« Il va falloir se poser des questions ». Jean-Juillard Pinsard, président de la cave des Grands crus blancs de Vinzelles-Loché, ménageait le suspens dans son introduction de l'assemblée générale de la coopérative.
« Il va falloir retravailler nos vecteurs de commercialisation cette année », poursuit-il, sur un ton confiant. Par exemple,
« même si le GIE Vincent de Vignault reste un outil de promotion pour nos vins, et nous continuerons de travailler avec, nous réfléchissons à ne pas leur vendre de trop gros volumes. Cela peut en effet pénaliser nos ventes magasins, qui se retrouvent parfois en rupture de stock sur certaines appellations. Il faut regarder là où l'on dégage le plus de plus-values ». Et le travail est déjà lancé. La remise à plat des calculs historiques de rentabilité des appellations, produits, actions et circuits commerciaux... va permettre de «
voir les appellations sous-payées et celles sur-payées (aux coopérateurs, ndlr). Le but final est de permettre que chaque appellation puisse s'autosuffire ». La rémunération des coopérateurs risque de changer. Le système va désormais s'apparenter à ce qui se pratique dans d'autres coopératives, avec un système d'acomptes et de compléments de prix et par appellation. Une
« saine démarche », jugeait le président de la fédération des caves coopératives de Saône-et-Loire, Gérard Maître.
Crise surmontée mais, prudence
Car prudence et bonne gestion sont plus que jamais de rigueur une nouvelle fois en 2011. La crise économique générale en 2010 a provoqué un « léger tassement » de l'activité au deuxième semestre, une baisse du panier moyen d'achats et des retards de paiement du négoce. Néanmoins, la cave a su « passer le cap d'une petite récolte grâce aux ventes bouteilles ». Les portes ouvertes représentent actuellement un sixième des ventes bouteilles de l'année, ce qui faisait dire au président : « c'est bien, mais c'est dangereux aussi. Il nous faut créer d'autres évènements ! ». Une raison qui pousse la coopérative à ne pas mettre « tous ses œufs dans le même panier ». La politique de la cave va donc s'attacher à « vendre le mieux possible » en multipliant les canaux de ventes.
Réflexions prospectives
Cette nouvelle orientation est issue du séminaire de réflexions, de mars dernier, durant lequel les administrateurs ont réfléchi à l'avenir de la cave à l'horizon de dix ans. « Nous en avons sorti une véritable feuille de route, mais pas un dogme, à suivre donc selon la réalité des faits ». L'histoire de la cave montre toujours qu'elle ne s'écrira pas sans la volonté des coopérateurs. La modification des statuts de la coopérative –présentée par la directrice de la fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura (FCCA), Marie-Odile Sorlier– allait dans ce sens de « plus de transparence entre les associés coopérateurs et leur coopérative ». Les coopérateurs de Vinzelles ont bénéficié de nombreux tableaux de bords mis au point pour communiquer en interne pour gérer au mieux la cave. De « vraies réformes » qui vont dans le sens de l'avenir...
Fiscalité, Coteaux de Bourgogne, Esca...
Président de la Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura, Gérard Maître faisait le tour des dossiers viticoles de 2010. Sur la délimitation des parcelles de Bourgogne dans le Beaujolais, « les règles restent à clarifier », mais il semble que la tension entre les deux secteurs se soit détendue. « 96 communes beaujolaises revendiquent produire historiquement du bourgogne blanc. Il faut faire attention qu'aucun apport de volume important de vienne faire tomber l'appellation », expliquait-il. Gérard Maître fait en effet également partie de l'ODG Bourgogne qui travaille « sur la création rapide de l'appellation Coteaux de Bourgogne », en remplacement progressif du Bourgogne grand ordinaire (BGO). Mardi, le conseil de Bassin a donné des orientations et les viticulteurs de la côte chalonnaise « espèrent que le cahier des charges sera clarifié avant la récolte 2011 ».
Plus spécifique à la coopération, il revenait sur un dossier fiscal : la modification de la « méthode Verdier qui comptabilise les stocks » des coopératives. Il expliquait que la Fédération était intervenue car « certaines exploitations imposées aux réels simplifiés pouvaient avoir des soucis ». Il invitait donc tous les coopérateurs à attirer l'attention des comptables sur comment « se traduit maintenant l'étalement fiscal sur sept ans de cette sur-imposition ». Il expliquait ensuite la tentative de simplification par les pouvoirs publics au niveau des capsules congés, qui s'est finalement soldée par « une capsule congé de plus, couleur lie de vin, qui devrait apparaître ». Drôle de simplification donc. L'informatisation des caves, l'Esca, le retrait de l'amendement du député Arthuis sur la fiscalité des coopératives, la venue de la télévision chinoise, une action dans laquelle s'est beaucoup investie la Fédération... sont autant de dossiers qui ont mobilisé tout au long de l'année.