Vigneron à Prissé, il court 170 km autour du Mont Blanc avant d'attaquer les vendanges !

Avec des conditions météos extrêmement difficiles (vents, pluie, brouillard, froid…), presque deux nuits blanches, il signe un temps de 31 heures, 36 minutes et 48 secondes de course ! Ce trail autour du Mont Blanc est une des courses les plus dures au monde. Avec le double d’inscrits, seuls 2.300 coureurs se sont élancés, après avoir été qualifiés auparavant avec un nombre de points suffisant acquis lors de courses précédentes. Depuis trois ans, il se préparait pour ce premier weekend de septembre. Entrainements depuis 9 mois, courses qualificatives (100 km ; 120 km…) depuis 3 ans et une hygiène de vie irréprochable… depuis trois semaines. « J’ai fait des sacrifices en terme d’alimentation mais par rapport à mon métier de vigneron, je limite les excès d’alcool avant la compétition », plaisante ce bon vivant qui visait "simplement" les 30 heures de course.

Parti le vendredi à 18h30, David Duvert a fini 182e dans la nuit de samedi à dimanche à 2h du matin à Chamonix. « Malgré la fatigue à préparer les vendanges, malgré la météo (tempête de neige à 2.700 m d’altitude ; -9°C ressenti), malgré les aléas (bâton cassé, lampe frontale défaillante…), j’ai réussi à bien respecter mes temps de passage », analyse-t-il, lui qui était allé cet été en reconnaissance du parcours. Bien l’en a pris puisque la météo déplorable ne lui a pas permis de profiter des panoramas et de la beauté des Alpes. « J’ai pris juste plus de temps aux ravitaillements pour me sécher, me changer et récupérer », avec l’appui de "son" équipe dont notamment sa femme, Anne-Sophie. Licencié au club d’athlétisme de Mâcon, David Duvert court sur route depuis 15 ans. Il s’est plus récemment mis aux courses natures depuis 5 ans après avoir vaincu un cancer. « Après la maladie, j’ai pris du recul. Je ne suis pas quelqu’un de stressé par nature. Je positive en permanence ». Il croque donc la vie à pleine dent et comme tout bon coureur, son premier concurrent n’est autre que « lui-même » et l'envie « d’aller au bout de soi » dans le dépassement. Une épreuve aussi physique que mentale donc. Un moteur qui peut être rallumé dans la vie ou son travail à la vigne de tous les jours. « L’UTMB est une épreuve mythique avec beaucoup d’ambiance, beaucoup de coureurs étrangers, un public tout au long du parcours qui vous encourage et une solidarité entre coureurs exceptionnelle. C’est une expérience hors du commun », témoigne-t-il, « content ».

Pas le temps de souffler néanmoins à son retour lundi à Prissé avec ses 13,5 ha de chardonnay à vendanger. « Les vendanges étant plus tôt, j’avais pris les devant et j’ai eu la chance de bien être épaulé », remercie-t-il. Les livraisons à la cave des Terres Secrètes se passent donc sans courir.

Pour l’heure, David Duvert ne compte pas repartir à l’assaut d’un nouveau défi même s’il avoue que la "diagonale des fous", le trail de la Réunion serait un beau challenge. « Peut-être un jour ». Après des années de rigueur, David Duvert semble vouloir maintenant courir avec des amis. « Il y a deux ans, j’ai fait avec un copain le GR20 en Corse en 5 jours et j’ai adoré. Pourquoi pas faire la traversée des Alpes ? ». Hors compétition s’entend. Que par plaisir. Et peut-être avec un autre vigneron pas loin. François d’Haene, le vainqueur 2017 de l’UTMB, « trailer et vigneron » à Saint-Julien, l’a déjà invité par le passé dans son domaine dans le Beaujolais pour une course dans son vignoble… mais toujours « avant une dégustation ». « Un art de vivre » qui permet à ces deux coureurs de « profiter » de toutes les richesses de la nature. C'est là l'essentiel.

La vidéo officielle de l'édition 2017 : https://youtu.be/GLLwo78n_UA