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Le sur-greffage

Une parade contre l’Esca ?

Le sur-greffage est une technique relativement rapide et somme toute
économique consistant à greffer un nouvel œil sur un porte-greffe sain
d’un cep atteint d’Esca, pour le régénérer. Zoom sur l'expérience conduite en Indre-et-Loire.
Par Publié par Cédric Michelin
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En Touraine, Damien Bruneau, vigneron de Saint-Nicolas-de-Bourgueil, a pratiqué le sur-greffage de vignes atteintes d’Esca après avoir suivi une formation de la chambre d’agriculture d'Indre-et-Loire. Six mois plus tard, comme ont pu le constater les viticulteurs présents à une visite organisée par la chambre, la greffe a pris une fois sur deux. C’est un début et le vigneron compte bien poursuivre dans cette voie en dépit du temps passé. Il faut dire que le sur-greffage présente bien des avantages : pas d’achat de plants, pas d’arrosages à prévoir et une nouvelle récolte deux ans après, au lieu de cinq à six ans avec un complant. Financièrement, le vigneron sur-greffeur s’y retrouve comme le démontrait la technicienne viticole, Adeline Mallet, calculette en main. « Sur une période de onze jours, Damien et son salarié ont eu un rendement quotidien de 30 ceps surgreffés et 60 ceps sciés. Le coût de temps de travail est estimé à 1.600 € (sur la base du Smic horaire) pour 970 ceps, soit 1,65 €/cep (cas n°1 et 2 de l’encadré) ». Pour les ceps arrachés, complantés (cas n°3), le coût des 300 ceps complantés est évalué à 3.000 €, soit à 10 € par cep (comprenant l’ensemble des dépenses et le temps). « Si Damien avait opté pour une complantation classique des pieds concernés, la facture aurait été bien plus lourde (12.660 €). Au final, la réussite actuelle de sa pratique du sur-greffage est de 50 %....Il a donc potentiellement économisé 6.500 €. Compte tenu de l’évolution de certains ceps, il espère néanmoins atteindre 60 % de réussite ».

Des formations sur-greffage


Damien Bruneau s’est formé à la pratique du sur-greffage avec François Dal, technicien à la Sicavac Sancerre, le même qui sera en Saône-et-Loire le 27 novembre prochain. Damien et son salarié ont prospecté 15,5 ha sur les 20 ha du domaine pour mettre en œuvre cette pratique. Après avoir marqué les ceps malades pendant l’été 2011, ils sont intervenus au printemps suivant. Damien a mis en œuvre la pratique sur son domaine début mars, à l’époque conseillée de la montée de sève. Adeline Mallet est catégorique sur ce point : la réussite du sur-greffage est conditionnée au respect de règles de base à commencer par le choix des greffons et la période retenue pour la mise en œuvre. « Pour avoir les meilleures chances de réussite du sur-greffage, il est conseillé d’effectuer celui-ci lors d’une période où la sève est en circulation, mais pas encore trop active, c’est-à-dire au printemps, un peu après le débourrement, lorsque la température est supérieure à 12°C et ce jusqu’à la floraison ». « Je choisis les greffons sur de jeunes vignes saines, des morceaux de bois aoûtés avec trois yeux », signale le vigneron.
Convaincue qu’en l’absence de solutions chimiques ou génétiques efficaces contre les maladies du bois, le sur-greffage est une piste à suivre, Adeline Mallet pèse le pour et le contre. « L’inconvénient de cette opération, c’est qu’elle dépend de la technicité de la personne réalisant le biseau. La réussite sera aussi conditionnée par la viabilité du greffon, vérifier qu’il soit bien vert. En face, les avantages ne sont pas négligeables à commencer pour l’obtention d’une récolte normale après deux ans, contrairement à un complant qui lui ne produira réellement qu’à partir de cinq à six ans en raison de la concurrence qu’exercent les pieds avoisinants. De plus, le système racinaire d’un pied adulte est conservé, ce qui présente un avantage qualitatif. Enfin, le temps nécessaire pour remplacer un plant est plus important que celui demandé pour effectuer le sur-greffage et le coût brut est également nettement inférieur ».


La stratégie retenue par Damien Bruneau


- Cas n°1 : Coupé au-dessus du bourrelet de greffe, le tronc du cep est sain. Le vigneron espère ainsi qu’un gourmand redémarre du pied en place. Les opérateurs protègent le pied et l’opération est terminée à ce stade (650 ceps sciés).
- Cas n°2 : Le cep scié présente des symptômes de maladie du bois. Celui-ci est alors scié mais sous le bourrelet de greffage cette fois. Le porte-greffe est sain, il va donc pouvoir être sur-greffé (320 ceps sur-greffés) à raison de deux greffons par pied avec protection.
- Cas n°3 : Le porte-greffe est également atteint de maladie du bois et il sera donc arraché pour être complanté (300 ceps complantés).





Regreffer les pieds malades


Pour apprendre à greffer les pieds malades, atteints de maladies du bois, le service Vigne & Vin de la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire organise une journée de formation le 27 novembre prochain, de 9 h 00 à 17 h 00 au Pôle viticole de Davayé. Venu de Touraine, le formateur, François Dal, technicien spécialiste de la taille et du sur-greffage à la Sicavac de Sancerre, abordera la greffe des pieds secs sous les angles théoriques (physiologie de la vigne, rôle et fonctionnement du cambium, différents types de greffage, préparation du matériel et organisation du chantier), mais surtout sous les angles pratiques, avec des démonstrations sur le terrain, des travaux pratiques et l'apprentissage des bonnes pratiques de la greffe.
Pour s'inscrire, pour se renseigner, n'hésitez pas à contacter Benjamin Alban, conseiller viticole, service Vigne & Vin de la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire ; tél. : 03.85.29.56.23 ; courriel : balban@sl.chambagri.fr