. Le potentiel de production des haies permettrait également d’utiliser des plaquettes en litière en cas de pénurie de paille sur l’exploitation.
Pour la récolte annuelle de bois, il faut compter environ deux journées de travail à deux : une journée pour l’abattage à la tronçonneuse et une grosse demi-journée pour le déchiquetage. Cédric vient de s’équiper d’un grappin qui lui permettra d’alimenter la déchiqueteuse hydrauliquement à l’aide de sa mini pelle. Les plaquettes de bois obtenues sont bennées puis stockées en tas sous un hangar.


12 km de haie sur 92 ha



Située pour 92 hectares sur le territoire de la communauté urbaine Creusot Montceau, l’exploitation de Cédric Moreau a fait l’objet d’une étude de cas dans le cadre des travaux menés par Alain Desbrosses pour la communauté urbaine. L’écologue a ainsi calculé que la surface sur Saint-Eusèbe totalisait presque 12 kilomètres de haies à raison de 129 mètres par hectare. 9,6 km sont encore sous la forme de "bouchures basses" soit 81 % du linéaire. 8,9 km seraient disponibles à l’exploitation en plaquettes soit 66 MAP exploitables par an. A titre d’indication, le coût d’entretien annuel en haie basse (broyeur) est de 2.527 €, précise l’ingénieur.




Des mètres cubes faciles à trouver



« Les mètres cubes de plaquettes, on les trouve vite sur une ferme bocagère : ébranchage d’arbres, tête d’arbres laissée pour le bois bûche… 35 mètres cubes, c’est 35 perches de 20 cm de diamètre avec le branchage. C’est facile à trouver sur une exploitation et cela équivaut à une centaine de mètres de haie par an », estime Etienne Bourgy de la chambre d’agriculture de la Nièvre.





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