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Retraites

Une réforme systémique des retraites pour restaurer confiance et niveau de vie

Le 6 mars, à l’occasion du 44e congrès de la SNAE, les participants ont débattu de l’avenir des retraités agricoles en France. Les débats, denses, ont principalement porté sur le niveau de vie des retraités, mais aussi sur la future réforme des retraites. Elle doit, pour plus d’équité, permettre de créer un système de retraite universel. Le projet de loi devrait être examiné en 2019.

Par Publié par Cédric Michelin
Une réforme systémique des retraites pour restaurer confiance et niveau de vie

Après plusieurs heures d’échanges « riches et francs », les participants au congrès de la SNAE (Société nationale des anciens exploitants), à Paris, le 6 mars, se sont accordés sur un constat : le système actuel des retraites agricoles ne convient pas et les « anciens » ont « des attentes fortes et de nombreux combats à mener », insiste Jacques Dufrechou, président de la SNAE. Pour les plus de 1,3 million de retraités agricoles en métropole, la pension moyenne est de 750 €, alors que pour l’ensemble des Français, toutes carrières confondues, elle s’élève en moyenne à 1.400 euros. Aux yeux des agriculteurs à la retraite, il existe donc un décalage important entre leur niveau de vie et celui des autres catégories professionnelles, bien que le minimum des pensions des retraités agricoles ait été revalorisé à 75 % du SMIC en 2016, suite à la loi Chassaigne. Pour continuer à mener une vie correcte, les retraités doivent faire preuve d’ingéniosité, « on développe tous les jours des pratiques vertueuses d’autoconsommation et on se repose sur l’entraide en milieu rural », témoigne Hélène Blaud, secrétaire générale de la SNAE. « Nous avons été économes toute notre vie, nous continuons à l’être », précise la jeune retraitée. Cependant, son avenir, notamment une potentielle perte d’autonomie, angoisse fortement Hélène Blaud « je ne sais pas comment je pourrais y faire face, d’autant plus que n’ai pas les moyens d’aller en Ephad », s’inquiète-t-elle.

Pour une égalité de traitement

Ainsi, afin d’améliorer le niveau de vie des retraités agricoles, mais aussi de restaurer la confiance des jeunes dans les systèmes des retraites, la SNAE, la FNSEA et JA demandent depuis déjà plusieurs années des changements drastiques pour « une égalité de traitement », souligne Robert Verger, président de la commission sociale et fiscale FNSEA. Un changement qui pourrait voir le jour puisque le projet de réforme universelle, souhaitée par le président de la République, est en route. Jean-Paul Delevoye, Haut-Commissaire à la réforme des retraites, a été chargé d’organiser une concertation avec l’ensemble des parties prenantes. Avec ses 42 régimes de retraite, organisés par profession et par filière, le système actuel est jugé générateur d’injustice, illisible, peu en phase avec la réalité du travail et instable. Pour pallier ses limites, il a été décidé de créer un système de retraite universel, commun à tous les Français. Les droits seraient calculés en points où « 1€ cotisé vaut les mêmes droits ». « C’est le principe d’équité qui prédomine dans ce projet de réforme », explique Philippe Laffon, secrétaire général adjoint auprès du Haut-Commissaire à la réforme des retraites. Toutefois, les organismes de gestion, comme la MSA, préserveraient leurs fonctions administratives.

Un calendrier à confirmer ?

Reste la question du calendrier de la réforme qui a soulevé de nombreux questionnements dans la salle. Philippe Laffon assure que, comme Emmanuel Macron s’y est engagé, le projet de loi sera examiné en 2019. Un calendrier confirmé par Laurent Pietraszewski, député du nord, commissaire aux affaires sociales, membre du comité d’orientation des retraites et animateur parlementaires « Ambassadeur retraites », qui confie que le président de la République a réaffirmé, devant les parlementaires, sa volonté de mener cette réforme à bien en 2019. Jacques Dufrechou n’a cependant pas perçu, dans ces affirmations, de garantie suffisante concernant ce calendrier, il certifie donc que la SNAE restera mobilisée fortement pour suivre de près le travail des députés. Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, qui a prononcé le discours de clôture, lui a d’ailleurs apporté son soutien, « vous pouvez compter sur notre appui, le sujet des retraites est celui de tous les agriculteurs », confirme la présidente de la FNSEA. Si elle accueille cette réforme avec bienveillance, la SNAE se désole qu’elle ne concerne pas les retraites actuelles qui ne seront donc pas revalorisées dans ce cadre. Or, l’organisation souhaite que le minimum de pension des retraités soit revalorisé à 85 % du SMIC, une urgence absolue pour la SNAE. « Nous espérons qu’il s’agit du dernier congrès où nous parlons de ces 85 %, avant de les avoir enfin obtenus », conclut Jacques Drufechou.

Isabelle Dumont

 

Une réforme systémique des retraites pour restaurer confiance et niveau de vie

Une réforme systémique des retraites pour restaurer confiance et niveau de vie

Après plusieurs heures d’échanges « riches et francs », les participants au congrès de la SNAE (Société nationale des anciens exploitants), à Paris, le 6 mars, se sont accordés sur un constat : le système actuel des retraites agricoles ne convient pas et les « anciens » ont « des attentes fortes et de nombreux combats à mener », insiste Jacques Dufrechou, président de la SNAE. Pour les plus de 1,3 million de retraités agricoles en métropole, la pension moyenne est de 750 €, alors que pour l’ensemble des Français, toutes carrières confondues, elle s’élève en moyenne à 1.400 euros. Aux yeux des agriculteurs à la retraite, il existe donc un décalage important entre leur niveau de vie et celui des autres catégories professionnelles, bien que le minimum des pensions des retraités agricoles ait été revalorisé à 75 % du SMIC en 2016, suite à la loi Chassaigne. Pour continuer à mener une vie correcte, les retraités doivent faire preuve d’ingéniosité, « on développe tous les jours des pratiques vertueuses d’autoconsommation et on se repose sur l’entraide en milieu rural », témoigne Hélène Blaud, secrétaire générale de la SNAE. « Nous avons été économes toute notre vie, nous continuons à l’être », précise la jeune retraitée. Cependant, son avenir, notamment une potentielle perte d’autonomie, angoisse fortement Hélène Blaud « je ne sais pas comment je pourrais y faire face, d’autant plus que n’ai pas les moyens d’aller en Ephad », s’inquiète-t-elle.

Pour une égalité de traitement

Ainsi, afin d’améliorer le niveau de vie des retraités agricoles, mais aussi de restaurer la confiance des jeunes dans les systèmes des retraites, la SNAE, la FNSEA et JA demandent depuis déjà plusieurs années des changements drastiques pour « une égalité de traitement », souligne Robert Verger, président de la commission sociale et fiscale FNSEA. Un changement qui pourrait voir le jour puisque le projet de réforme universelle, souhaitée par le président de la République, est en route. Jean-Paul Delevoye, Haut-Commissaire à la réforme des retraites, a été chargé d’organiser une concertation avec l’ensemble des parties prenantes. Avec ses 42 régimes de retraite, organisés par profession et par filière, le système actuel est jugé générateur d’injustice, illisible, peu en phase avec la réalité du travail et instable. Pour pallier ses limites, il a été décidé de créer un système de retraite universel, commun à tous les Français. Les droits seraient calculés en points où « 1€ cotisé vaut les mêmes droits ». « C’est le principe d’équité qui prédomine dans ce projet de réforme », explique Philippe Laffon, secrétaire général adjoint auprès du Haut-Commissaire à la réforme des retraites. Toutefois, les organismes de gestion, comme la MSA, préserveraient leurs fonctions administratives.

Un calendrier à confirmer ?

Reste la question du calendrier de la réforme qui a soulevé de nombreux questionnements dans la salle. Philippe Laffon assure que, comme Emmanuel Macron s’y est engagé, le projet de loi sera examiné en 2019. Un calendrier confirmé par Laurent Pietraszewski, député du nord, commissaire aux affaires sociales, membre du comité d’orientation des retraites et animateur parlementaires « Ambassadeur retraites », qui confie que le président de la République a réaffirmé, devant les parlementaires, sa volonté de mener cette réforme à bien en 2019. Jacques Dufrechou n’a cependant pas perçu, dans ces affirmations, de garantie suffisante concernant ce calendrier, il certifie donc que la SNAE restera mobilisée fortement pour suivre de près le travail des députés. Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, qui a prononcé le discours de clôture, lui a d’ailleurs apporté son soutien, « vous pouvez compter sur notre appui, le sujet des retraites est celui de tous les agriculteurs », confirme la présidente de la FNSEA. Si elle accueille cette réforme avec bienveillance, la SNAE se désole qu’elle ne concerne pas les retraites actuelles qui ne seront donc pas revalorisées dans ce cadre. Or, l’organisation souhaite que le minimum de pension des retraités soit revalorisé à 85 % du SMIC, une urgence absolue pour la SNAE. « Nous espérons qu’il s’agit du dernier congrès où nous parlons de ces 85 %, avant de les avoir enfin obtenus », conclut Jacques Drufechou.

Isabelle Dumont