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Diversification des exploitations

Une véritable chance !

Pourquoi les agriculteurs font-ils le choix de la diversité des
productions ? Ce vendredi à La Boulaye, les Jeunes agriculteurs du Grand
Massif central présentaient les enseignements d’une étude qui ouvre des
perspectives sur ce sujet essentiel qu’est la diversité des
exploitations.
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Si au début des années 1960, la diversité de l’agriculture était perçue comme un frein au développement d’une agriculture compétitive, force est de constater qu’aujourd’hui et depuis une vingtaine d’années déjà, cette diversité est davantage perçue comme un atout. Pour mieux cerner cette diversité, une étudiante de VetagroSup a réalisé à la demande des Jeunes agriculteurs un travail complet sur ce sujet à l’échelle du Grand Massif central.
« Ce travail est l’expression d’un désir des acteurs du monde agricole de mieux connaître le Massif central, ses ressources et ses potentiels, pour travailler sur le fer de lance de ce territoire, à savoir, l’accueil de nouvelles populations », explique Amélie Chavarot, délégué régional des JA Massif central.

Beaucoup de transformation


Plus de 7.500 exploitations agricoles (EA) pratiquent au moins une activité de diversification dans le Grand Massif central, ce qui représente 11 % des exploitations. Si l’on compare les grandes catégories d’activités de diversification réalisées, la transformation –dont le lait pour 17 % et les autres produits pour 25 % du total– est retrouvée pour moitié, les activités liées au tourisme et loisir pour un quart –dont les activités d’hébergement pour 16 % du total– et le travail à façon pour 13 %. La prépondérance des activités de transformation de produits bruts est liée à la part importante qu’occupe l’élevage dans la grande région, certains agriculteurs ayant choisi la voie de la transformation pour valoriser leurs produits.

Proche des bassins de consommation


La réalisation d’activités de diversification demeure par ailleurs très variable suivant les secteurs géographiques. Les zones où les exploitations réalisent des activités de diversification sont situées sur l’axe Limoges-Saint-Etienne, ainsi que dans les bordures sud du Massif central.
Pour la première zone évoquée, les facteurs explicatifs de cette plus forte proportion pourraient être liés tout d’abord à la présence de bassins de production laitiers. Le second facteur explicatif serait la présence de bassins de consommation et de vie à proximité ainsi que l’existence de grands axes routiers. Les agriculteurs qui réalisent des activités de diversification sont de fait susceptibles de profiter de la proximité des agglomérations pour vendre leurs produits en circuits courts et/ou réaliser de l’accueil d’excursionnistes ou touristes qui sont aussi des consommateurs.
En ce qui concerne la seconde zone, à savoir les parties du sud en bordure du Massif, des facteurs explicatifs seraient la diversité des productions retrouvées et la proximité avec le Sud. Dans ces zones, une diversité de productions allant des ovins, aux bovins en passant par les caprins est retrouvée. Certaines de ces productions se prêtent plus à la transformation comme par exemple les ovins viande ou les élevages laitiers. La proximité avec les bassins de consommation du Sud-Est et Sud-Ouest peut faciliter l’écoulement des produits transformés. Ces territoires sont aussi pour certains des lieux touristiques, ce qui laisse des possibilités pour la réalisation d’activités tel l’hébergement.

Chercher à valoriser


Dans le cas particulier du Gard, un "pôle de diversification" a été créé en 2009, suite à la volonté politique de la chambre d’agriculture de faire face à la crise viticole et arboricole qui frappait alors ce département. La création de ce pôle –et des actions menées en faveur de la diversification– couplée aux facteurs précédents peut expliquer cette forte proportion d’exploitations réalisant des activités de diversification.
A contrario, dans toute la partie nord et au cœur du Massif, la proportion d’exploitation où des activités secondaires sont réalisées est inférieure à la moyenne du Grand Massif central. Dans cette zone où se trouve toute la partie bourguignonne, les élevages bovins viande dominent et très peu d’agriculteurs font le choix de réaliser une activité de diversification. Une hypothèse explicative serait qu’une part importante des exploitations de cette zone a des systèmes d’élevages spécialisés en bovins allaitants avec vente de broutards à destination de l’Italie.

Le boom énergétique


Une activité de diversification qui connaît une croissance sur le territoire est celle de la production d’énergies renouvelables. Cette activité ressort dans la région agricole de la Châtaigneraie, du Ségala et de la Xaintrie –à la croisée des départements du Cantal, de l’Aveyron et du lot– où l’on compte 206 exploitations équipées de panneaux photovoltaïques. Ce taux plus élevé est lié à la présence d’une société agricole –la Sicaseli– qui œuvre et aide à l’installation de panneaux photovoltaïques chez ses adhérents.
L’analyse des enquêtes montre que la création de nouvelles activités sur les exploitations est un processus continu, fonction généralement de l’arrivée de main-d’œuvre. Les raisons poussant les agriculteurs à conduire une exploitation diversifiée peuvent être regroupées en trois grandes catégories, à savoir des raisons d’ordre économique, technique ou par penchants et aptitudes particuliers.




Un territoire d’hétérogénéités


« Le Massif central est un territoire d’hétérogénéités, soumis notamment à des contraintes pédoclimatiques fortes, mais variables.
L’agriculture, activité ancrée sur ce territoire d’accueil par excellence, est particulièrement diversifiée dans notre région. Aussi, nous avons voulu nous apporter des données objectives pour faire un état des lieux de la diversité agricole du Grand Massif central. En plus de partager avec d’autres acteurs du monde agricole le constat de cette richesse, et de ses interactions avec la vie de nos territoires, nous souhaitons engager une réflexion sur comment mieux la prendre en compte dans l’accompagnement à l’installation en agriculture.
Voilà quatre ans que nous avons lancé l’accompagnement à l’installation personnalisé au porteur de projet… Dans le Massif central, nous souhaitons aussi l’adapter au contexte géographique forcément variable !
»
Nicolas Bardy, président des JA du Massif central






Pas tous ses œufs dans le même panier !


L’enquête a donné lieu à des entretiens avec des agriculteurs. Ils ont justifié la diversité de leur exploitation par plusieurs facteurs. Lors de crise touchant une production particulière, le fait d’avoir plusieurs activités permet d’avoir d’autres sources de rentrées d’argent, lesquelles permettent de rééquilibrer les revenus. Le fait d’avoir plusieurs productions peut entraîner la nécessité de réaliser de la vente sur différents circuits et auprès de différents acheteurs. La diversité peut donc être un moyen de limiter la dépendance des exploitants à un acheteur unique.
Lors de nouvelles installations, il y a nécessité de dégager un ou des salaires supplémentaires. L’ouverture d’un nouvel atelier peut donc être faite à ce moment-là. Cette ouverture peut être effectuée par choix du nouvel installé, qui a un attrait pour une activité particulière, ou par nécessité. Les facteurs contraignant un agrandissement de l’activité de production existante et donc l’obligation d’en créer une nouvelle sont par exemple l’indisponibilité de foncier, l’impossibilité d’obtenir de nouveaux quotas laitiers. Ensuite, certains agriculteurs souhaitent "aller au bout du produit", pour conserver la valeur ajoutée ou pour d’autres raisons. Pour cela, ils vont désirer effectuer la transformation –et parfois la vente– de leurs produits. Enfin, pour d’autres, le choix est fait par besoin de garder un contact avec l’extérieur.




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