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Cave de Genouilly

Une vieille dame en pleine forme

Alors qu’elle va souffler cette année ses 80 bougies, cette vieille dame qu’est la Cave de Genouilly n’a jamais semblé en si bonne santé. Avec l’envie renouvelée d’aller de l’avant et de moderniser son outil de travail.
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« Petit mais costaud ». Tel était le slogan publicitaire au cœur des années 1980 de Petit Pimousse de La pie qui chante. Cela pourrait aussi être la devise de la Cave de Genouilly qui va fêter, cette année, ses huit décennies d’existence. Créée en 1932, cette structure coopérative proposait alors principalement du vin de table. Face à une offre ultra atomisée, la vente était plutôt difficile. Installée depuis l’origine sur le même site, à proximité de la gare de chemin de fer, la Cave « a loupé le coche dans les années 1960 », souligne son actuel président, Laurent Janiaud. Avec, à la clé, un essoufflement presque inéluctable pendant les vingt années qui suivirent. « À la fin des années 1980, il ne restait plus qu’une quarantaine d’hectares de vignes avec beaucoup de vin de table. La Cave a failli disparaître à ce moment-là... »

Le renouveau des années 1990


Si Michel Joblot redonne un élan à cette époque, c’est véritablement l’embauche de Jean-Michel Martin en 1996 qui fait alors entrer la cave dans une nouvelle ère. Diplômé en œnologie, ce dernier a beaucoup travaillé sur la qualité des vins, ce qui allait correspondre à une embellie pour la cave et une période de croissance jusqu’en 2001. Mais, dès 2002, la crise rattrape Genouilly, avec notamment des récoltes difficiles en 2003, 2008 et 2010. « Mais nous avons aussi profité de cette crise pour reprendre des appellations village. Nous avons redonné une dynamique à notre cave et une notoriété à nos vins ». Une démarche qui va se poursuivre dans le temps selon Laurent Janiaud. « Il y a un virage important à prendre. Il nous faut désormais aller chercher les clients plus loin. Après avoir amélioré la qualité de nos vins, il nous faut trouver des consommateurs qui acceptent de payer cette qualité. » Côté projets, la Cave devrait prochainement débuter des travaux visant à construire un bâtiment. « La cave à grossi, mais nous n’avons pas pour autant poussé les murs ! Ce nouveau bâtiment permettra de stocker et de conditionner les bouteilles. Cela doit aussi aider à optimiser les conditions de travail. » En outre, Laurent Janiaud souligne que Genouilly est en mesure d’accueillir de nouveaux hectares et, donc, de nouveaux adhérents. « Nous devons aussi penser au renouvellement des générations. »

80 ans, ça se fête !


Pour célébrer ses quatre-vingts ans, la cave souhaite multiplier les rendez-vous tout au long de cette année 2012, avec un temps fort à l’été ou à l’automne dont les contours restent toutefois à préciser. En outre, une bouteille anniversaire –un Bourgogne aligoté– sera très prochainement à disposition, à raison de 5.000 à 6.000 exemplaires en fonction de la demande.

La Cave de Genouilly en quelques chiffres


Aujourd’hui, la Cave de Genouilly dispose de 96 hectares en production répartis de la manière suivante : 25 hectares de Bourgogne rouge, 23 hectares de Bourgogne aligoté, 20 hectares de Bourgogne blanc, 14 hectares de crémant de Bourgogne, 3 hectares de Montagny 1er cru, 3 hectares de Givry rouge, 2 hectares de Rully blanc, 2 hectares de Mercurey rouge, 2 hectares de Bourgogne Grand ordinaire et 2 hectares pour le reste (Mâcon village, Mercurey blanc, Macon rouge et vin de table). Comptant une dizaine d’adhérents actifs, elle produit en moyenne 6.500 hectolitres par an. La moitié est vendue en vrac au négoce, l’autre moitié est mise en bouteille, soit 400.000 cols. Le caveau représente environ 50 % des ventes au détail. L’autre principal débouché (150.000 cols) est constitué par un important client de la Grande distribution et l’export (Chine, États-Unis, Irlande, Grande-Bretagne, Pays-Bas). Enfin, 50.000 cols trouvent preneurs auprès de revendeurs situés dans un rayon d’une centaine de kilomètres. La cave s’appuie sur une équipe de six salariés avec Hervé Gabon, chargé de la vinification, et Luis Patissier qui travaille à la commercialisation des vins. « Nous sommes très peu présents dans la restauration locale, regrette Laurent Janiaud. La restauration peut être une bonne vitrine pour nos produits ». Depuis maintenant deux ans, la cave a intégré La Ronde des caves. Chaque adhérent accueille ainsi un week-end de dégustation en présence des huit autres caves. À Genouilly, le rendez-vous 2012 est fixé les 11, 12 et 13 mai prochain. L’occasion pour les visiteurs de goûter trois à quatre vins rouges et un échantillonnage équivalent en vins blancs.




Jean Cognard : « mon grand-père et mon père font partie des membres fondateurs »


Ancien président de la Cave de Genouilly de 1988 à 1992, Jean Cognard est l’une des mémoires vivantes de cette structure coopérative, lui qui travaille la vigne du côté de Fley depuis la fin des années 1940 et ses 15 ans. « À l’époque, nous avions 2 hectares de vigne, ce qui était déjà bien. En 1951, nous avions récolté 23,8 tonnes de raisins. » Une production qui était un complément puisque la polyculture était alors de rigueur. « Au départ, nous avions 90 % de notre surface plantée en vins de table rouges. Nous avions aussi un peu d’aligoté ». Quant à la clientèle, elle était essentiellement locale. « Il y avait beaucoup de clients du Bassin minier et des agriculteurs du Charollais. C’était surtout une clientèle de particuliers ». Des consommateurs qui avaient droit à un vin peu alcooleux, de l’ordre de 8°, qui se conservait plutôt bien. « Au milieu des années 1960, il y a eu un premier tournant puisque nous avons planté du chardonnay et du pinot noir tout en gardant du gamay et de l’aligoté. » Quant à la commercialisation à la Cave de Genouilly, « c’était essentiellement en gros. Il y avait très peu de bouteilles. » Il faut attendre trois décennies pour voir une nouvelle étape cruciale pour la cave. « En 1995, nous commercialisions environ 35.000 bouteilles. L’arrivée d’un caviste compétent a marqué un tournant ». Une structure à laquelle il reste très attaché. « Mon grand-père et mon père font partie des membres fondateurs ». Enfin, lorsque l’on interroge Jean Cognard sur quelques anecdotes qui l’ont marqué, il se souvient plus particulièrement que, « pendant la guerre, il nous est arrivé de faire un peu de vin en fraude »...


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