Accès au contenu
Installations classées en production porcine

Vers un nouveau régime d’enregistrement

Bien qu’elles ne soient pas encore officialisées, l’une des conclusions
des groupes de réflexion sur l’avenir de la filière porcine devrait
porter sur la modification du régime des installations classées avec la
création d’un régime d’enregistrement entre 450 et 2.000 places de porcs
charcutiers ou équivalent.
Par Publié par Cédric Michelin
126237--Logo_vpf_porc_francais.jpg
En dépit d'une accalmie sur le front de l’aliment du bétail, « les producteurs de porcs continuent de souffrir », estime Jean-Michel Serres, le président de la Fédération nationale des éleveurs de porcs (FNP). A 1,50 €/kg de carcasse, le prix à la production ne couvre pas les charges évaluées à 1,80 €/kg, ce qui n’encourage pas les éleveurs à investir et à moderniser leurs élevages, ni même à procéder aux mises aux normes. Selon le ministère, 70 % des éleveurs seraient désormais en règle, mais la FNP estime que l’état des lieux définitif ne pourra être fait que fin juin, « en raison de l’embouteillage chez les fournisseurs ». Ainsi, au final, près de 90 % des éleveurs devraient avoir fait les aménagements nécessaires. Restent donc les 10 % qui ont arrêté ou arrêteront l’activité dans les six mois à venir.
Attendues fin janvier, les conclusions du groupe de travail "Ecologie et Economie de l’élevage", créé par le ministre de l’Agriculture dans le cadre de la réflexion sur le plan stratégique pour la filière porcine, devraient être rendues publiques fin mars début avril et pourraient susciter quelques espoirs.
Selon Jean-Michel Serres, l’une des propositions fortes porterait sur la création d’un nouveau régime d’enregistrement pour la création d’élevages, lequel permettrait d’éviter l’enquête publique. Entre le régime de déclaration à 450 places de porcs charcutiers (ou équivalent) et le régime des installations classées à 2.000 places qui correspond au régime européen, les éleveurs seraient soumis à un régime d’enregistrement plus souple. « Cela redonnerait du moral aux éleveurs et leur éviterait un vrai parcours du combattant », ose espérer le président de la FNP. Encore faudrait-il que les préfets « ne reclassent pas le dossier en enquête publique » et que les contenus des dossiers soient « homogènes » d’un bassin de production à un autre, ce qui n’est pas le cas actuellement, y compris dans un même département. Autre demande des éleveurs : que les associations qui entament des recours contre la création d’élevages soient obligées de déposer une caution au préalable, ce qui éviterait souvent des tentatives abusives lesquelles retardent considérablement la mise en production.

Origine nationale


Sur le sujet de la traçabilité, la FNP entend que des leçons soient tirées du scandale de la viande de cheval pour aller plus loin en matière d’étiquetage des viandes porcines. Certes un accord a été signé au sein de l’interprofession en décembre 2010 sur la mention de d’origine nationale de la viande porcine et la mention VPF, mais il est très inégalement appliqué. Aussi la FNP revendique un accord européen en ce sens sur les viandes fraîches et les produits transformés, et non plus une identification UE/non UE comme le prévoit actuellement la Commission européenne. « Le consommateur est sensible au pays d’origine », avertit Jean-Michel Serres. Interrogé sur la condamnation par l’Autorité de la concurrence de huit abatteurs bretons qui avaient mis en place des procédures d’entente pour baisser les prix à la production, la FNP estime « normal » qu’ils soient sanctionnés, mais « cela tombe au plus mauvais moment », ajoute-t-il à cause de la mise en redressement judiciaire de l’entreprise Gad, du groupe coopératif Cecab... Il n’exclut pas la fermeture de l’un des deux abattoirs de l’entreprise, regrettant au passage que des propositions concrètes et concertées en matière de restructuration des outils d’abattage n’aient pas été faites. « Chacun se regarde et attend que le plus fragile tombe » déplore-t-il. Une restructuration qu’il estime inéluctable en raison du recul de la production porcine dans le Grand ouest et de la Bretagne en particulier depuis une dizaine d’années.


Contre le retour des farines animales


« Il est surprenant que Bruxelles ne se rende pas compte de l’opinion publique vis-à-vis des farines animales », estime la FNP qui se montre très réservé sur leur réintroduction dans l’alimentation des animaux d’élevage. Aujourd’hui les poissons, demain le porc et la volaille comme l’envisage la Commission européenne. Ceci étant, le retour des protéines animales transformées en Europe ne manquera pas d’aggraver les distorsions de concurrence entre pays, entre ceux qui les utiliseraient et ceux qui continueraient à les refuser comme la France...