Jean-Philippe Girard, nouveau président de l’Ania
"Unis, nous serons plus forts"
Jean-Philippe Girard a été élu nouveau président de l’Ania,
l’Association nationale des industries alimentaires, le 20 juin
dernier. Ce PDG d’Eurogerm à Dijon, PME adhérente du Pôle de compétitivité Vitagora, dont il est membre fondateur, succède ainsi à Jean-René Buisson,
pour un mandat de 3 ans.
l’Association nationale des industries alimentaires, le 20 juin
dernier. Ce PDG d’Eurogerm à Dijon, PME adhérente du Pôle de compétitivité Vitagora, dont il est membre fondateur, succède ainsi à Jean-René Buisson,
pour un mandat de 3 ans.
Convaincu de l’importance du rôle des territoires et des PME dans l’industrie alimentaire française, et de la nécessité d’innover pour chacun de ses acteurs, Jean-Philippe Girard propose sa vision de l’avenir de l’agroalimentaire… Un avenir où l’activité des entreprises, au savoir-faire remarquable, doit être soutenue et encouragée par l’Ania et l’Etat. Car la responsabilité de ce secteur, faisant suite à l'agriculture, n’est pas des moindres : nourrir les hommes.
[WEB]Réconcilier l’image de cette industrie et la réalité de ses métiers, décloisonner les innovations, développer les partenariats grâce, notamment, aux pôles de compétitivité, encourager la collaboration entre entreprises et pouvoirs publics, pour booster la compétitivité de l’intégralité d’une filière : voici les mots d’ordre de ce nouveau président, prêt à prendre les rênes de la première industrie française.
Interview complète et passionnante, je vous invite à la lire intégralement ci-dessous ![/WEB]
Vous êtes dirigeant d’une PME, Eurogerm. Aujourd’hui, quelle est la vision des PME par l’industrie agroalimentaire en France, et par l’Ania notamment ?
Jean-Philippe Girard : l’industrie alimentaire en France, c’est 13.500 entreprises, dont 97 % de PME, familiales le plus souvent, avec des histoires formidables, passant au fil du temps, de l’artisanat à l’automatisation puis à l’industrialisation. Elles ont, pour la plupart, d’abord acquis une véritable notoriété nationale, ont ensuite su faire face à une demande croissante en automatisant leurs modes de production, puis en trouvant parfois, pour les mieux équipées, la voie de la croissance internationale, en exportant leurs produits et donc un peu de notre modèle.
Tous ceux qui ont travaillé ou qui travaillent dans le secteur agroalimentaire le savent : que l’on soit multinationale ou PME, nous faisons partie d’un même métier, d’une même famille qui a une responsabilité particulière en France et dans le monde : nourrir les hommes.
Certes, les PME sont les plus fragiles dans ce système, dans un monde où la concurrence internationale s’accroit, où la crise économique n’épargne personne et évidemment pas les plus petits, et où la réglementation est souvent perçue comme un frein et une lourdeur supplémentaire. Mais les PME sont également la composante la plus importante - par le nombre et l’activité - de notre secteur : en ce sens elles contribuent au dynamisme du territoire français. De fait, il n’y pas une région, pas un département, où notre industrie ne soit présente grâce au tissu de PME.
C’est pourquoi l’Ania qui représente cette grande famille, de la plus petite PME aux multinationales multimarques, a une responsabilité particulière dans l’unité de ce secteur, tout autant que dans l’aide et l’appui aux PME. En effet, il nous faut faire en sorte que ces dernières ne restent pas sur le bord du chemin, dépassées par une société qui va aujourd’hui très vite et qui ne laisse pas toujours sa chance aux plus fragiles. Il est indispensable de continuer à faire vivre dans les territoires nos entreprises, détentrices du savoir-faire traditionnel français et créatrices d’emplois. Nous devons tous travailler main dans la main pour perpétuer le modèle alimentaire français dans le monde et apporter au quotidien une véritable diversité et le choix le plus large de produits. L’alimentation, c’est la vie, à la fois des hommes et des territoires.
En tant que membre actif de l’écosystème de Vitagora, nous connaissons votre goût pour l’innovation… et votre expérience dans le domaine ! Comment pensez-vous mettre cette expérience au profit de l’Ania et de toute l’industrie agroalimentaire ?
J.-Ph. G. : je suis convaincu que l’innovation décloisonnée est l’avenir de l’industrie agroalimentaire. C’est pour cela qu’elle constitue l’une de mes priorités au même titre que l’export, car c’est un moteur de croissance indispensable pour l’avenir.
La France dispose d’atouts indéniables avec des chercheurs qui sont à l’avant-garde de la recherche mondiale et plus de dix pôles de compétitivité dédiés à l’alimentation dont la mission est de promouvoir la recherche et l’innovation dans les entreprises. A nous de créer des ponts et des liens forts entre ces acteurs publics et privés qui contribueront à accompagner dans l’innovation de nos métiers et de nos produits.
L’innovation c’est aussi un état d’esprit. Aujourd’hui je ne connais pas une entreprise agroalimentaire qui n’innove pas. Il est vrai que les innovations dans les IAA ne ressemblent pas aux innovations de rupture qu’on peut voir dans le secteur automobile ou aéronautique… mais il y a 5 ans, la moitié des produits alimentaires qu’on trouve aujourd’hui dans les rayons des supermarchés n’existaient pas ! Cela veut aussi dire que 50 % de notre futur chiffre d’affaires est à inventer sous 5 ans. Tous les patrons d’entreprise sont conscients de cette réalité. Le rôle de l’Ania et de tous les acteurs est de les accompagner dans cette démarche.
[WEB]Membre fondateur de Vitagora, quel est, à vos yeux, l’importance des pôles de compétitivité pour l’industrie agroalimentaire ? Comment envisagez-vous le jeu commun entre les pôles et l’Ania ?
J.-Ph. G. : La recherche partenariale et la valorisation de l’excellence sont désormais assumées grâce aux Pôles de compétitivité comme Vitagora. Il faut traduire ce potentiel en autant de sources de croissance en le faisant fructifier par le développement d’entreprises innovantes dans le secteur agroalimentaire, et en faire bénéficier en particulier les PME.
L’Ania et Vitagora travaillent déjà ensemble dans le cadre de la plateforme Food for life France coordonnée par l’Ania. Cette plateforme réunit les principaux acteurs français de la R&D, dont Vitagora, avec plusieurs objectifs. Il s’agit avant tout de définir les axes de recherche stratégiques pour assurer la compétitivité du secteur, de créer une dynamique commune entre les acteurs, de favoriser la recherche collaborative public-privé, de flécher des fonds publics vers les projets structurants en alimentaire. L’importance de ce travail a d’ailleurs été soulignée dans le cadre du contrat de la filière alimentaire et ses missions vont être étendues. Nous aurons besoin de l’expertise des pôles de compétitivité agroalimentaires dans ce cadre.[/WEB]
Pour conclure : quels sont, à vos yeux, les perspectives de l’industrie agroalimentaire ?
J.-Ph. Girard : La conjoncture actuelle ne permet plus aucun atermoiement. Comme nous le dévoilions il y a quelques semaines lors de notre conférence de presse économique annuelle de l’Ania, notre industrie est fragilisée comme jamais avec une rentabilité à un plancher historique et des défaillances d’entreprises qui, l’an passé, ont dépassé leur niveau de 2008-2009. Hélas, les premières données disponibles au titre de l’année 2013 ne font que confirmer ce mouvement.
Nos industries ne méritent pas d’être traitées comme elles le sont : les menaces permanentes de taxes en tous genres, les relations commerciales très dégradées, la guerre des prix à outrance n’augurent rien de bon, ni pour l’emploi, ni pour le consommateur.
Nous devons réagir et démontrer notre rôle clé dans l’alimentation des Français et notre rôle important sur l’emploi (495.000 emplois directs répartis partout sur le territoire national), l’investissement et les territoires. Nous devons également combattre certaines « certitudes » qui circulent à tort sur nos métiers, nos produits et nos filières.
[WEB]Je m’y engagerai pleinement au cours de ces trois prochaines années, afin de réduire la fracture entre la perception et la réalité de nos métiers.[/WEB]
Ce combat, nous devons l’engager avec la collaboration - et non la confrontation ! - de toute la filière et des pouvoirs publics. C’est tout le sens du contrat de filière signé le 19 juin dernier. Il s’agit de mobiliser toutes les forces vives au service de notre compétitivité en insistant sur cinq axes :
- l’emploi ;
- l’innovation et le financement ;
- le défi vert ;
- l’export et la promotion de nos produits et de notre modèle alimentaire ;
- l’amélioration des relations au sein de la filière.
Ce contrat est désormais signé : notre mission est maintenant de le mettre en œuvre et l’Ania y apportera sa compétence, son expérience et sa farouche volonté de relever le défi de la compétitivité et de la vitalité des territoires. Pour réussir, nous aurons besoin de l’appui de tout le monde. En somme, se trouve résumé là mon credo : "unis, nous serons plus forts".
[WEB]Réconcilier l’image de cette industrie et la réalité de ses métiers, décloisonner les innovations, développer les partenariats grâce, notamment, aux pôles de compétitivité, encourager la collaboration entre entreprises et pouvoirs publics, pour booster la compétitivité de l’intégralité d’une filière : voici les mots d’ordre de ce nouveau président, prêt à prendre les rênes de la première industrie française.
Interview complète et passionnante, je vous invite à la lire intégralement ci-dessous ![/WEB]
Vous êtes dirigeant d’une PME, Eurogerm. Aujourd’hui, quelle est la vision des PME par l’industrie agroalimentaire en France, et par l’Ania notamment ?
Jean-Philippe Girard : l’industrie alimentaire en France, c’est 13.500 entreprises, dont 97 % de PME, familiales le plus souvent, avec des histoires formidables, passant au fil du temps, de l’artisanat à l’automatisation puis à l’industrialisation. Elles ont, pour la plupart, d’abord acquis une véritable notoriété nationale, ont ensuite su faire face à une demande croissante en automatisant leurs modes de production, puis en trouvant parfois, pour les mieux équipées, la voie de la croissance internationale, en exportant leurs produits et donc un peu de notre modèle.
Tous ceux qui ont travaillé ou qui travaillent dans le secteur agroalimentaire le savent : que l’on soit multinationale ou PME, nous faisons partie d’un même métier, d’une même famille qui a une responsabilité particulière en France et dans le monde : nourrir les hommes.
Certes, les PME sont les plus fragiles dans ce système, dans un monde où la concurrence internationale s’accroit, où la crise économique n’épargne personne et évidemment pas les plus petits, et où la réglementation est souvent perçue comme un frein et une lourdeur supplémentaire. Mais les PME sont également la composante la plus importante - par le nombre et l’activité - de notre secteur : en ce sens elles contribuent au dynamisme du territoire français. De fait, il n’y pas une région, pas un département, où notre industrie ne soit présente grâce au tissu de PME.
C’est pourquoi l’Ania qui représente cette grande famille, de la plus petite PME aux multinationales multimarques, a une responsabilité particulière dans l’unité de ce secteur, tout autant que dans l’aide et l’appui aux PME. En effet, il nous faut faire en sorte que ces dernières ne restent pas sur le bord du chemin, dépassées par une société qui va aujourd’hui très vite et qui ne laisse pas toujours sa chance aux plus fragiles. Il est indispensable de continuer à faire vivre dans les territoires nos entreprises, détentrices du savoir-faire traditionnel français et créatrices d’emplois. Nous devons tous travailler main dans la main pour perpétuer le modèle alimentaire français dans le monde et apporter au quotidien une véritable diversité et le choix le plus large de produits. L’alimentation, c’est la vie, à la fois des hommes et des territoires.
En tant que membre actif de l’écosystème de Vitagora, nous connaissons votre goût pour l’innovation… et votre expérience dans le domaine ! Comment pensez-vous mettre cette expérience au profit de l’Ania et de toute l’industrie agroalimentaire ?
J.-Ph. G. : je suis convaincu que l’innovation décloisonnée est l’avenir de l’industrie agroalimentaire. C’est pour cela qu’elle constitue l’une de mes priorités au même titre que l’export, car c’est un moteur de croissance indispensable pour l’avenir.
La France dispose d’atouts indéniables avec des chercheurs qui sont à l’avant-garde de la recherche mondiale et plus de dix pôles de compétitivité dédiés à l’alimentation dont la mission est de promouvoir la recherche et l’innovation dans les entreprises. A nous de créer des ponts et des liens forts entre ces acteurs publics et privés qui contribueront à accompagner dans l’innovation de nos métiers et de nos produits.
L’innovation c’est aussi un état d’esprit. Aujourd’hui je ne connais pas une entreprise agroalimentaire qui n’innove pas. Il est vrai que les innovations dans les IAA ne ressemblent pas aux innovations de rupture qu’on peut voir dans le secteur automobile ou aéronautique… mais il y a 5 ans, la moitié des produits alimentaires qu’on trouve aujourd’hui dans les rayons des supermarchés n’existaient pas ! Cela veut aussi dire que 50 % de notre futur chiffre d’affaires est à inventer sous 5 ans. Tous les patrons d’entreprise sont conscients de cette réalité. Le rôle de l’Ania et de tous les acteurs est de les accompagner dans cette démarche.
[WEB]Membre fondateur de Vitagora, quel est, à vos yeux, l’importance des pôles de compétitivité pour l’industrie agroalimentaire ? Comment envisagez-vous le jeu commun entre les pôles et l’Ania ?
J.-Ph. G. : La recherche partenariale et la valorisation de l’excellence sont désormais assumées grâce aux Pôles de compétitivité comme Vitagora. Il faut traduire ce potentiel en autant de sources de croissance en le faisant fructifier par le développement d’entreprises innovantes dans le secteur agroalimentaire, et en faire bénéficier en particulier les PME.
L’Ania et Vitagora travaillent déjà ensemble dans le cadre de la plateforme Food for life France coordonnée par l’Ania. Cette plateforme réunit les principaux acteurs français de la R&D, dont Vitagora, avec plusieurs objectifs. Il s’agit avant tout de définir les axes de recherche stratégiques pour assurer la compétitivité du secteur, de créer une dynamique commune entre les acteurs, de favoriser la recherche collaborative public-privé, de flécher des fonds publics vers les projets structurants en alimentaire. L’importance de ce travail a d’ailleurs été soulignée dans le cadre du contrat de la filière alimentaire et ses missions vont être étendues. Nous aurons besoin de l’expertise des pôles de compétitivité agroalimentaires dans ce cadre.[/WEB]
Pour conclure : quels sont, à vos yeux, les perspectives de l’industrie agroalimentaire ?
J.-Ph. Girard : La conjoncture actuelle ne permet plus aucun atermoiement. Comme nous le dévoilions il y a quelques semaines lors de notre conférence de presse économique annuelle de l’Ania, notre industrie est fragilisée comme jamais avec une rentabilité à un plancher historique et des défaillances d’entreprises qui, l’an passé, ont dépassé leur niveau de 2008-2009. Hélas, les premières données disponibles au titre de l’année 2013 ne font que confirmer ce mouvement.
Nos industries ne méritent pas d’être traitées comme elles le sont : les menaces permanentes de taxes en tous genres, les relations commerciales très dégradées, la guerre des prix à outrance n’augurent rien de bon, ni pour l’emploi, ni pour le consommateur.
Nous devons réagir et démontrer notre rôle clé dans l’alimentation des Français et notre rôle important sur l’emploi (495.000 emplois directs répartis partout sur le territoire national), l’investissement et les territoires. Nous devons également combattre certaines « certitudes » qui circulent à tort sur nos métiers, nos produits et nos filières.
[WEB]Je m’y engagerai pleinement au cours de ces trois prochaines années, afin de réduire la fracture entre la perception et la réalité de nos métiers.[/WEB]
Ce combat, nous devons l’engager avec la collaboration - et non la confrontation ! - de toute la filière et des pouvoirs publics. C’est tout le sens du contrat de filière signé le 19 juin dernier. Il s’agit de mobiliser toutes les forces vives au service de notre compétitivité en insistant sur cinq axes :
- l’emploi ;
- l’innovation et le financement ;
- le défi vert ;
- l’export et la promotion de nos produits et de notre modèle alimentaire ;
- l’amélioration des relations au sein de la filière.
Ce contrat est désormais signé : notre mission est maintenant de le mettre en œuvre et l’Ania y apportera sa compétence, son expérience et sa farouche volonté de relever le défi de la compétitivité et de la vitalité des territoires. Pour réussir, nous aurons besoin de l’appui de tout le monde. En somme, se trouve résumé là mon credo : "unis, nous serons plus forts".