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Races rustiques

Vigilance sanitaire lors des achats !

Avec l’essor des maladies émergentes, il faut être particulièrement vigilant lors des achats d’animaux. Un impératif qui vaut également pour les éleveurs optant pour une race rustique telle que l’Aubrac dont les spécimens proviennent le plus souvent du sud du Massif central.
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Le 16 avril dernier aux Guerreaux, l’association Centre Est Aubrac faisait le point sur les maladies émergentes avec la participation de Cécile Chuzeville du GDS 71. Le succès des races rustiques telles que l’Aubrac ou la Salers amène des éleveurs à se fournir en animaux dans des régions éloignées. Avec l’essor des maladies émergentes telles que la besnoitiose, le virus de Schmallenberg ou des maladies plus anciennes telles que la paratuberculose ou encore le BVD, l’introduction d’animaux issus d’autres régions nécessite des précautions particulières et une vigilance accrue. D’où la soif d’informations manifestée par les éleveurs d’Aubrac, dont les animaux proviennent souvent du berceau de race, à savoir le sud-est du Massif Central.
La besnoitiose est une de ces maladies émergentes (lire à son sujet notre édition du 10 mai en page 6). Elle remonte depuis le sud, principalement via les mouvements d’animaux. Présente en Italie et en Espagne, elle touche aussi les régions du Languedoc-Roussillon, de Midi-Pyrénées, d'Auvergne, d'Aquitaine et progresse désormais jusqu’au nord de Rhône-Alpes… Le cœur du berceau Aubrac en fait partie. En Saône-et-Loire, un cas "clinique" a déjà été recensé dans le sud du département, avertissait Cécile Chuzeville.
Autant dire que la plus grande vigilance est requise pour tout ce qui est échanges ou mouvements d’animaux. Surtout qu’il n’existe pas de vaccination, ni remède curatif probant pour l’heure, mettait en garde la technicienne.

Contrôles à l’introduction


La prévention de cette maladie nouvelle (lire encadré) souffre d’une méconnaissance de la réalité sur sa présence dans les différentes régions. N’étant pas soumise à déclaration obligatoire, la besnoitiose ne fait pas trop parler d’elle… Dès lors, les plus grandes précautions sont requises lors des achats d’animaux dans les régions touchées.
En cas d’achat, il est recommandé « de se mettre d’accord avec le vendeur sur les contrôles à réaliser à l’introduction », conseille Cécile Chuzeville. Pour cela, il existe un « billet de garantie conventionnelle », sorte de contrat de vente qui stipule les analyses à réaliser sur les maladies non réglementées. « Le vendeur s’engage alors à reprendre les animaux en cas de tests positifs », détaille Cécile Chuzeville. « Lorsqu’on s’apprête à acheter un lot complet de génisses, l’idéal c’est de tout faire tester sur place avant le transport des animaux », recommande la technicienne. Pour cela, il existe un autre « billet » qui fixe des « conditions suspensives à la vente » et évite ainsi le rapatriement d’animaux infectés. On peut par exemple décider qu’à partir de deux animaux positifs sur dix en paratuberculose ou besnoitiose, le lot sera refusé.

Sauvegarder le statut favorable


« Quand la maladie est installée, il faut la mettre en évidence sans tarder par une sérologie. D’où l’importance de savoir reconnaître les signes cliniques. Un traitement à base de sulfamides est encore possible dans les premières phases d’évolution de la maladie, mais inefficace dans les stades avancés. Parallèlement, on incite à réformer les animaux séropositifs », détaille Cécile Chuzeville. Le dépistage et le traitement précoce de la maladie a aussi pour but de préserver le statut favorable des autres cheptels. Un statut qui peut se transformer en « atout commercial » tant que la maladie ne remonte pas davantage, estimait la technicienne.

Besnoitiose et paratuberculose


Tout comme la besnoitiose, la paratuberculose est une maladie à surveiller de près lors des achats. Des contrôles à l’introduction sont vivement recommandés à tous ceux qui veulent acquérir des animaux de race Aubrac, insistait Cécile Chuzeville.
La paratuberculose n’est pas une maladie à déclaration obligatoire. Elle est incurable, mais aucune restriction n’est imposée pour la commercialisation des produits viande, indiquait la technicienne. En Saône-et-Loire, un plan d’assainissement a été mis en place par le GDS 71. « La précocité du dépistage est essentielle ; le plan vise à mettre en évidence les cas de paratuberculose le plus vite possible pour orienter les réformes », explique Cécile Chuzeville. Une garantie de cheptel peut être attribuée après deux séries de sérologies négatives (à deux ans d’intervalle) sur tous les bovins de plus de 24 mois. Cette garantie est un plus pour la vente d’animaux reproducteurs de certaines races (limousine, aubrac).

BVD très répandue


Le BVD, ou maladie des muqueuses, est très répandue aujourd’hui. Un plan d’assainissement existe pour cheptels atteints. La vaccination du cheptel reproducteur - qui existe pour cette maladie - reste vivement recommandée, informait Cécile Chuzeville. Cette vaccination, couplée avec des contrôles d’introduction, permet de maîtriser cette maladie dans les cheptels. La prudence doit être plus particulièrement de mise pour les achats de vaches pleines (qui peuvent porter un IPI), mettait en garde la technicienne du GDS.


Besnoitiose
Une nouvelle maladie parasitaire


La besnoitiose est une maladie parasitaire vectorielle qui touche les bovins. Elle se transmettrait d’un animal à l’autre par certaines espèces de mouches (stomoxes). Le bovin contaminé fait office de réservoir. La maladie se manifeste d’abord par de la fièvre. Le bovin s’isole et fuit la lumière (photosensibilité). La seconde phase de la maladie se visualise par la présence d’œdèmes. Au troisième stade, la peau de l’animal s’épaissit « comme du carton » (sclérodermie) ; il perd ses poils et des kystes apparaissent, notamment sur la face de l’œil. Le premier cas détecté en Saône-et-Loire concernait un cheptel mixte charolais et quelques aubrac. 40 % des animaux ont été testés positifs et trois animaux ont succombé à la maladie. Aucun cas n’a toutefois été recensé dans le voisinage ce qui traduit une contamination plutôt intracheptel.




Paratuberculose
« Elle est toujours bien d’actualité »


Responsable d’une inflammation de l’intestin, la paratuberculose a la particularité d’avoir une période d’incubation très longue avec des cas cliniques apparaissant sur les adultes. Par voie transplacentaire, ou via une mamelle souillée de bouse, la contamination se ferait entre zéro et six mois par ingestion d’une mycobactérie présente dans les fécès. Mais la séropositivité ou les manifestations cliniques n’apparaitraient qu’à partir de 18 mois - 2 ans. La méthode de diagnostic la plus simple est la sérologie. Mais elle manque encore de sensibilité, précisait Cécile Chuzeville. La "PCR" sur matière fécale est plus performante, bien que plus coûteuse. Très peu spécifiques, les "bactérioscopies" seraient à bannir.
La maîtrise de la maladie passe par l’isolement des animaux séropositifs et des cas cliniques qui sont excréteurs. Il est recommandé de ne pas conserver la descendance des animaux infectés du fait du risque de contamination transplacentaire. Comme les mycobactéries responsables de la maladie résistent bien dans les fumiers, ces derniers doivent être épandus sur les cultures plutôt que sur les prairies. On recommande également de chauler les terres acides, indiquait la technicienne du GDS.



Association Centre-Est Aubrac
Victime de son succès !


L’association Centre-Est Aubrac réunit une trentaine d’éleveurs de race Aubrac, dont la moitié sont en Saône-et-Loire. Les autres éleveurs proviennent de l’Allier, de l’Ain, du Jura et des autres départements bourguignons. Depuis quelques années, les effectifs en bovins de race Aubrac ne cessent de progresser au nord de leur berceau d’origine. La Saône-et-Loire compterait aujourd’hui un peu plus de 3.600 bovins de race Aubrac (chiffres 2011), dont six cheptels inscrits. Très prisée pour ses qualités maternelles (vêlage, lait) et sa grande rusticité (performances et adaptation aux conditions difficiles), l’Aubrac est aujourd’hui victime de son succès avec une quasi pénurie de femelles d’élevage. Pour le président de l’association, Didier Perrodin, « le risque est de voir introduire des animaux qui n’ont pas le potentiel ou qui sont impropres à la reproduction ». L’autre difficulté à laquelle sont confrontés les éleveurs d’Aubrac hors berceau, c’est au niveau de la commercialisation des animaux. Si, profitant d’un engouement général pour la race (qualités bouchères, petite carcasse, bonne image…), ils n’ont aucun mal à écouler leurs femelles, en revanche, les éleveurs ont plus de difficulté à valoriser les mâles en ce moment. Mobilisée sur le sujet, l’association reçoit régulièrement des demandes pour des débouchés donnés. Dernier exemple en date : une société de l’Aveyron - qui engraisse des animaux et approvisionne en viande la région parisienne - serait à la recherche d’animaux de boucherie (vaches et bœufs) hors berceau...


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