Accès au contenu
Portes ouvertes Farminove SENOZAN
Cave de Lugny

Vers des records durables

La cave de Lugny a franchi la barre des 30 millions d’€ de chiffre
d’affaires. Un record - revenant à tous les coopérateurs et équipes de
la cave - qui vient également saluer la fin de vingt années de présidence
de Michel Baldassini. Désormais, la coopérative se tourne vers le
développement durable, nécessaire pour accéder à certains grands
marchés. Une démarche pas tout à fait nouvelle en réalité…
Par Publié par Cédric Michelin
122774--Cave_Lugny.JPG
« Plus de 100.000 hl sont sortis de nos chais, dont 6.700.000 bouteilles, durant l’exercice comptable 2010/2011. Cette tendance s’est confirmée par la suite puisque sept millions de bouteilles ont été commercialisés sur l’année civile ». En ce 19 mars, le président de la cave de Lugny, Michel Badassini égrenait les performances de la coopérative, réunie en assemblée générale à Montbellet. Proche de celui de 2007, ce nouveau record permet au chiffre d’affaires d’avoisiner les 30 millions d’€, et surtout de dégager 83.000 € de résultat net. C’est le vrac qui a tiré cette croissance (49.668 hl), puisque le nombre de cols vendus est stable (+1 %). Les stocks de vins s’élèvent désormais à 76.000 hl. Ces derniers sont composés à 76 % par le millésime 2010 et à hauteur de 17 % pour les vins millésimés 2009.

« Juste » en crémants


Avec la reprise des exportations après une année « difficile », les cours sont en légère hausse par rapport aux 2009. La fourchette se situe entre 500 et 550 € la pièce pour les vins blancs. Les bourgognes rouges ont trouvé preneur entre 600 et 620 € la pièce. Les mâcon rouges restent dépendants des cours des beaujolais, région « qui ne voit pas le bout des difficultés » et qui est sous l’influence de « certains metteurs en marché peu scrupuleux du devenir des viticulteurs ».
Une situation « préoccupante » aux yeux de Michel Baldassini qui, en tant que président délégué du BIVB, cherche aussi à préserver « l’équilibre » des appellations régionales au sein de la Grande Bourgogne, « soutenue » jusque-là par la demande en crémants de Bourgogne. D’ailleurs, la cave lançait un appel à ses coopérateurs pour augmenter les surfaces inscrites. Edouard Cassanet, le directeur, pense que la récolte 2012 pourrait être un peu « juste » en crémants, alors que le potentiel de production des outils de la cave peut monter jusqu’à 1.200.000 cols. « Les crémants connaissent un franc succès justifiant ainsi le bien-fondé de notre investissement à Chardonnay. Point faible cependant, le prix des bouteilles en Grande distribution (GD) ou à l'export en raison de la concurrence terrible », analysait Michel Baldassini.

La force de l’équilibre


Néanmoins, pas d’emballement. La stratégie autour de la bouteille (50.873 hl) se veut « réfléchie » et construite autour d’une « stabilité dans le sens de la progression ». « Pas de révolution » donc, mais bien la recherche de développements « équilibrés » entre vrac et bouteilles et entre France (39 % en GD ; 19 % circuit traditionnel) et export (41 % des volumes). Cet équilibre est même recherché plus finement. Pour la GD, tous les principaux acteurs du secteurs sont clients (24 % SPAL ; 14 % Hard Discount ; 13 % Leclerc ; 12 % Casino ; 11 % Carrefour ; 10 % Auchan ; 7 % Cora). Seul bémol, la "dépendance" au Royaume-Uni (48 % des volumes exportés). « Cette situation nous fait peur car le pays n’est pas dans la zone de l’euro ; a une politique de taxes sur les alcools ; a des crises différentes de nous ; et ce sont des Anglais ! », finissait par en rire le directeur. La valorisation sur ce pays est aussi problématique. Pour remplacer ces volumes, la cave cherche à aller sur d’autres pays (13 % Belgique ; 12,5 % Etats-Unis ; 7 % Hollande), mais « cela ne va pas aussi vite que l’on pensait », explique Edouard Cassanet, en pensant notamment à l’Asie. La cave a néanmoins retrouvé un importateur américain « performant ». L’Europe « n’est pas négligée » ; le Japon (3 %) « surprend » et pourrait « doubler » ces achats en volume « dans les deux ans », un peu à l’image des « résultats spectaculaires » réalisés par les mâcons villages et les crémants de Bourgogne en Australie. La récompense du magazine Decanter n’est pas étrangère à ce succès même si cela n’a pas été le « jackpot » mais cela a été surtout « bon pour la réputation ». La cave croit en l’export. Elle va investir 1.400.000 € sur trois ans, aidé à hauteur de 50 % par FranceAgriMer dans le cadre de la promotion en dehors de l’Europe. Les actions porteront sur quatre pays : Amérique (+26 %), Russie (+16 %), Canada et Australie (+144 %).

Modernisation, voire restructuration


Loin de la carte des négociants, 90 % des bouteilles vendus reposent sur huit références, dont 900.000 hl en 2011 pour les seuls crémants. D’où l’idée de continuer, les lieux-dits et communes (1 million de cols) qui se positionnent en face des crus du secteur et des vins de Chablis. Reste les mâcons villages et les bourgognes blancs (3.700.000 cols) en « forte progression », mais à faible valorisation.
Une vision de l’aval qui ne doit cependant pas masquer les besoins de modernisation des outils coopératifs comme le prouvent les « coûts de vinification qui augmentent ». Après deux décennies à la tête de la cave, Michel Baldassini donnait un dernier conseil : « si depuis trois ans, les investissements ont pris l’allure de gros entretiens, il vous faudra dans le temps compter sur les mécanismes européens (OCM vitivinicole) pour positionner les futures réalisations ».

Transmettre des outils durables


« Pour relever ce défi » et d’autres encore, le candidat à la succession, Marc Sangoy, annonçait d’ailleurs le lancement de « réflexions » pour « obtenir la meilleure valorisation de notre production et définir nos orientations pour les dix prochaines années » : faire progresser les lieux-dits, les terroirs, trier à la parcelle, communiquer sur ces avancées, réduire la distance du quai au pressoir, raisonner les travaux dans les trois chais pour maîtriser les charges… En tout cas, tous ces développements se voudront durables. « Comment vivre et se développer de nos jours sans compromettre l’avenir de nos enfants ? », interrogeait-il. Finalement, « c’est un peu ce que l’on fait déjà », concluait-il après avoir développé les trois sens du mot durable en Bourgogne : économique, environnemental et social. Reste encore à trouver la « bonne reconnaissance bénéfique » - « sans multiplier les chartes et les logos » - pour permettre aux coopérateurs de s’épanouir sur ces trois volets.
Un « subtil équilibre » qui n’est pas sans rappeler la « maîtrise des rendements » qui a permis à la cave de Lugny d’être « réputée », « organisée » et qui a contribué à « améliorer l’image que véhiculent aujourd’hui les vins mâconnais à travers le monde », concluait dans ses remerciements à tous, Michel Baldassini.

Images