Visite présidentielle au salon de l’agriculture, une Opération séduction dans un contexte tendu
Venu inaugurer le salon de l’agriculture toute la journée du 24 février, le président de la République a voulu rappeler son engagement en faveur du secteur agricole, dans un contexte malgré tout tendu. Les échanges avec les agriculteurs ont été houleux sur les sujets en lien avec les négociations UE/Mercosur, le plan loup et l’interdiction du glyphosate, même si le chef de l’Etat a fait preuve d’écoute.
En dépit de son discours prononcé deux jours plus tôt à l’intention de la nouvelle génération agricole, le président de la République était attendu le 24 février pour clarifier sa position sur un certain nombre de dossiers agricoles, lors de l’inauguration du salon de l’agriculture. Fidèle à son goût pour l’image et pour le contact, Emmanuel Macron a choisi de commencer la déambulation dans le Hall 1, celui de l’élevage, après l’ouverture au public, à la différence de ses prédécesseurs. Il y était attendu par une délégation d’agriculteurs, dont certains déguisés en poulets et vaches, pour dénoncer l’accord UE/Mercosur. « Nous voulons que les agriculteurs soient protégés des distorsions incompréhensibles dans le cadre de l’accord avec le Mercosur », explique Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, qui a évoqué le sujet avec le chef de l’Etat. Interrogé sur le sujet à plusieurs reprises lors de sa déambulation, Emmanuel Macron a rappelé ses lignes rouges : « je vous demande de transformer le modèle, mais je ne vous demanderai jamais des efforts alors que d’autres sont soumis à des règles différentes des vôtres », a-t-il affirmé à un éleveur. « Le Mercosur ne va pas rentrer en application dans les quatre, cinq années à venir. D’ici là, j’aurai mis en place une DSV, une DGCCRF européenne », a-t-il promis lors d’une autre discussion sur son parcours. Comme il l’avait annoncé lors de son discours à la nouvelle génération agricole, deux jours plus tôt, le président souhaite en effet renforcer les contrôles européens sur les produits importés pour éviter les distorsions de concurrence avec les produits agricoles français. « C’est une question de volonté et d’investissement », affirme-t-il devant les agriculteurs sceptiques. Le président a par ailleurs été sifflé à plusieurs reprises, par des jeunes agriculteurs d’Ile-de-France puis par des éleveurs à proximité du stand d’Inaporc. S’il s’est également voulu rassurant sur le glyphosate, indiquant qu’il ne voulait rien interdire sans que des alternatives existent, le président est néanmoins resté ferme sur le Plan Loup, réaffirmant sa volonté de voir le loup se développer en France.
Engagement pour l’agriculture
Avec des arrêts à chaque interpellation et un temps de visite record, Emmanuel Macron a sans doute voulu, au cours de sa visite, réaffirmer aux yeux de tous son engagement en faveur du secteur agricole. Un engagement sans précédent de la part d’un chef de l’Etat, a-t-il souligné à plusieurs reprises, rappelant l’ampleur des Etats généraux de l’alimentation et les conséquences attendues à travers la loi en préparation. Sa visite longue et intense a duré de 7h30 jusqu’à 20h passées, avec un parcours qui a commencé le matin avec la rencontre des syndicats représentatifs, autour « d’une réunion de travail très dense », a indiqué Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Ont ainsi été rappelés tous les sujets importants pour la profession agricole, qui a salué les chantiers engagés (épargne de précaution, Etats généraux de l’alimentation, réforme de la fiscalité agricole) et souligné ce qui restait à faire, par exemple au niveau de la simplification ou de la création de ressources en eau. Le parcours s’est poursuivi avec la visite des interprofessions : Interbev, Inaporc, Cniel, puis l’après-midi, le CNIV et Interfel. Il a également évoqué la future PAC, lourde d’enjeux pour les agriculteurs européens qui ont traversé plusieurs années de crise. Sur ce point, la profession agricole se félicite de la prise de position du président de la République, qui a affirmé à Bruxelles la veille l’importance de maintenir un budget conséquent. « Il a vraiment affirmé que pour les priorités nouvelles, il fallait des ressources nouvelles », indique Christiane Lambert. 21 pays européens seraient prêts à allouer 1,12 % de leur PIB au budget européen, contre moins d’1 % aujourd’hui, poursuit la présidente de la FNSEA. Si les agriculteurs ont salué l’écoute du président de la République, ils restent en attente des actes et de concret, à travers notamment le plan d’investissement de cinq milliards, dont le détail devrait également être annoncé au salon de l’agriculture.