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Congrès FNB à Anse (69) les 5 et 6 février

Viande bovine : la FNB pousse les OP à s’associer

Pour peser face à la grande distribution et à Bigard, les éleveurs de la FNB veulent que les organisations de producteurs (OP) s’associent en AOP, à l’instar de ce que projettent de faire les producteurs de porc de l’UGPVB. Le congrès de la FNB se tiendra à Anse, tout près de la Saône-et-Loire, dans le Rhône, du 4 au 6 février.

Par Publié par Cédric Michelin
Viande bovine : la FNB pousse les OP à s’associer

Afin de renforcer leur poids dans les relations commerciales, les éleveurs de bovins viande de la FNB (affiliés à la FNSEA) enjoignent les organisations de producteurs (OP) à collaborer davantage, et notamment à créer une association d’OP (AOP). C’est ce qu’ils ont annoncé le 15 janvier, en amont de leur assemblée générale les 5 et 6 février à Anse (Rhône), qui portera particulièrement sur ce thème. « Notre ambition, c’est qu’une vraie ambition de création d’AOP soit annoncée au Salon de l’agriculture », a expliqué le président de la FNB Bruno Dufayet. « Face à un acteur ultra-dominant (le groupe Bigard, NDLR), il faut une réaction collective. Il faut créer une seconde force qui veut aller chercher de la valeur ».

La filière bovine compte une soixantaine d’OP commerciales et une trentaine d’OP non commerciales. Les possibilités offertes aux AOP ont été renforcées par le règlement européen Omnibus et pourraient l’être à nouveau dans la prochaine Pac, avec l’extension des programmes opérationnels à de nouvelles filières (après les fruits et légumes et la vigne). C’est notamment la raison qui pousse les groupements de producteurs de porcs de l’UGPVB à travailler actuellement à la création d’une telle AOP. Mais l’Union se plaint d’être freinée par une administration française effrayée par le droit de la concurrence.

Un « prix abusivement bas » pas encore utilisable

Autre demande adressée par la FNB aux OP : qu’elles proposent des prix à leurs acheteurs, sans quoi le dispositif de « prix abusivement bas », renforcé par la loi Egalim, ne peut s’appliquer, regrettent les éleveurs. « Ce levier ne peut être utilisé que s’il y a une proposition de contrat faite à l’acheteur de l’OP, explique Bruno Dufayet. Et c’est en fonction de la réponse qui est faite par l’acheteur que peut être enclenché le mécanisme ». « Pour utiliser cette mesure, il faudrait déjà qu’il y ait un accord sur un contrat », étaye Patrick Benezit, secrétaire général adjoint de la FNSEA. Or, seul 1 % de la filière bovins viande pratiquerait la contractualisation actuellement. « Ce qui bloque, par rapport au lait par exemple, ce sont les habitudes de fonctionnement de la filière », ajoute un responsable syndical. La FNB ne plaide pas pour autant pour l’utilisation de cette mesure devant les tribunaux, mais qu’elle pèse dans les discussions.

Cette stratégie intervient dans un contexte de marché toujours morose ; l’Institut de l’élevage prévoit pour 2019 une baisse du revenu moyen des éleveurs spécialisés de 2.000 euros par rapport à 2018, grevé notamment par les prix (3,48 euros le kilo, toutes catégories), selon la FNB.

Mais, plus récemment, l’ambiance de la filière a pu se détendre autour de la visite d’Emmanuel Macron en Chine, à l’occasion de laquelle il a partagé un morceau de viande bovine avec le président chinois Xi Jinping, entrainant un buzz autour de la viande bovine française chez les consommateurs chinois. Pour Guy Hermouët, une dynamique s’est enclenchée chez les industriels, dont Bigard, souvent accusé d’être frileux à l’export notamment en Chine. « Ils y croient maintenant que le président a fait tout le travail ». Selon l’éleveur, les relations se pacifieraient d’ailleurs avec la FNB : « Ça reste compliqué avec Jean-Paul Bigard, mais on discute plus facilement avec le groupe qu’il y a deux-trois ans. Ce qu’a fait le président a certainement changé le comportement de Jean-Paul Bigard ».