Accès au contenu
Essais dérobées d’été

Une productivité suspendue aux conditions d’implantation

Depuis 2011, des essais de cultures dérobées d’été sont conduits à Fontaines par la chambre d’agriculture, le lycée et Bourgogne du Sud. Ce travail met en évidence une productivité incertaine des fourrages dérobés liée aux conditions particulières d’implantation (récolte du précédent, météo estivale).
127509--sorgho_3.JPG
Le 10 octobre dernier, la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, le lycée de Fontaines et la coopérative Bourgogne du Sud organisaient une visite d’essais de cultures dérobées d’été dans le Chalonnais. Ces essais étaient conduits pour la troisième fois cette saison. Ils font suite à la sécheresse printanière de 2011 qui avait amené nombre d’éleveurs à tenter les cultures fourragères dérobées pour compenser le déficit de stock. « L’objectif de ces travaux est de tester différents couverts et espèces sur plusieurs campagnes. L’observation du comportement de ces cultures face à différentes conditions météorologiques estivales devrait permettre de définir les mélanges et couverts les moins risqués pour la région », expliquent Bénédicte Désarménien et Denis Chapuis de la chambre d’agriculture.

Déficit d’eau et de fertilisant


En 2012, les essais ont été conduits sur deux parcelles proches du lycée. Sur la première, le semis de dérobées a été effectué le 9 juillet derrière un précédant orge. Sur la seconde, le semis est intervenu 15 jours plus tard derrière du blé. Le semis a été effectué à l’aide d’un combiné "semoir herse rotative" au lendemain d’un déchaumage au "discomulch". Seuls les mélanges à base de vesce ont pu être récoltés le 26 octobre en enrubannage. Le reste a dû être broyé.
2012 avait été marqué par une fin d’été très sèche qui a pénalisé les couverts de dérobés. De mauvaises conditions de semis ont été préjudiciables, de même que l’absence d’un faux-semis supplémentaire et l’impasse sur la fertilisation (pour les graminées), indiquent les techniciens.
« Les mélanges à base de vesce, graminées, trèfles s’en sont mieux sortis que les moha et autres sorgho. Les trèfles d’Alexandrie ou de Perse se sont révélés assez envahissants. Atteignant l’épiaison, certains mohas testés semblaient trop précoces », commente Bénédicte Désarménien.

Semis trop tardifs


Cette année, en 2013, les essais ont porté sur trois parcelles. Sur précédant orge, le semis est intervenu le 25 juillet, suivant le même itinéraire technique qu’en 2012. Sur les précédant blé et triticale, le semis n’a été réalisé que les 12 et 13 août.
Ces semis tardifs, aggravés par un déficit de pluie, ont globalement pénalisé la production de la parcelle. Le millet, plante méridionale, ne s'est pas suffisamment développé. Les variétés de moha testées, choisies parmi les plus tardives, et associées à des trèfles d'Alexandrie, ont produit un couvert assez dense. Les mélanges "vesce + trèfle + avoine" ont semble-t-il manqué de température pour permettre une récolte automnale. A titre de comparaison, semée trois semaines plus tôt, une autre parcelle du lycée recouverte d’un mélange vesce de printemps et avoine fermières devait être ensilée vers le 17 octobre. Lorsque les vesces se développent bien, les céréales jouent le rôle de tuteur en évitant la verse, expliquait-on.
Semés fin juillet, les sorgho et maïs étaient plutôt « jolis » à voir. L’intérêt des variétés "BMR multicoupes" semblait discutable pour une récolte d’interculture. Enfin, les mélanges "ray-grass hybrides + ray-grass d'Italie + trèfle", non gélifs, seront récoltés cet automne, puis au printemps prochain.

Seulement un complément


« Ces cultures dérobées ne peuvent procurer qu’un complément de fourrage seulement », insiste Bénédicte Désarménien. « Du fait du risque de semis tardifs et du manque d’humidité estival, la quantité et la qualité de récolte n’est jamais assurée. Le fourrage obtenu s’avère très hétérogène », informent les techniciens. Ces incertitudes posent aussi la question du coût. Au regard de la productivité visiblement aléatoire des dérobées, cela vaut-il la peine d’engager des dépenses en préparation du sol, semences…, si les conditions de semis ne sont pas optimales, interroge encore Bénédicte Désarménien. Une piste pourrait être que ces cultures adoptent une couverture plus longue (ray-grass + trèfle, par exemple) pour une récolte en automne mais aussi au printemps, suggère la technicienne. En zone vulnérable où la couverture hivernale du sol est obligatoire, il faut avoir en tête que la conduite d'une Cipan destinée à être broyée n'est pas la même qu'une dérobée à récolter : préparation du sol, dose de semis, fertilisation (dans la limite de la directive nitrates), et compositions du mélange sont bien différentes, conclut Bénédicte Désarménien.


Intercultures
Dérobées fourragères à la place de couverts agronomiques


Depuis cinq ans, les adhérents de Bourgogne du Sud ont pris l’habitude d’implanter des dérobées fourragères en intercultures. « C’est une façon de valoriser ces surfaces obligatoires en zones vulnérables. En semant des espèces fourragères à la place de couverts agronomiques (Cipan), les agriculteurs transforment une contrainte en production pour leurs animaux », explique Roland Guillaume, responsable service Elevage. La coopérative dispose ainsi de toute une gamme de mélanges fourragers à semer en dérobées d’été. Ce sont des mélanges de légumineuses et de graminées dans lesquels la part de légumineuses ne doit pas dépasser 50 %. Le mélange "vesce + trèfle + moha" étant le plus répandu. Sur la zone Bourgogne du Sud, ces surfaces se révèlent assez productives. « Dans les meilleures situations, elles permettent même de faire du stock, au point de libérer des surfaces de maïs fourrage au profit d’une vente en grain », fait remarquer Roland Guillaume. Sur le plan alimentaire, les techniciens pointent l’hétérogénéité des fourrages (ensilage, enrubannage) récoltés, d’où l’intérêt de les faire analyser.



Images