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Apparition de foyers cliniques de FCO

Vacciner le cheptel de souche sans attendre

La FCO fait reparler d’elle cet hiver. Des foyers cliniques ont été diagnostiqués en plusieurs endroits du département. Avortements, mortalité des veaux, animaux malformés, vaches vides… Cette maladie sournoise se dévoile durement dans bon nombre d’élevages. Confrontés à cette résurgence sur leur secteur, le docteur Jean-Marie Delécluse et sa collaboratrice Virginie Fournier, tous deux vétérinaires à Paray-le-Monial, expliquent pourquoi la vaccination s’impose.
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Que constatez-vous cet hiver dans votre clientèle ?
Docteur Jean-Marie Delécluse : depuis le début de la saison des vêlages, à partir de début décembre, nous avons vu toute une cohorte de faits qui nous ont fait penser à de la FCO : des avortements en fin de gestation, des veaux morts nés, d’autres faibles, chétifs ou porteurs de malformation des membres, de troubles nerveux (veaux aveugle ou refusant de téter…). Sur ces veaux, la mortalité est très importante. Les foyers donnent l’impression d’être très disséminés. Certains élevages sont très touchés alors que d’autres n’ont presque rien. Et puis, il y aussi un gros problème de vaches vides : de l’ordre de 10 à 15 % qui se révèlent au dernier moment.
Docteur Virginie Fournier : beaucoup de femelles diagnostiquées pleines au printemps ont "coulé" depuis. Elles n’ont pas de veaux et ne manifestent pas de chaleur apparente.
Dr J.-M. D. : les problèmes de reproduction pourraient provenir d’un déficit alimentaire lié aux problèmes météorologiques de 2016 : printemps humide, herbe de mauvaise qualité, absence de repousse… Mais ces chaleurs silencieuses interrogent.

Est-ce bien la FCO qui a sévi dans ces élevages ?
Dr J.-M. D. : nous avons réalisé des analyses qui nous ont confirmé l’existence de foyers cliniques de FCO. Nous avons trouvé des PCR (1) positives sur des femelles à souci de reproduction ainsi que sur des jeunes veaux. La mère a été contaminée par un moucheron vecteur dans l’été ou en fin d’année et le virus a été transmis au veau à travers le placenta.

Comment expliquez-vous cette résurgence soudaine ?
Dr J.-M. D. : la FCO est réapparue dans l’Allier en septembre 2015. Chez nous, elle n’a eu aucun impact clinique durant l’hiver 2015/2016 si bien que les animaux sont retournés au pré sans vaccination. Seuls les animaux d’export avaient alors été vaccinés. Personne ne pensait que cela allait se développer. Or, nous avons eu une très forte circulation virale l’été dernier.

Que faut-il préconiser aux éleveurs ?
Dr J.-M. D. : la FCO est une maladie virale pour laquelle il n’existe pas de traitement. Les choses ne vont pas s’améliorer. Le virus peut rester jusqu’à six mois dans le sang et la maladie est très sournoise car on ne voit ses effets qu’à la reproduction. Un des moyens de prévention est d’éviter aux animaux de se faire piquer par le moucheron porteur de la maladie grâce à des boucles auriculaires insecticides ou des produits "poor-on".
Mais c’est la vaccination qui est la plus efficace pour éviter que les animaux ne soient infestés cet été.
Nous prônons la vaccination depuis le début de cet hiver. Le phénomène de vaches vides est un déclencheur chez les éleveurs qui choisissent de vacciner. Des vaccins sont disponibles et gratuits jusqu’en juin 2017 et la vaccination peut être assurée par l’éleveur lui-même.
Il faut vacciner sans attendre le cheptel de souche ; vacciner toutes les reproductrices en profitant du moment opportun où elles sont encore en bâtiment. Mieux vaut vacciner dès maintenant car il faut éviter de le faire durant les trois ou quatre premiers mois de gestation.
Beaucoup de nos clients le font en ce moment sur toutes les vaches qui ont vêlé. Les autres seront vaccinées à leur tour en février-mars. La vaccination consiste en deux injections à trois semaines d’intervalle pour une protection effective dix à quinze jours après le rappel.

(1) La PCR est un test qui détecte la présence, dans le sang des animaux d’élevage, du matériel génétique du virus vecteur de la fièvre catarrhale ovine.