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La profession à la préfecture de région

Une rencontre sous tension

Malgré la crise profonde vécue dans de nombreuses productions, les
agricultrices et les agriculteurs de Bourgogne Franche-Comté étaient
venus à la préfecture de région sans tracteurs ni bennes à fumier, mais
avec une synthèse des différentes propositions opérationnelles à la fois
conjoncturelles et structurelles pour trouver des réponses concrètes
aux difficultés rencontrées par de nombreuses exploitations de la
Région.
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Après avoir rencontré la présidente du conseil régional, Marie-Guite Dufay (lire notre édition du GG février en page YY), les responsables des FDSEA et JA de la région Bourgogne Franche-Comté avaient rendez-vous le 17 février avec Christiane Barret, nouvelle préfète de région. En pleine crise agricole, les représentants professionnels avaient en effet préféré la concertation pour transmettre les demandes de la profession.
« Le gouvernement doit prendre conscience que l’Agriculture est à la fois un facteur de croissance, mais aussi d’emplois. Le secteur de la production agricole en Bourgogne Franche-Comté représente l’équivalent de plus de six usines Peugeot et cela sans compter les emplois induits dans l’agroalimentaire », rappelait Francis Letellier, vice-président de la FRSEA. Au moment où le Premier ministre tentait de jouer l’apaisement et proposait de nouvelles mesures pour répondre aux inquiétudes du monde paysan, visiblement, les éléments de langage n’étaient pas encore arrivés à Dijon… La préfète n’a en effet pas souhaité développer les différentes initiatives prises pour faire face à cette crise. Et comme les responsables agricoles dénonçaient l’inefficacité du ministre de l’agriculture dans la gestion de cette crise sans précédent, la représentante de l’État en Région s’est agacée. Pourtant, force est de constater que le dossier n’est plus géré en direct par Stéphane Le Foll, mais bien et de plus en plus par le Premier ministre…

Des revendications intactes


Dans une ambiance un peu tendue, Frédéric Perrot, président de la FRSEA, rappelait que « nos revendications n’ont pas changé :
- une meilleure redistribution des marges en faveur des producteurs au sein de chaque filière ;
- un étiquetage plus visible des produits pour ne pas tromper les consommateurs sur leur provenance ;
- et une pression de l’État sur l’Union européenne pour réguler les marchés et harmoniser les réglementations entre les différents pays membre
s ».

La sonnette d’alarme !


« Il est urgent de redonner de réelles perspectives au monde agricole. Sur les marchés, nous tirons la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois. Et force est de constater que ces préoccupations n’ont pas été prises au sérieux et que la situation s’aggrave de jour en jour » poursuivait Frédéric Perrot.
Après ces premiers échanges, les responsables ont expliqué la situation actuelle pour chaque filière. Bernard Lacour, président de la FDSEA de Saône-et-Loire, demandait à l’Etat de faciliter les exportations : « vous devez nous soutenir pour maintenir nos parts de marché des animaux à l’exportation comme en Turquie ». Quant à Philippe Monnet, président de la FDSEA du Doubs, il regrettait le manque d’initiative par rapport à l’embargo russe - « il est urgent de faire lever cet embargo qui pénalise uniquement les produits agricoles » - alors que Fabrice Faivre, président de la FDSEA de Côte-d’Or, rappelait que « la situation de la filière céréalière s’est fortement dégradée depuis deux ans. Nous sommes confrontés aux marchés internationaux et nous avons des boulets aux pieds avec une sur-réglementation comme le plan EcoPhyto 2 inadapté à nos conditions de production. Il est urgent de reconnaître la spécificité des zones intermédiaires à faible potentiel ».

Ne pas oublier de préparer l’avenir


Au nom des Jeunes agriculteurs, Samuel Legrand évoquait le dossier installation. « Plus de deux ans pour instruire un dossier d’installation, cela commence à faire un peu long et tant que le jeune n’est pas installé, il n’a pas de revenu. Le plus inquiétant c’est l’absence d’outil informatique pour le traitement des dossiers du deuxième pilier. C’est un peu l’improvisation dans ce domaine au détriment des investissements productifs ».
Denise Yoder, présidente de la FDSEA du Territoire de Belfort, mettait, quant à elle, l’accent sur le dossier de l’emploi : « nous vous demandons de soutenir les actions que nous conduisons dans le domaine de l’emploi, avec des dispositifs adaptés à notre secteur, sans alourdir les contraintes administratives ».
Enfin, Christian Decerle, président de la chambre régionale, ouvrait des perspectives. « Attention, les pouvoirs publics doivent réellement prendre en compte les inquiétudes du monde agricole pour répondre rapidement à cette crise et permettre ainsi de passer ce cap difficile. Mais nous avons aussi intérêt dans cette période de mutation à ne pas se tromper de chemin en mobilisant nos intelligences ensemble, État et profession, pour comprendre nos forces et nos faiblesses et identifier les atouts solides sur lesquels peuvent se construire une agriculture porteuse d’avenir ».