Vers une stratégie européenne en matière de protéines végétales
Réunis le 18 novembre à Bruxelles, les ministres de l’Agriculture des Vingt-sept sont convaincus de la nécessité de relancer la production de protéines d’origine végétale pour réduire le déficit structurel en la matière.

Après avoir eu un échange avec le ministre de l’Agriculture ukrainien, Vitalii Koval, sur la situation des marchés agricoles, les ministres de l’Agriculture des Vingt-sept, réunis le 18 novembre à Bruxelles, se sont penchés sur le déficit européen en matière de protéines végétales. Sur la base d’une note des délégations allemande et danoise, soutenue par la République tchèque, l’Estonie, l’Irlande et le Luxembourg, tous les ministres sont tombés d’accord sur la nécessité de mettre en place une stratégie européenne en matière de protéines, tant pour l’alimentation humaine que pour l’alimentation animale. Au cours des années récentes, la Commission européenne, les institutions européennes et les États membres se sont mobilisés pour augmenter la production et la consommation de protéines d’origine végétale. Les rapports n’ont pas manqué y compris au Parlement européen. Le 9 avril dernier encore, les ministres de l’Agriculture des Vingt-sept ont procédé à un échange de vues sur les options possibles pour améliorer la situation de l’approvisionnement en protéagineux dans l’Union européenne et ont exploré les instruments politiques pour accélérer la diversification de la production de protéines. Il faut reconnaître que les actions à engager et les résultats ne sont pas au rendez-vous, les cultures de protéagineux manquant de profitabilité par rapport aux céréales chez les agriculteurs. Une nouvelle fois les ministres estiment nécessaire d’adopter une stratégie dépassant le cadre national. « Nous devons inciter les producteurs à cultiver plus de protéagineux et les soutenir à travers des aides financières couplées, l’amélioration des conseils techniques agronomiques et l’innovation technologique, mais nous devons également valoriser nos pâturages et l’élevage des ruminants qui font partie du modèle agricole européen », a résumé Martine Hansen, la ministre de l’Agriculture luxembourgeoise.
Intérêt climatique
De plus, la réduction de la dépendance aux importations et du déficit commercial en matière de protéines avec les pays tiers, le développement de la production de protéines végétales sur le sol européen ne serait pas sans conséquence sur le climat et la biodiversité. Cette option réduirait l’impact de la consommation de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux sur le climat, l’environnement et la nature, tout en offrant de nouvelles sources de revenus aux agriculteurs, selon les États membres. La France soutient cette stratégie de développement des protéines végétales, y compris pour l’alimentation humaine. Mais elle attire l’attention sur le fait que le développement des alternatives végétales doit se faire en complémentarité avec les protéines d’origine animale. Bref, éviter toute confusion ou tromperie du consommateur en matière de dénomination des produits alimentaires issus de produits végétaux. Quant au Commissaire à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, il a rappelé l’engagement de longue date de la Commission à revoir la législation concernant les protéines. Cela devrait déboucher sur la création d’un plan d’action de l’Union européenne pour les aliments d’origine végétale à l’horizon 2026 dans le cadre du dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture de l’UE, publié en septembre 2024.