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Anthony Hanson – Christie’s Londres

Valoriser le vin et le patrimoine

Que sait-on réellement des ventes aux enchères de vins par Christie’s ? Hormis sur celle de Beaune, pas grand-chose. Lors des Rencontres du Clos de Vougeot, Anthony Hanson, s’occupant de la vente, a expliqué le rôle de Christie’s dans la valorisation du vin et du patrimoine.
Par Publié par Cédric Michelin
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« Dans le monde entier, Christie’s vend directement les vins provenant des châteaux ou des domaines. Il n’y a qu’en France où les vins vendus doivent être des deuxièmes mains ». Ainsi débutait, Anthony Hanson qui dirigera, comme à l'accoutumée, la prochaine vente aux enchères des vins des Hospices de Beaune. Sans s’appesantir sur ce que tout viticulteur bourguignon sait à propos de cette vente caritative, il détaillait d’autres places de marchés : « A Amsterdam, la vente correspond à des gros volumes mais, de faibles valeurs. À Genève par contre, où il y a un très gros potentiel financier, on retrouve le même profil d'acheteurs qu’à Hong-Kong, avec des ventes correspondant à des investissements au même titre que l’or en bourse. Ces vins sont stockés pour être valorisés à la revente après spéculation », reconnaissait-il.
« Nous conseillons d’ailleurs à certains de nos acheteurs d'investir dans l’économie du vin, au même titre que l’immobilier, avec l’espoir de plus-values mais avec le double plaisir : financier et celui de boire quelques bouteilles avec des amis ».

Achats en novembre, visites en mars



Des endroits qui servent aussi aux appellations pour « conquérir de nouveaux marchés », estime-t-il. Ainsi Hong-Kong est « un tremplin pour l’Asie et une grosse opportunité pour ouvrir le portail de la Chine ».
Au même titre que l’art (sculpture, peinture…), « le prestige » de Christie’s sur les ventes de vins provient « des collections complètes, de la vérification de la provenance et de la qualité de stockage » et livraison des vins. Phénomène en augmentation, avec la valeur des vins, les contrefaçons et les fraudes sont « plus répandues » ces dernières années, remarque Anthony Hanson. Heureusement, Christie’s est très vigilant sur l’origine des vins et a noué des contacts discrets avec les plus grands domaines pour assurer une sorte de traçabilité post-achat. Une manière de rassurer la clientèle qui a à sa disposition des catalogues avec photographies et descriptions précises des vins. Car les ventes se font désormais en salle mais aussi par téléphone, fax ou sur le Web, « avec des clients – même sur des yachts - enchérissant en live », se souvenait-il d’anecdotes. « Les déplacements se font ensuite au dernier moment » pour éviter de trop déplacer les vins.
Toujours dans ce but mais du côté oenotourisme généré par la vente, « nous conseillons désormais à nos clients de revenir en mars pour venir enlever leurs vins achetés et ainsi discuter plus facilement avec les producteurs ». La période des « achats en novembre » tombant en pleine vinification.

Qualité 2009 excitante



Ces ventes peuvent-elles apporter une valeur aux vins ?, questionnait la salle. Anthony Hanson se montrait prudent sur la réponse : « comme sur le marché traditionnel, nous proposons à certains de nos clients de déguster les vins avant la vente ou lors de dîner de prestiges. Il y a alors parfois une demande plus forte ensuite lors de la vente, amenant un prix ajusté à la hausse », ou pas. Une personne dans la salle posait même la question qui dérange, à savoir le rachat par certains (ou mandaté par) de ses propres vins pour simplement augmenter "artificiellement" les cotations d’un vin. Une pratique illégale qu’Anthony Hanson dénonçait puisque le règlement de la vente interdit le rachat des vins par son propriétaire.
Il concluait sur une note d’optimisme : « Christie’s essaye d’ancrer les clients étrangers à la culture française. N’hésitez pas à nous faire parvenir vos coordonnés pour mettre des vins en vente. Après inspection et dégustation des vins, comme d’habitude, nous pourrons peut-être réussir à faire monter les prix, notamment avec ce millésime 2009 qui présente une qualité excitante ». Et, en toute honnêteté...


Vente des Hospices de Beaune 150ème bougie



Les Halles de Beaune s’apprêtent à accueillir le dimanche 21 novembre, la 150ème vente des vins des Hospices, considérée comme la plus ancienne et la plus célèbre vente de charité vinicole au monde. C’est en effet sous le règne de Napoléon III que les premières enchères ont été lancées pour relancer les ventes du vignoble de l’hospice victimes de la crise après la Révolution de 1848.


150 ans après, l’évènement est très attendu dans le monde du vin, particulièrement en Bourgogne. Le produit de la vente sera, cette année encore, consacré à la construction d’un établissement pour personnes âgées dépendantes, près de l’Hospice. Quant à la traditionnelle pièce du président, dont le produit est affecté traditionnellement à une organisation caritative, il sera versé à l’Association pour la vie et l’espoir contre le cancer (Avec). Le fondateur de l’association, le professeur de cancérologie, David Khayat, a indiqué que les fonds recueillis seraient affectés à la recherche contre le cancer à la Pitié Salpétrière et à l’amélioration de l’accueil des malades dans cet établissement.


Comme tous les ans, Christie's, à qui les Hospices de Beaune ont confié l’organisation des enchères, prévoit un certain nombre de dégustations dans plusieurs capitales et grandes villes de son réseau international. En 2010 l’accent est mis sur la Chine. Chez les Chinois, très friands de vins français et notamment de Bordeaux, la réputation des vins de Bourgogne reste à faire.


Sans atteindre les sommets du millésime 2009, 2010 s’annonce sous un jour favorable. Selon Roland Massé, le régisseur du domaine viticole, la récolte n’est pas très abondante en raison de la coulure et du millerandage consécutifs à de mauvaises conditions météorologiques au moment de la floraison (baies moins nombreuses et petites). En revanche, la qualité devrait être au rendez-vous.




Les « climats » du vignoble de Bourgogne Un patrimoine sans frontières



L’Association pour l’inscription des climats du vignoble de Bourgogne au Patrimoine mondial de l’Unesco est partenaire de la 150e vente des vins des Hospices de Beaune. Son ambition : soutenir des sites touchés à travers le monde par des catastrophes naturelles.


La tradition séculaire de la vente des vins des Hospices de Beaune a assurément contribué à faire connaître ces vins bien au-delà des limites de leurs « climats ». « Pour la quasi totalité des habitants de la planète, le climat dépend du ciel. En Bourgogne, quand on parle d'un climat, on ne lève pas les yeux au ciel, on les baisse sur la terre » faisait remarquer Bernard Pivot, président du Comité de soutien à la candidature des climats du vignoble de Bourgogne au Patrimoine mondial de l’Unesco, à Beaune dimanche 3 octobre. « Ce qui rend exceptionnel le concept de Patrimoine mondial, c’est son application universelle. Les sites du patrimoine mondial appartiennent à tous les peuples du monde, sans tenir compte du territoire sur lequel ils sont situés », déclare Aubert de Villaine, président de l’association et propriétaire de la Romanée-Conti.


C’est pourquoi l’association a décidé de faire bénéficier du produit de la vente qui lui sera accordé à des organismes qui oeuvrent à la reconstruction du patrimoine culturel, et donc humain, de sites touchés par des catastrophes naturelles.





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