Vendanges numériques
tenues les réunions pré-vendanges pour le Beaujolais, le Mâconnais et
les côtes du Chalonnais et du Couchois. Avant de récolter, la priorité
est administrative. Les déclarations sont de plus en plus
"dématérialisées" vers le web. Et ce, sans plus aucune alternative
papier !
C’est le cas notamment pour le Tesa vendanges. Un temps menacé, le Titre emploi simplifié agricole est bien « toujours en vie » pour les vendanges 2015. Mais la disparition du carnet papier est actée. Cette décision est en lien avec l’arrivée de la déclaration sociale nominative au 1er janvier 2016. La MSA incite donc les employeurs à procéder rapidement par Tesa informatique. Car,« les fiches de paies papiers ne seront plus possibles ! », prévient Cécile Parent, du service Emploi à la FDSEA de Saône-et-Loire. Ce qui va obliger les vignerons à soit s’équiper d’un logiciel payes, soit faire appel à un prestataire de services.
En attendant, chaque salarié doit être déclaré impérativement avant le début de l’activité. De la MSA Bourgogne, Gilles Vassel présentait donc les modalités pour le Tesa vendanges web (www.msa-bourgogne.fr). Après s’être connecté avec ses identifiants, « il faut saisir dans le menu déroulant le code APE 1100 ou 1190 pour avoir les « bons » taux préchargés » (voir notre dossier spécial dans notre précédente édition, NDLR), insistait-il.
Embauches compliquées et travail moins payé
Après avoir évoqué les conditions pour embaucher des jeunes, des membres de sa famille, des travailleurs étrangers ou encore des clients souhaitant vivre l’expérience des vendanges en Bourgogne… toutes très réglementées, c’est la suppression de l’exonération de cotisation salariale qui finissait par faire déborder le vase. En effet, pour 7 h de vendanges, le salarié subit une perte nette de 6 €, a calculé le service Emploi de la FDSEA. « On n’encourage vraiment pas les gens à travailler en France », se désolaient les vignerons du département. Co-président de l’Union viticole, Marc Sangoy rappelait que paradoxalement « les syndicats de salariés n’ont pas réagi. Seul les syndicats patronaux ont défendu les salariés… avec une très faible mobilisation », nuançait-il. Ce qui n’a « pas peser lourd » face à la volonté du gouvernement de faire des économies... sur le dos des vendangeurs.
Anticiper sur la prévoyance
En revanche, le syndicalisme a obtenu des assouplissements sur le compte pénibilité et a réussi à supprimer l’obligation d’établir une fiche individuelle pour les CDD inférieurs à un mois.
Autre "nouveauté" pour ces vendanges 2015, depuis le 1er juin intervient la "portabilité de la prévoyance". En effet, tous les salariés peuvent bénéficier du maintien de leurs garanties prévoyance, dès lors que leur contrat de travail est rompu, sous conditions. Sauf que « vous n’avez pas ce formulaire dans votre Tesa (papier ou web) donc il faudra leur remettre à la fin de leur contrat de travail », préconise Cécile Parent. Pour cela, il faut le télécharger sur le site web de l’AG2R ou le demander au service Emploi de la FDSEA.
Du statut de bailleurs à négociants
Agnès Mathieu, des Douanes, en convenait. L’administration « pousse vers un 100 % de télédéclarations », indiquait la chef du service viticulture de Mâcon. Ainsi, la déclaration de récolte pré-remplie ne sera plus envoyée par papier. Idem pour les déclarations de stock en 2016. Place à un téléservice de déclaration mensuelle sur pro-douanes « qui devrait ouvrir le 1er janvier 2016 et être obligatoire en 2017 ».
Ce qui a obligé les Douanes à se pencher sur le bail à métayage, encore très fréquent en Bourgogne. « Avec l’arrivée de la déclaration de stock en ligne obligatoire pour tous en 2017, les Douanes se sont interrogées sur ces bailleurs à métayage qui ne disposent pas officiellement de stocks ». Pour résoudre cette situation de « deux comptabilités et deux balances », les douanes envisagent que ce soit uniquement le métayer qui déclare détenir 100 % des vins. Un courrier sera bientôt envoyé par les Douanes à ce sujet. Mais en toute logique, les bailleurs risquent de passer « doucement à un statut de négociant » et non plus de récoltant…
DRM et autorisations de plantation aussi
Entre temps, rentrera en service la plateforme web commune - des Douanes et du BIVB - pour la saisie des DRM. Installés chez les viticulteurs, les principaux logiciels de gestion sur le marché devraient – « à terme » - permettre également cette saisie unique.
Enfin, dernier exemple sur la numérisation des démarches en viticulture, Charlotte Huber de la CAVB invitait tous les vignerons à s’inscrire sur le site web vitiplantation (accessible via le site de FranceAgriMer) pour toutes les opérations (demandes, conversions…) concernant le nouveau régime des autorisations (ex-droits) de plantations. « Vérifier votre CVI et votre portefeuille. Vos droits sont à convertir avant le 31 décembre 2020 ». Ces autorisations seront alors gratuites et incessibles avec un délai de validité de 6 ans pour planter.
Venus pour préparer les vendanges sereinement, les quelque 200 vignerons présents aux réunions ne peuvent que constater que cette « dématérialisation va croissante » et s'accélère même. L’Union viticole réfléchit donc à un « accompagnement pour se familiariser » sur tous ces téléservices.
Des raisins « parfaits »
Partout, la récolte des crémants de Bourgogne a débuté pour conserver l’acidité nécessaire. Le reste des parcelles va suivre et le tout présente un état sanitaire « parfait ». Quelques pertes risquent toutefois d’être à déplorer après la sécheresse de juin-juillet.
Car si les pluies d’août ont été salutaires, le nord et le sud du département n’ont pas reçu les mêmes quantités de pluies ces dernières semaines. Pour la station météo du BIVB à Rully, les relevés des pluies affichent une moyenne inférieure de 25 % à la normale. Ce bilan plonge à -50 % sur le poste de Mâcon. « Le phénomène climatique marquant de l’année s’est déroulé en juin-juillet avec -80 % de pluies et +1,3 °C par rapport aux normales de saison », résumaient Benjamin Alban et Etienne Rayer du service Vigne et Vin de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Le mois de juillet affiche même des températures moyennes de 24,29°C à Rully et de 24,96°C à Mâcon, soit +3°C en moyenne !
La menace black-rot
Les vignerons ont « bien géré » ce millésime ensoleillé puisque "seulement" 10 % de grillure sont à déplorer. « Moins qu’en 2014 » au final.
Mais soleil et chaleur ont aussi fait du bien en terme de maladies et ravageurs. Après 2014, l’année 2015 est en terme de pression et dégâts liés au mildiou « exceptionnellement » saine. Le modèle (SOV) prévisionnel pour l’oïdium prédisait un « fort » risque d’attaques. Bien qu’ayant provoqué des dégâts « plus intenses qu’en 2014 », l’évolution de l’oïdium a été modérée dès mai, avec tout de même, au 27 juillet, 45 % des parcelles présentant des attaques « mais de façon hétérogène ». Les problèmes sont survenus généralement là où les grappes « n’ont pas vu de produit ». La faute souvent à une mauvaise pulvérisation.
Surtout, « on est passé pas loin de la catastrophe avec les pluies de fin avril/début mai » en black-rot, insistaient les techniciens de la chambre d’agriculture. « Plus dangereuse » encore que l’oïdium et que le mildiou, cette « menace » présente sur toute la côte viticole de Saône-et-Loire s’est « bien terminée ». L’absence de pluie a été dans ce cas bénéfique. Reste que l’an prochain, il faudra « garder en tête » d’acheter des traitements homologués contre.
La sécheresse et la canicule ont également réduit les problèmes de cochenilles, de manges bourgeons, d’érinose, d’acariose et autres araignées rouges (sauf un peu dans le sud mâconnais).
Vigilance flavescence
Enfin, si certaines ODG (Mercurey…) ont débuté la prospection, la mobilisation générale pour lutter contre la flavescence doré interviendra principalement après vendanges. Malgré un calendrier qui s’annonce « compliqué », la CAVB appelait à « ne pas relâcher la vigilance ». L’union viticole en faisait de même. Thibault Laugâa rajoutait que l’enquête recensant fin juillet les pertes dues à la sécheresse est « gardée sous le coude » pour un état des lieux individuel après vendanges pour une éventuelle procédure collective ensuite. Car « la pluie (d'août, NDLR) n’a pas tout arrangé. Il y aura quand même des pertes dues à la sécheresse (jeunes plantations…) », concluait Marc Sangoy, co-président de l’Union viticole, à Fuissé.