Ensilage d’herbe
Viser la qualité !
L’ensilage est la technique de conservation qui préserve le mieux la
valeur énergétique, mais dégrade le plus la valeur azotée, à moins
d’utiliser un conservateur acide ou un pré fanage poussé. Mais plus le
séjour au sol est long, plus la valeur énergétique est réduite. Tout est
affaire de compromis.
valeur énergétique, mais dégrade le plus la valeur azotée, à moins
d’utiliser un conservateur acide ou un pré fanage poussé. Mais plus le
séjour au sol est long, plus la valeur énergétique est réduite. Tout est
affaire de compromis.
Comme toute matière organique, l’herbe se conserve si l’on empêche le développement de l’activité des bactéries et moisissures qui devraient la décomposer. Conservée par la voie humide (ensilage), l’arrêt de la dégradation du fourrage est obtenu par la combinaison de l’absence d’oxygène (anaérobiose) et d’une acidité suffisante, qui permet de bloquer l’activité des différentes bactéries et moisissures putréfiantes. Le niveau d’acidité suffisant, ou pH de stabilité, est fonction de la teneur en matière sèche de l’ensilage.
Tableau n°1
Ensilez en limitant les pertes
Les pertes de matière sèche lors de l’ensilage ont quatre origines. Deux sont visibles : les jus, quand le fourrage est ensilé à moins de 25 - 27 % de MS, et les parties moisies et inconsommables. Les deux autres sont invisibles, mais représentent la plus grosse partie des pertes : les gaz issus de la respiration puis des fermentations anaérobies, et les reprises en fermentation après l’ouverture du silo.
Au total les pertes atteignent 20 à 25 % pour un ensilage coupe directe, et peuvent descendre à 15 % pour un ensilage ressuyé ou pré fané dans d’excellentes conditions.
Ces pertes de matière sèche s’accompagnent d’une baisse de la valeur nutritive :
- tant qu’il reste de l’oxygène dans le tas et que le pH n’est pas trop bas, la respiration des cellules brûle des sucres. Parallèlement, les diverses enzymes de la plante dégradent les protéines en acides aminés, d’où une augmentation de la proportion d’azote soluble, susceptible d’être entraîné dans les jus éventuels et moins bien valorisé par les animaux ;
- les bactéries coliformes transforment les sucres en acide acétique (peu acidifiant et facteur d’inappétence) et surtout en gaz, et de plus dégradent les acides aminés en ammoniac. Leur action cessent quand le pH descend en dessous de 4,5 ;
- les bactéries butyriques, apportées sous forme de spores par la terre, se multiplient si le pH n’est pas suffisamment acide. Certaines consomment l’acide lactique déjà formé suite à l’action des bactéries lactiques, ce qui fait remonter le pH et prolonge donc l’action des coliformes. D’autres espèces dégradent les acides aminés en ammoniac, acides gras volatils et amines (putrescine…), facteurs d’inappétence et de perte de valeur azotée. A noter qu’elles sont d’autant plus sensibles au pH que la teneur en matière sèche est élevée.
Une récolte précoce
L’obtention d’un ensilage de haute valeur alimentaire passe d’abord par une date d’ensilage précoce.
Encore faut-il ensuite préserver la valeur du fourrage sur pied par une bonne conservation, ce qui nécessite de mettre au plus vite le fourrage à l’abri de l’air : le silo doit être rempli rapidement et fermé immédiatement et le plus hermétiquement possible, grâce à des films plastique de qualité bien posés, sur le dessus et sur les parois latérales du silo. Pour les ensilages à plus de 30 % de MS, il faut particulièrement veiller à la qualité du tassement. Un hachage fin facilite le tassement et rend les sucres plus accessibles aux bactéries lactiques, d’où une acidification plus rapide.
La qualité maximale ne peut être obtenue que par un pré fanage suffisant ou par l’utilisation de conservateurs.
Un itinéraire adapté
Le pré fanage consiste à faucher le fourrage un à trois jours avant sa reprise par l’ensileuse. La fermentation butyrique est complètement inhibée quand la teneur en matière sèche atteint 35-40 % pour les fourrages hachés et 45-50 % pour les fourrages longs (enrubannage). Un fanage efficace est celui qui intervient le plus rapidement possible après la fauche.
Le ressuyage correspond à un pré fanage moins poussé : on vise environ 25 % de MS. Il améliore la conservation et permet de supprimer les pertes par jus (quasi nulles au-delà de 25 % de MS) et de réduire la quantité de conservateur à utiliser par hectare, puisque celle-ci dépend du tonnage de matière brute. Bien utilisé, les conservateurs permettent une réelle amélioration de la conservation et de la valeur de l’ensilage.
Les conservateurs au pouvoir
Les conservateurs sont peu utilisés, avec souvent le coût comme argument. Cependant, le gain se retrouve toujours dans la limitation des pertes, une meilleure ingestion, et des pénalités limitées sur la paie de lait à cause des problèmes de qualité. D’après le tableau 2, les génisses d’un an consomment 1 kg de MS supplémentaire grâce au conservateur.
Tableau n°2
Les acides sont les plus efficaces pour la conservation et la protection de la valeur azotée du fourrage, quelle que soit sa nature. Les produits à base de sels d’acides sont presque aussi efficaces et plus faciles d’emploi.
Les ferments lactiques (conservateurs biologiques) n’améliorent la conservation que si la teneur en sucres du fourrage est suffisante. Cela limite leur emploi aux ray-grass. Les produits associant ferments lactiques et enzymes peuvent être utilisés sur des fourrages moins riches en sucres (fétuques, prairies permanentes, luzerne…), en veillant à ce que le produit soit bien homologué sur fourrages autres que ray-grass et bromes.
Mais le coût des conservateurs (10-12 €/t de MS), sans compter la difficulté du chantier d’ensilage, nécessite de réserver leur emploi à des animaux capables de valoriser l’amélioration de la qualité obtenue : vaches laitières, surtout si le lait est destiné à la fabrication de fromages.
Préservez la valeur alimentaire L’ensilage entraîne surtout une baisse de la valeur azotée réelle (PDI) : la plus forte proportion d’azote soluble diminue la teneur en PDIA, et la protéosynthèse microbienne est également réduite du fait que les produits de fermentation apportent peu (acide lactique), voire pas d’énergie (alcools…) aux microbes du rumen. Par rapport au fourrage vert, l’ensilage entraîne aussi une diminution de la quantité de matière sèche ingérée.
Pour les bovins, cette quantité ingérée augmente avec :
- la teneur en MS jusqu’à environ 35 % de MS, surtout pour les ensilages sans conservateurs ;
- la finesse de hachage, surtout pour les ensilages à moins de 30-35 % de MS ;
- la qualité de conservation ; l’ammoniac et les acides gras volatiles (acide acétique) sont des facteurs d’inappétence.
Les ovins sont moins sensibles que les bovins à la teneur en MS et à la qualité de conservation des ensilages, mais le sont beaucoup plus à la finesse de hachage.
Contrairement au foin, l’ensilage diminue peu ou pas la dMO et la valeur énergétique des fourrages, sauf en cas de très mauvaise conservation ou de jus très abondants. Par contre, le pré-fanage diminue la dMO d’environ 1 point par jour (soit près de 0,02 UFL).
Ensilage d’herbe et butyriques
L’ensilage d’herbe a la réputation d’apporter systématiquement des comptages butyriques élevés. Si cela est vrai en cas de mauvaise conservation, plusieurs précautions permettent de viser des niveaux tout à fait acceptables. Le développement des butyriques dans le silo est très lié à la qualité du fourrage, de la récolte, de confection du silo (date, matière sèche, conservateurs, silo hermétique…). D’autres phénomènes aussi peuvent contaminer les silos : ensiler de la terre avec l’herbe et des restes d’épandage d’effluents.
Pour la terre, les écueils à éviter sont la coupe trop rase (viser 7 cm) et les taupinières.
Les bouses contiennent en moyenne 1.000 à 10.000 butyriques par gramme, c’est dire que lors que lors d’un épandage la contamination de l’herbe est très élevée. Ce niveau diminue ensuite progressivement avec le temps. Le tableau suivant reprend des résultats observés sur une repousse de prairie où les butyriques ont été comptés sur le fourrage après un épandage d’azote minéral et de lisier.
Tableau n° 3
Le temps est donc un facteur d’assainissement du fourrage après un épandage de lisier et on peut compter sur un effet de lessivage de la plante. Pour une parcelle destinée à l’ensilage, un délai de deux mois est préconisé pour réduire le risque butyrique. Pour les fumiers, un épandage à l’automne précédent limite les risques de contamination.
La récolte à l’ensileuse comporte plus de risque qu’un pâturage car l’incorporation de terre augmente la contamination potentielle du silo. La hauteur de coupe au minimum de 7 cm prévient l’introduction de butyriques.
Un essai avec épandage de fumier ou lisier 50 jours avant ensilage a permis de chiffrer les niveaux obtenus dans l’ensilage. Il confirme bien l’effet primordial de la qualité de la conservation.
Tableau n° 4
La présence de butyriques est plus forte après épandage de lisier mais surtout avec le fumier. La combinaison de bonnes pratiques, pré fanage et utilisation d’un conservateur acide a permis de retrouver des niveaux peu contaminés. La récolte est intervenue 50 jours après épandage ce qui assurait d’avoir des butyriques dans des silos expérimentaux mais ce qui est fortement déconseillé en pratique.
Il est possible de réaliser des ensilages d’herbe avec des niveaux bas en butyriques. Une récente étude conduite aux Pays-Bas a même conclu que l’ensilage de maïs était une source plus importante de butyriques que l’ensilage d’herbe…
Tableau n°1
Ensilez en limitant les pertes
Les pertes de matière sèche lors de l’ensilage ont quatre origines. Deux sont visibles : les jus, quand le fourrage est ensilé à moins de 25 - 27 % de MS, et les parties moisies et inconsommables. Les deux autres sont invisibles, mais représentent la plus grosse partie des pertes : les gaz issus de la respiration puis des fermentations anaérobies, et les reprises en fermentation après l’ouverture du silo.
Au total les pertes atteignent 20 à 25 % pour un ensilage coupe directe, et peuvent descendre à 15 % pour un ensilage ressuyé ou pré fané dans d’excellentes conditions.
Ces pertes de matière sèche s’accompagnent d’une baisse de la valeur nutritive :
- tant qu’il reste de l’oxygène dans le tas et que le pH n’est pas trop bas, la respiration des cellules brûle des sucres. Parallèlement, les diverses enzymes de la plante dégradent les protéines en acides aminés, d’où une augmentation de la proportion d’azote soluble, susceptible d’être entraîné dans les jus éventuels et moins bien valorisé par les animaux ;
- les bactéries coliformes transforment les sucres en acide acétique (peu acidifiant et facteur d’inappétence) et surtout en gaz, et de plus dégradent les acides aminés en ammoniac. Leur action cessent quand le pH descend en dessous de 4,5 ;
- les bactéries butyriques, apportées sous forme de spores par la terre, se multiplient si le pH n’est pas suffisamment acide. Certaines consomment l’acide lactique déjà formé suite à l’action des bactéries lactiques, ce qui fait remonter le pH et prolonge donc l’action des coliformes. D’autres espèces dégradent les acides aminés en ammoniac, acides gras volatils et amines (putrescine…), facteurs d’inappétence et de perte de valeur azotée. A noter qu’elles sont d’autant plus sensibles au pH que la teneur en matière sèche est élevée.
Une récolte précoce
L’obtention d’un ensilage de haute valeur alimentaire passe d’abord par une date d’ensilage précoce.
Encore faut-il ensuite préserver la valeur du fourrage sur pied par une bonne conservation, ce qui nécessite de mettre au plus vite le fourrage à l’abri de l’air : le silo doit être rempli rapidement et fermé immédiatement et le plus hermétiquement possible, grâce à des films plastique de qualité bien posés, sur le dessus et sur les parois latérales du silo. Pour les ensilages à plus de 30 % de MS, il faut particulièrement veiller à la qualité du tassement. Un hachage fin facilite le tassement et rend les sucres plus accessibles aux bactéries lactiques, d’où une acidification plus rapide.
La qualité maximale ne peut être obtenue que par un pré fanage suffisant ou par l’utilisation de conservateurs.
Un itinéraire adapté
Le pré fanage consiste à faucher le fourrage un à trois jours avant sa reprise par l’ensileuse. La fermentation butyrique est complètement inhibée quand la teneur en matière sèche atteint 35-40 % pour les fourrages hachés et 45-50 % pour les fourrages longs (enrubannage). Un fanage efficace est celui qui intervient le plus rapidement possible après la fauche.
Le ressuyage correspond à un pré fanage moins poussé : on vise environ 25 % de MS. Il améliore la conservation et permet de supprimer les pertes par jus (quasi nulles au-delà de 25 % de MS) et de réduire la quantité de conservateur à utiliser par hectare, puisque celle-ci dépend du tonnage de matière brute. Bien utilisé, les conservateurs permettent une réelle amélioration de la conservation et de la valeur de l’ensilage.
Les conservateurs au pouvoir
Les conservateurs sont peu utilisés, avec souvent le coût comme argument. Cependant, le gain se retrouve toujours dans la limitation des pertes, une meilleure ingestion, et des pénalités limitées sur la paie de lait à cause des problèmes de qualité. D’après le tableau 2, les génisses d’un an consomment 1 kg de MS supplémentaire grâce au conservateur.
Tableau n°2
Les acides sont les plus efficaces pour la conservation et la protection de la valeur azotée du fourrage, quelle que soit sa nature. Les produits à base de sels d’acides sont presque aussi efficaces et plus faciles d’emploi.
Les ferments lactiques (conservateurs biologiques) n’améliorent la conservation que si la teneur en sucres du fourrage est suffisante. Cela limite leur emploi aux ray-grass. Les produits associant ferments lactiques et enzymes peuvent être utilisés sur des fourrages moins riches en sucres (fétuques, prairies permanentes, luzerne…), en veillant à ce que le produit soit bien homologué sur fourrages autres que ray-grass et bromes.
Mais le coût des conservateurs (10-12 €/t de MS), sans compter la difficulté du chantier d’ensilage, nécessite de réserver leur emploi à des animaux capables de valoriser l’amélioration de la qualité obtenue : vaches laitières, surtout si le lait est destiné à la fabrication de fromages.
Préservez la valeur alimentaire L’ensilage entraîne surtout une baisse de la valeur azotée réelle (PDI) : la plus forte proportion d’azote soluble diminue la teneur en PDIA, et la protéosynthèse microbienne est également réduite du fait que les produits de fermentation apportent peu (acide lactique), voire pas d’énergie (alcools…) aux microbes du rumen. Par rapport au fourrage vert, l’ensilage entraîne aussi une diminution de la quantité de matière sèche ingérée.
Pour les bovins, cette quantité ingérée augmente avec :
- la teneur en MS jusqu’à environ 35 % de MS, surtout pour les ensilages sans conservateurs ;
- la finesse de hachage, surtout pour les ensilages à moins de 30-35 % de MS ;
- la qualité de conservation ; l’ammoniac et les acides gras volatiles (acide acétique) sont des facteurs d’inappétence.
Les ovins sont moins sensibles que les bovins à la teneur en MS et à la qualité de conservation des ensilages, mais le sont beaucoup plus à la finesse de hachage.
Contrairement au foin, l’ensilage diminue peu ou pas la dMO et la valeur énergétique des fourrages, sauf en cas de très mauvaise conservation ou de jus très abondants. Par contre, le pré-fanage diminue la dMO d’environ 1 point par jour (soit près de 0,02 UFL).
Ensilage d’herbe et butyriques
L’ensilage d’herbe a la réputation d’apporter systématiquement des comptages butyriques élevés. Si cela est vrai en cas de mauvaise conservation, plusieurs précautions permettent de viser des niveaux tout à fait acceptables. Le développement des butyriques dans le silo est très lié à la qualité du fourrage, de la récolte, de confection du silo (date, matière sèche, conservateurs, silo hermétique…). D’autres phénomènes aussi peuvent contaminer les silos : ensiler de la terre avec l’herbe et des restes d’épandage d’effluents.
Pour la terre, les écueils à éviter sont la coupe trop rase (viser 7 cm) et les taupinières.
Les bouses contiennent en moyenne 1.000 à 10.000 butyriques par gramme, c’est dire que lors que lors d’un épandage la contamination de l’herbe est très élevée. Ce niveau diminue ensuite progressivement avec le temps. Le tableau suivant reprend des résultats observés sur une repousse de prairie où les butyriques ont été comptés sur le fourrage après un épandage d’azote minéral et de lisier.
Tableau n° 3
Le temps est donc un facteur d’assainissement du fourrage après un épandage de lisier et on peut compter sur un effet de lessivage de la plante. Pour une parcelle destinée à l’ensilage, un délai de deux mois est préconisé pour réduire le risque butyrique. Pour les fumiers, un épandage à l’automne précédent limite les risques de contamination.
La récolte à l’ensileuse comporte plus de risque qu’un pâturage car l’incorporation de terre augmente la contamination potentielle du silo. La hauteur de coupe au minimum de 7 cm prévient l’introduction de butyriques.
Un essai avec épandage de fumier ou lisier 50 jours avant ensilage a permis de chiffrer les niveaux obtenus dans l’ensilage. Il confirme bien l’effet primordial de la qualité de la conservation.
Tableau n° 4
La présence de butyriques est plus forte après épandage de lisier mais surtout avec le fumier. La combinaison de bonnes pratiques, pré fanage et utilisation d’un conservateur acide a permis de retrouver des niveaux peu contaminés. La récolte est intervenue 50 jours après épandage ce qui assurait d’avoir des butyriques dans des silos expérimentaux mais ce qui est fortement déconseillé en pratique.
Il est possible de réaliser des ensilages d’herbe avec des niveaux bas en butyriques. Une récente étude conduite aux Pays-Bas a même conclu que l’ensilage de maïs était une source plus importante de butyriques que l’ensilage d’herbe…