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Lutte contre la flavescence dorée

Une prospection solidaire

Suite au retard végétatif, les symptômes de la flavescence dorée ont
fait progressivement leur apparition. Formés à les reconnaitre, sur
chaque commune, dans chaque parcelle, des centaines de vignerons ont
débuté la prospection dans tout le département et au-delà (Côte-d’Or et
Yonne). Les premiers prélèvements et analyses suivront.
Par Publié par Cédric Michelin
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« Les plus jeunes, prenez les grands rangs ; les plus vieux, les bouts », plaisante Michel à Chardonnay pour narguer ces compagnons. Armer de bombes de peinture et de rubalise, les viticulteurs passent tous les deux ou quatre rangs selon les cépages. Ils quadrillent ainsi toute la parcelle. Lorsqu’ils repèrent un pied présentant des symptômes de jaunisse, ils le marquent ainsi qu’en bout du rang. Le "référent communal" trace alors une croix sur la carte pour indiquer l’emplacement et le nombre de pieds suspects par îlots prédéfinis. Réalisées suite aux réunions de cet hiver et ce printemps avec tous les partenaires (BIVB, CAVB, chambres, Sedarb, Fredon, Sral, ODG), ces cartes remonteront aux services de la Fredon Bourgogne et du Sral.

Forte mobilisation des vignerons



« Nous sommes agréablement surpris de la mobilisation » félicite Anaïs Chemarin de la Fredon Bourgogne. A de très rares exceptions près, « la prospection collective a fédéré tout le monde ». En effet, à Martailly-les-Brancion comme ailleurs en Saône-et-Loire, les quatre viticulteurs réunis autour d’elle représentent 100 % des surfaces de vignes de la commune. Dans d’autres secteurs, et notamment en Côte-d’Or, les salariés des domaines et maisons ont également participé, tout comme certains techniciens des chambres d’agriculture, du Sedarb ou encore des distributeurs.

Des analyses au prorata des surfaces



Les premières nouvelles tombent. « Sur la Chapelle-de-Brancion, où il y a eu des foyers positifs, avec des pieds arrachés l’an dernier et recourus depuis, on trouve à nouveau des symptômes de jaunisse sur des anciens pieds. Il va nous falloir faire des analyses », prévient Anaïs Chemarin. A Plottes, au cœur du foyer initial, bien que cela soit déconseillé, des viticulteurs ont replanté leurs parcelles arrachées. « On a fait les trois insecticides et on n’a pas de symptômes », expliquent Jean Sébastien ou Guy, conscients du danger mais tendus économiquement. Sur la commune de Chardonnay, une autre vigne présentait 16 % de positifs, les 90 pieds ont été arrachés, et cette année, seuls trois pieds de "jaunisse" ont été repérés. « C’est la preuve que la lutte insecticide a marché », analyse Nicolas. Les configurations sont donc nombreuses. Cela explique que le nombre d’analyses varie « au prorata des surfaces viticoles » et en fonction de zones plus ou moins éloignées du foyer du Mâconnais nord.

Viré-Clessé touché



Après estimation des risques à partir de toutes les données recueillies sur le terrain, des techniciens certifiés viendront effectuer des prélèvements pour analyses en laboratoire. « Ça va être intense » avec les vendanges et les premiers froids qui pourraient faire tomber les feuilles rapidement. Mais, c’est la seule possibilité de différencier le bois noir de la flavescence dorée. L’administration s’est engagée à envoyer les résultats aux viticulteurs concernés par courrier.
« Avec ces 2.000 analyses dans toute la Bourgogne, nous aurons un bilan précis de la situation et ceci permettra, au fil des années, en comparant ces résultats à ceux du réseau de piégeage du vecteur (cicadelles), d’aménager la lutte et de l’appliquer uniquement sur des zones où le risque de dispersion sera avéré » précise Charles Chambin.
Mais attention : « il y aura des pieds suspects non analysés. Il faut donc arracher tous les pieds de jaunisse. C’est un grand nettoyage. Après, ce sera plus ciblé », insistent tous les techniciens et élus qui commencent à voir arriver les premiers résultats. Et les nouvelles ne sont pas toutes réjouissantes. Viré-Clessé vient de découvrir un nouveau foyer. D’autres pourraient suivre.

Des années de prospection en vue



L’étau va se resserrer en 2013 autour des seuls foyers grâce à cette vision "globale" de la situation. Normalement, la grande majorité des pieds infestés ont du exprimer cette année les symptômes, même si le phytoplasme peut prendre un certain temps de latence pour rendre le cep malade. « L’objectif est de cibler les secteurs uniquement avec foyers sous deux-trois ans en ce qui concerne la lutte insecticide. Mais on garde la prospection », prévient Charles Chambin. En effet, les autres vignobles français infestés n’arrivent pas à sortir définitivement du plan de lutte faute d’un relâchement précoce de la prospection avec arrachage systématique, laissant çà ou là des pieds positifs qui rediffusent avec les cicadelles repeuplant les vignes.
La lutte promet donc d’être longue… mais possible au contraire de l’Esca qui encore cette année a fait des ravages. Ses conséquences sont bien plus structurelles pour la Bourgogne, déploraient tous les vignerons…


Un drone contre la flavescence ?



Un drone aérien - de la société Novadem - a effectué un essai sur deux parcelles du Mâconnais pour tenter de détecter les jaunisses depuis les airs. Encore au stade expérimental, les ingénieurs d’AgroSup Dijon et de Global Sensing Technologies ont cherché dans ce premier temps à vérifier la netteté des images obtenues. Les données recueillies par le drone seront comparées à celles annotées par la prospection terrain. « C’est encourageant et économiquement rentable. Avec un appareil photo de 12 mégapixels, le temps d’inspection est de 10 à 15 minutes par ha. Si on installe un 24 mégapixels, on pourrait descendre à 6-7 minutes/ha. Un drone équipé coûte 45.000 € et permet de survoler 3.000 ha en 45 jours. Il n’en faudrait donc qu’une dizaine pour couvrir l’ensemble du vignoble bourguignon », explique Franck Brossaud, directeur adjoint du Pôle Technique du BIVB. Reste encore de nombreux paramètres à affiner. Et principalement ceux permettant de repérer automatiquement par intelligence informatique les différences apparaissant dans les vignes malades (enroulement des feuilles, non-aoutement des bois). Les recherches se poursuivent sur le traitement brut des images (AgroSupDijon) et le traitement informatique des données (Global Sensing Technologies), « pour différencier les faux positifs ». Le croisement des données recueillies avec celles de la prospection terrain devrait permettre de valider ou non l’hypothèse informatique. Pour autant, la technologie pourrait également servir à déterminer le stress hydrique ou la vigueur des vignes avec des caméras infrarouges.


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