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Laiterie fromagerie Bernard

Une petite entreprise qui n’a pas envie de connaître la crise

Depuis un quart de siècle, Joël Bernard se démène à la tête de sa laiterie fromagerie. Bien qu’installée dans le petit village de Saint-Vincent-des-Prés, l’entreprise n’en demeure pas moins l’un des porte-drapeaux de la filière laitière départementale, bien au-delà de la seule Bourgogne.
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C’était il y a un quart de siècle. En 1988 exactement. A ce moment précis, Joël Bernard prend un virage à 180 degrés. « Je suis originaire de la Bresse louhannaise. J’ai suivi des études en lycée agricole et obtenu un BTS Transformation en lait. Au départ, je voulais être paysan. Après avoir repris peu de temps l’exploitation familiale, je suis parti pendant douze années dans la Loire d’abord comme responsable recherche et développement, puis en tant que directeur technique au sein d’une laiterie fromagerie qui travaillait notamment pour Casino. Mais, en 1988, je me suis senti à un tournant de ma vie. J’avais 35 ans et l’envie de faire quelque chose pour moi. Mais aussi le désir de me rapprocher de la Bresse, de ma famille. J’ai vu une annonce dans le bulletin des anciens élèves de mon école concernant la vente d’une laiterie fromagerie. J’ai senti dès le départ qu’il y avait un potentiel ».

Des hauts et des bas


Il franchit donc le pas en rachetant à Saint-Vincent-des-Prés une petite structure qui comptait alors deux salariés et réalisait un chiffre d’affaires en berne. « J’ai gardé les deux employés. Dès le départ, j’ai su que cela allait être difficile. J’ai été approché par des producteurs de lait de chèvres qui ne savaient pas quoi faire de leur production. J’ai alors commencé à faire du fromage de chèvre et j’ai créé un fromage baptisé "Saint-Vincent". D’autre part, j’ai été approché par un commercial qui travaillait pour une société hollandaise qui voulait l’un de mes desserts. J’ai alors recruté six personnes ».
Pour faire face à un futur développement de l’entreprise, Joël Bernard décide de construire en 1992 un nouveau bâtiment. Tout s’accélère avec, en 1994, l’embauche d’un commercial et, en 1996, le référencement par Carrefour. Mais l’année suivante est particulièrement compliquée puisque la laiterie est à la fois lâchée par Carrefour et par son client hollandais ! Sans oublier la concurrence nouvelle sur des produits identiques aux siens... De vingt-trois salariés, il redescend à quatorze.
Le rebond s’amorce dès 1998, alors que la laiterie est sollicitée pour réaliser des produits bio. « Au départ, c’était compliqué de trouver du lait bio. Pour cela, je devais me rendre dans le Jura, soit 240 km aller-retour. Cette nouvelle production a toutefois donné confiance aux banques ». Au début, la laiterie ne proposait que deux produits bio : un gâteau de riz et un gâteau de boulgour. La gamme s'est rapidement enrichie avec une mousse au chocolat, un clafoutis aux cerises… « Nous avons ensuite travaillé avec du lait de brebis ».
Malgré ces nouveaux marchés prometteurs, le début des années 2000 reste difficile. En parallèle, l’entreprise développe le fromage de chèvre. « Je croyais beaucoup en l’AOC ». Pour augmenter son chiffre d’affaires et tout simplement survivre, l’entreprise se développe en magasins de proximité, qu’il s’agisse de Leclerc, d’Intermarché… « Notre fromage bleu a eu beaucoup de succès ».

Augmenter son audience auprès des professionnels


Avec aujourd’hui douze salariés, l’entreprise transforme un million de litres de lait par an. Ses produits phares demeurent les chèvres avec le "Saint-Vincent" et le Charolais AOC. Les produits bio représentent désormais 25 % de son chiffre d’affaires, à destination de magasins tels que La Vie Claire, Vitafrais ou Bonneterre.
En 2011, une bonne nouvelle est arrivée avec le référencement chez Intermarché pour vingt produits sur huit départements. En outre, la laiterie est également présente chez Leclerc, Casino, Carrefour Market et Schiever. La récente participation au salon Sirha à Lyon vise à renforcer son audience auprès des professionnels, notamment les crémiers. « Quand je me suis installé, un collègue m’a dit qu’il fallait dix ans pour se faire un nom et bien vivre de son métier. En ce qui me concerne, je n’ai pas mis longtemps à me faire un nom, mais je suis ensuite revenu à la case départ et je suis reparti de zéro en 1997. Il y a plus de fidélité de la part des consommateurs pour les fromages que pour les desserts. Je pense que le fromage a de l’avenir et nous avons la chance de nous trouver dans une formidable région. J’ai particulièrement envie de valoriser les fromages charolais et le Mâconnais ».

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