Vers des records de valorisation
confirmait la bonne santé de ses marchés pour la campagne 2012/2013 qui
pourrait atteindre des records de valorisation. Ce qui ne l’empêchait
pas de réfléchir à l’avenir en cherchant à savoir comment relancer la
production de vins rouges. Si la Cité des vins de Bourgogne devrait
contribuer à mieux valoriser l’œnotourisme régional demain, la filière
faisait une démonstration de ses forces dans l’économie bourguignonne
d’aujourd’hui.
C’est pourquoi le président de la chambre régionale de commerce et d’industrie, Benoit de Charette, faisait le meilleur plaidoyer.
10 % du PIB de la Bourgogne
Le dirigeant de la Maison Albert Bichot expliquait que « vue de l’extérieur, les gens extrapolent sur l’importance de cette Bourgogne des vins. Mais vue de l’intérieur, on la minimise voire jalouse ». Il décomposait alors la filière. Si le "cœur" de l’économie –production, transformation, commercialisation des vins– représente 3,5 % du PIB bourguignon (20.000 salariés et 1,5 milliard d’€ de chiffre d’affaires), il rajoutait immédiatement les industries « amonts et annexes » contribuant également pour 3,5 autres pourcents du PIB de la Bourgogne. Plus difficilement quantifiable, la Recherche et les formations et même l’œnotourisme (hôtellerie, restauration, service) amenait le « poids de la filière entre 9 et 10 % » du PIB régional. Une véritable « puissance de frappe » et « d’entrainement » de l’ensemble de l’économie qui n’a pas d’équivalent –« même en Champagne »– ou hormis dans le Bordelais.
[WEB]Pour profiter de ce formidable « vecteur d’attractivité », la « complexité historique et la mosaïque de Climats » prend tout son sens auprès de jeunes adultes en quête d’autre modèle que la culture globalisée mondiale. La clé d’entrée réside dans la « vérité du terroir » « d’être le berceau historique de deux cépages mondialisés » (chardonnay et pinot noir). Exportés dans 170 pays, les vins de Bourgogne sont « porteurs d’un art de vivre » en phase avec nombre de sociétés modernes. Encore faudra-t-il savoir transmettre un patrimoine intact (Climats, foncier…), sans craindre les convoitises (rachat du château de Gevrey), tout en surveillant les plantations mondiales « de nos cépages » ou les filières « connexes » (imprimeurs, tonneliers…). Des observatoires sont ou devraient être mis en place en ce sens au BIVB.
Pierre Henri Gagey rajoutait en guise de conclusion et perspective : « notre profession –rurale mais très ouverte sur le monde– n’est peut-être pas suffisamment présente dans nos grandes capitales (Mâcon, Chalon, Auxerre…) ». La Cité des vins à Beaune devra théoriquement permettre d’orienter les touristes dans toute la Bourgogne viticole…[/WEB]
La Bourgogne sur les bases des records de valorisation de 2008
Les marchés des vins de Bourgogne vont « bien ». Le président-délégué, Michel Baldassini l’expliquait par « des équilibres très bons ».
Si les marchés sont porteurs, la production a surtout connu des « petites années en série » côté volume, affaiblissant les stocks. Les vins rouges sont même « vraiment déficitaires ». Parallèlement, la demande des marchés exports est de plus en plus forte. Sur les quatre premiers mois, le record de 2008 est même battu (214,5 Millions d’€). L’exportation (+4,3 % en volume ; +0,7 % en valeur) bénéficie donc de la reprise américaine notamment. Le marché français (+5 % en vol. ; +6 % en val.) confirme que la Bourgogne « monte en gamme », sauf certaines régionales et communales. Les Crémants de Bourgogne connaissent eux aussi un « ralentissement » (-2,4 % en vol. et val.) car souffrant d’une pénurie de vins de base. Partout, les stocks sont « bas » (-11 % par rapport à 2011), surtout après la récolte 2012 (-20,4 %). Les volumes échangés jusqu’à ce mois de mai sont donc logiquement en baisse (717.798 hl) de près de -11 % par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes. Effet accentué sur le millésime 2012 (589.443 hl ; -19 %) comparativement aux échanges du millésime 2011.
Les cours sont toujours « tendus » et en croissance : Gevrey-Chambertin (+41 % ; 1.544 €/pièce de 228 litres), Pommard (+64 % ; 1.331 €/pièce), Chablis (+22 % ; 499 €/pièce), Bourgogne rouge (+30 % ; 354 €/pièce)… Le président, Pierre-Henry Gagey appelait tous les opérateurs à « rester prudents » notamment sur les « répercussions aux consommateurs ». « Il faut souhaiter une récolte 2013 normale », concluait Michel Baldassini[WEB], car « les sorties de propriétés 2012-13 sont en recul de -6 % par rapport à 2012/11, surtout au niveau des vins rouges »[/WEB]. La hausse des cours n’ayant pas compensé partout les pertes de récoltes.
Vers une relance de la production de vins rouges ?
« Donnez-nous la gouvernance et on plantera avec vous », réclamait Louis Fabrice Latour pour la famille négoce. « Donnez-nous une vraie sécurité de valorisation et on verra », lui rétorquait Gérard Maître pour la viticulture. La 2e table ronde –pour savoir comment relancer la production de vins rouges en Bourgogne– a été riche en débats.
Le directeur du Pôle Marché & Développement, Philippe Longepierre débutait sur les raisons du "blanchiment" récent : opportunités sur les marchés de vins blancs ; réalités techniques ; régression des rendements de vins rouges… Sans oublier la croissance de la part des Crémants de Bourgogne et les pertes de récolte sur pinot dues à la pression des maladies ces dernières années.
En tant que président du Syndicat des Bourgognes, Gérard Maitre repositionnait le contexte : « en 1999, on comptait 2.100 ha d’AOC Bourgogne rouge. En 2012, c’est seulement 18 ha de moins ? En Bourgogne blanc, 1.086 ha contre 1.028 ha. Il n’y a donc pas eu changement de couleur ! » des régionales. Mais, dans le même temps, les passetougrains perdaient 614 ha alors que les surfaces engagées en Crémants passaient de 721 ha à 2.012 ha, « dont 700 ha de pinot noir ». Le débat était alors repositionné. Après avoir rappelé que « les marchés rougissent » actuellement, Philippe Bardet de la Maison Louis Max contrattaquait avec la « chance d’avoir de nouveaux outils » - en Grande Bourgogne fallait-il comprendre - avec les « coteaux bourguignons » qui « vont fonctionner » au vu des premières « réponses des marchés anglosaxons », s’avançait-il. Derrière, le négoce a surtout l’idée « d’organiser le bas de la pyramide » (régionales identifiées, rendements, crémants…). Le président du Syndicat des négociants (et de la FEVS), Louis Fabrice Latour enfonçait le clou : « le monde a besoin de bons vins rouges, fins, délicats. On raisonne par bassin de rouge et non pas de noir, incluant donc le beaujolais. Pour nous, les bourgognes pinot noir ou gamay sont au-dessus des coteaux bourguignons ».
Le président de la Commission Marché & Développement du BIVB, Frédéric Mazilly insistait alors sur les itinéraires techniques pour assurer des vins de qualité tout en sécurisant le vignerons et permettant aux consommateurs d’avoir « des références non standardisées mais homogènes » avec un parcours œnologique adapté. « Au niveau du Pôle, le problème de la contractualisation revient régulièrement mais reste encore un problème financier, avec des coûts de production », lâchait-il. Gérard Maître réclamait donc une « vraie contractualisation » –sans intégration– avec un « vrai engagement du négoce ». Ce qui forcément pose la question de la concurrence entre tous les opérateurs… « Un niveau de qualité et de prix minimal est indispensable », évoquait donc Philippe Bardet. « On veut franchir la barrière des 10 €, 19$, 11£ pour un Bourgogne rouge, s’avançait Louis-Fabrice Latour, qui pourtant reconnaissait peu avant ne pas en mesurer toutes les conséquences » pour ces entrées de gammes bourguignonnes, qui n’en sont pas sur les marchés mondialisés. « La Bourgogne n’est pas que dans une niche », rappelait Gérard Maître. « De deux tiers à trois quarts des appellations rouges sont commercialisées par le négoce. Nous voulons une gouvernance partagée du potentiel de production, via ODG ou structure ad hoc », réclamait Louis Fabrice Latour. « Il reste des surfaces importantes dans nos appellations. Si la valorisation avait été tout le temps au rendez-vous, il y aurait eu plus de plantations vers ces orientations », lui opposait en fin de non recevoir le président du Syndicat des Bourgogne.
Deux futurs présidents côte d’oriens ?
Le trésorier du BIVB, Christophe Ferrari présentait le projet de budget 2013/14 –sur la base de sorties estimées à 1,4 millions d’hl– permettant de financer les 8 millions dédiés aux actions et les 4 millions d’€ de charges fixes. « Pour 100 € de cotisation, 60 % sont pour la communication, 17 % pour la technique et 5 % pour l’économique », aime-t-il à rappeler. Pour atteindre les objectifs du Plan Bourgognes Amplitude 2015, votée, une hausse de 1,2 % sera appliquée aux cotisations 2013/2014. Le BIVB a également voté l’Accord interprofessionnel triennal, « ne comportant pas de changement majeur » et de nouveaux statuts, lui permettant de gérer le « fonds de solidarité contre la flavescence dorée ». Jean-Michel Aubinel insistait d’ailleurs sur la « problématique de communication » avec l’émergence de polémiques –interne et grand public– suite aux insecticides obligatoires. Il réclamait des préfets « d’expliquer » aux populations locales le caractère obligatoire des traitements afin que « les viticulteurs ne passent pour des empoisonneurs alors qu’ils n’ont pas le choix ».
A la fin de la partie statutaire, chaque famille présentait ses candidats pour la prochaine élection. La futur "coprésidence" pourrait être le duo Claude Chevalier et Louis-Fabrice Latour, respectivement désignés par la CAVB et l’Union des négociants.