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La mi-carrière

Une source de questionnement

Détecter et mobiliser les agriculteurs en questionnement quant à
l'évolution de leur projet professionnel, tel est l'objectif d'une
étude, dont les résultats ont été présentés début décembre à Autun aux
acteurs régionaux et départementaux qui interviennent dans la formation
des exploitants. Autant de pistes d'action pour des formations plus
visibles et mieux ciblées.
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La carrière professionnelle d'un agriculteur peut se diviser en trois grandes phases : l'installation, qui est la phase d'accélération de marche en avant à laquelle succède une "vitesse de croisière" diversement vécue, avant la lente décélération vers la fin de la carrière, la cessation d'activité, que prépare la phase de cession-transmission.
Si à chaque extrémité l'agriculteur se trouve assuré d'un accompagnement et d'un suivi, la mi-carrière est souvent source de questionnement quant à l'évolution du métier, voire la redéfinition d'un projet professionnel lequel n'est plus toujours en phase avec les aspirations personnelles.
Pour apporter des réponses mieux ciblées au questionnement des agriculteurs dans cette phase « d'entre-deux », Vivéa a piloté une étude régionale financée par le Fonds social européen (FSE). L'objectif : repérer les freins et leviers à la mobilisation des agriculteurs en mi-carrière à la formation et proposer des pistes d'actions concrètes pour un meilleur accompagnement de ce public aux attentes diverses et aux situations professionnelles contrastées. « Cette étude-action », comme la définit Christine Boissard, présidente du comité Vivea de Bourgogne, « doit permettre de proposer une offre de formation plus visible et en phase avec ces questionnements ».

Un "entre-deux" diversement vécu


Les résultats de l'étude sont le fruit de la réflexion d'un groupe de travail régional, de quatre groupes de travail locaux et des entretiens individuels conduits avec vingt-trois agriculteurs qui ont accepté de jouer la transparence aussi bien pour leur sphère professionnelle que privée.
Le premier constat, c'est qu'il n'est pas toujours facile de se situer pour un agriculteur dans cet "entre-deux". Les enjeux sont multiples, ils s'expriment en termes financiers, organisationnels et personnels. En fonction des parcours et des situations, cette phase est plus ou moins bien vécue et l'étude montre des profils différents : entre ceux qui ont atteint leur « vitesse de croisière » et ceux qui s'interrogent sur leur devenir, il y a aussi ceux qui se trouvent bloqués dans un quotidien mal vécu, mais qui ne peuvent pas - ou qui ne veulent pas - le remettre en cause. Ce sont fréquemment ceux auxquels un temps de pause et de questionnement serait le plus profitable, qui ne trouvent ni le temps, ni les moyens de s'engager dans des formations de type développement personnel. Des formations qui pourraient pourtant leur permettre de verbaliser leurs doutes et d'avancer dans l'analyse de leur situation et la recherche de solutions.

Des pistes d'action collective


L'étude montre qu'il y a beaucoup à faire pour ces agriculteurs à mi-carrière, en particulier sur certains territoires et dans certaines filières. Face à ces besoins, les partenaires et les solutions ne manquent pas, mais la visibilité des offres existantes n'est pas toujours suffisante et les formations proposées doivent bénéficier d'une meilleure attractivité. L'étude pose ainsi la question de la place de chacun des partenaires, de leur complémentarité et de l'articulation entre les structures et les offres de formation locales et régionales.
L'étude relève qu'à partir des questionnements recensés, la réflexion est largement ouverte sur « la vivabilité de certaines exploitations, les modèles d'agriculture en fonction des territoires et des filières, la difficulté à imaginer des modèles alternatifs satisfaisants ».
Au vu des conclusions, le comité Vivéa a déterminé des pistes d'action collective entre tous les acteurs de la formation, qui permettent de mieux cibler et de mieux accompagner les formations sur le terrain. « Tous les producteurs, à un moment où à un autre, se trouvent en questionnement et se posent la question d'une autre organisation, plus pertinente, mieux adaptée à leur évolution personnelle et à celle de leur activité », observe Nadine Darlot, élue du comité Vivea de l'Yonne. Cette étude, conclut Christine Boissard, constitue donc « un socle de réflexion pour les OPA et les acteurs de terrain, mais l'impulsion viendra des élus locaux » lesquels doivent contribuer à encourager la diffusion de « formations-tremplins qui permettent aux exploitants concernés de trouver un second souffle ».