Vers l’autonomie fourragère
Tester le pâturage tournant
Le pâturage tournant a ainsi été « expérimenté » sur une parcelle de la ferme de six hectares. La surface a été divisée en cinq paddocks à l’aide de clôtures électriques mobiles. La parcelle a reçu un lot de 25 génisses d’un an qui sont passées de paddock en paddock.
« La méthode consiste à augmenter au maximum le chargement à un endroit pour faire du stock ailleurs. On fait pâturer jusqu’à ce que la hauteur d’herbe descende à environ 5 cm. Au-delà, cela risquerait d’abîmer la plante », explique Frédéric. L’éleveur surveille ainsi jour après jour l’évolution de l’herbe pâturée. Dans la parcelle redécoupée, le chargement instantané est ainsi plus élevé qu’en pâturage classique (0,35 à 0,40 are/UGB contre 0,50 habituellement). Contrairement à ce qui se passe en pâturage continu, les bovins ne laissent aucun refus. L’herbe est mieux valorisée, à un meilleur stade. Et pendant que les bovins sont contenus dans les parties pâturées, le reste de la parcelle se reconstitue ou évolue en foin. « S’il n’y avait pas eu de sécheresse, grâce au pâturage tournant, j’aurais pu récupérer une partie de la parcelle pour la fauche. J’ai tout de même gagné une semaine d’affouragement », confie Frédéric.
Une économie de 10 ares par UGB
Cette première tentative a été concluante pour l’éleveur. « Le passage au pâturage tournant ferait ainsi économiser 10 ares par UGB sur mon exploitation », calcule Frédéric. De quoi améliorer nettement l’autonomie fourragère. Un progrès en quantité et en qualité qui pourrait être déterminant face aux aléas climatiques, analyse l’éleveur. En 2011, le pâturage tournant a été conduit jusqu’en juin. Durant la période de sécheresse, le lot de génisses a pu être affouragé une semaine de moins que les autres animaux de la ferme et cela « sans mettre en péril les croissances », précise Frédéric. Au retour de la pluie, la méthode a même été reprise jusqu’au 1er novembre.
Lourd à mettre en œuvre
Cette année, Frédéric reconduit l’essai avec cette fois un lot de vaches à veaux. La surface a été portée à onze hectares. Grâce à la meilleure valorisation de l’herbe, l’éleveur espère « que ses vaches auront un meilleur lait profitable pour une meilleure croissance des veaux ». Si l’expérience est encore positive, le pâturage pourra être étendu à une dizaine d’hectares supplémentaires, « mais pas au-delà ». Frédéric précise en effet que le re-découpage de chaque parcelle est assez lourd en main-d’œuvre. Pour les six hectares de 2011, il faut compter 1.200 mètres de clôture électrique. C’est du temps et cela représente aussi un coût. Chaque paddock devant disposer d’un point d’eau et d’un abri naturel pour le confort des animaux. Et puis, la plupart des parcelles de cette exploitation du bord d’Arroux étant inondables, il faudrait monter et démonter ces clôtures chaque année. Sans compter qu’une crue est toujours possible jusqu’en mai, confie Frédéric.
(1) "Avenir Viande" est une approche technique et économique qui permet de relier les performances du cheptel et le fonctionnement du système fourrager aux résultats économiques. Le but étant de maîtriser les coûts de production.
Herbomètre et somme des températures
De précieux outils de décision
Durant la pousse printanière, Frédéric Demeule utilise un herbomètre (voir photo) que lui prête la chambre d’agriculture. « La mesure de la hauteur d’herbe est intéressante pour prendre les décisions : notamment au lâcher des animaux et à la fauche de l’enrubannage. Elle nous permet de quantifier les stocks sur pied ». L’éleveur s’appuie également sur les sommes de températures communiquées par l’intermédiaire d’"Herbe Hebdo". « Ces outils m’ont tout de suite intéressé parce qu’ils me permettent d’optimiser la production de mon exploitation en récoltant toujours au bon stade. Mon objectif, c’est de faire un fourrage en quantité et en qualité », confie Frédéric.
La méthode Herbo-LIS
Mise au point par Arvalis - Institut du végétal, la méthode Herbo-LIS® « valorise des modèles de production fourragère pour aider l'éleveur dans sa gestion des pâturages ». Elle repose sur l'utilisation d'outils simples (Herbomètre, Herbopocket) pour une mise en œuvre aisée par les éleveurs. Le principe est d'adapter la conduite du pâturage aux conditions de l'année et d’aider l'éleveur à répondre aux questions : « à quelle date faut-il mettre les animaux à l'herbe ? Quand fermer le silo ? Quelles parcelles faucher ? Quand faut-il apporter les fourrages conservés ? ». La méthode s'appuie sur trois indicateurs : le stock d'herbe disponible, le stock d'herbe utilisable et les jours d'avance de pâturage.
En réalisant régulièrement des mesures de hauteur d'herbe à l'aide de l'Herbomètre, l'éleveur évalue le stock d'herbe disponible. Par un calcul simple, il peut en déduire le stock d'herbe utilisable et le traduire en jours d'avance de pâturage ; une notion pratique pour refléter le potentiel fourrager dont il dispose à un instant donné.