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Visites sécheresse

Visites sécheresse : près de 400 éleveurs mobilisés pour mettre la pression sur les pouvoirs publics !

Pour alerter les élus et les pouvoirs publics sur l’urgence de la situation liée à la sècheresse, la FDSEA et les JA ont organisé quatre « visites sècheresse » ces dix derniers jours. Preuve s’il en fallait de l’inquiétude grandissante dans les campagnes, les éleveurs se sont déplacés en masse pour exprimer leur désarroi et leurs attentes lors de ces visites. Retour en images sur quelques moments forts.

Par Publié par Cédric Michelin
Visites sécheresse : près de 400 éleveurs mobilisés pour mettre la pression sur les pouvoirs publics !

A Saint Martin de Lixy, inquiétude sur les stocks hivernaux et sur les prairies pour 2019…


Mercredi 26 septembre, une centaine d'agriculteurs se sont retrouvés à Saint-Martin-de-Lixy au Gaec Labrosse JPB, en présence des élus locaux : Mme Corneloup, députée de la circonscription, Mme Bignon et Mr Durix, conseillers départementaux et avec l'administration représentée par la sous-préfète Mme Geronimi ; pour les alerter sur la situation très compliquée que sont en train de vivre les éleveurs du département. En effet, au-delà du fait qu'ils aient commencer à affourager les animaux depuis mi-juillet, les éleveurs se demandent s'ils auront assez de foin pour passer l'hiver... Comme l'a précisé Christian Bajard, secrétaire général de la FDSEA, les marchés de foin et paille sont sous tension. En effet, d'autres Pays de l'Union européenne ont aussi subi la sécheresse de cet été. " Nous ne savons pas si les stocks seront suffisants pour nourrir nos animaux cet hiver. Avec l'actualité, on nous parle de bien-être animal, mais personne au Ministère de l'Agriculture ne s'est encore posé la question de l'alimentation de nos troupeaux cet hiver " . Les agriculteurs du Gaec ont également souligné que les récoltes de l'année prochaine risquaient d'être impactées par la sécheresse... Les semis de cet automne, réalisés dans des conditions trop sèches, ne lèvent pas..., notamment ceux de Ray Grass... Comment refaire les stocks en 2019, avec des prairies qui risquent d'être peu productives ?


A Marcilly-les-Buxy, la double peine pour les éleveurs dénoncée…

Sur le Chalonnais, la FDSEA et les JA avaient donné rendez-vous aux agriculteurs et aux élus le samedi 29 septembre au Gaec du Martrat à Marcilly-les-Buxy. Le député Raphael Gauvain, mais aussi le président du Grand Chalon, Sébastien Martin ainsi que le maire de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret et le sous-préfet de Chalon avaient répondu présents. Dans une ambiance morose traduisant peut-être une forme de résignation des exploitants, les élus de la FDSEA et JA ont brossé un panorama de la situation sur le secteur et souligné notamment les conséquences à moyen terme de la sècheresse. Ainsi, Joffrey Beaudot, président des JA a insisté sur la vente prématurée des animaux qui risque d’engendrer une baisse des revenus. Stéphane Convert, président de la section laitière de la FDSEA a renchéri : « C'est la double peine, il n'y a pas de volume de fourrage sur les exploitations et il n'y a pas de volumes disponibles sur le marché ». D'une manière générale, les exploitant ont aussi fortement insisté sur le manque de réactivité de la part de la France, en comparaison avec l'Allemagne qui a réagi beaucoup plus vite et avec des enveloppes financières conséquentes qui ont été débloquées pour accompagner les agriculteurs allemands.

A Marly-sous-Issy, le moral des éleveurs au plus bas…

Ce lundi 1er Octobre, le sénateur Jérôme Durain, représentant le conseil Régional, Frédéric Brochot, vice-président du conseil Départemental, Remy Rebeyrotte, député et Laurent Charasse de la DDT, ont répondu à l’invitation de la FDSEA et des JA à se rendre au Gaec Pouchelet à Marly-sous-Issy. Là encore, le constat a été fait par la centaine d’éleveurs présents de la gravité de la situation. Et les quelques gouttes de pluie qui accompagnaient cette visite ajoutaient à la morosité ambiante sans avoir le moindre effet sur les prairies. Ainsi, Fabrice Voillot de Charbonnat soulignait-il « qu’avec cette sècheresse en plus, le moral dans les exploitations est au plus bas ». Il ajoutait : « on a les prix de la viande d’il y a quarante ans et les charges de 2018, ça ne peut plus aller ». Hervé Lecâtre pour la Chambre d’Agriculture insistait sur la nécessité de raisonner au mieux sa gestion de fourrages pour réussir à passer l’hiver. De son côté, Bruno Pouchelet s’insurgeait contre la spéculation sur les prix de la paille, accusant certains de garder des stocks pour faire monter les prix. Pour sa part, Serge Briet dénonçait les volumes de paille qui seraient partis en Allemagne pour alimenter les méthaniseurs. Il reprochait vivement aux élus présents l’inaction des pouvoirs publics pour bloquer les exportations de paille.

A la Grande Verrière, les inquiétudes encore plus fortes des jeunes…

Suite à la visite à Marly-sous-Issy, une seconde visite était organisée cette fois à la Grande Verrière sur l’Autunois chez Pierre Petitjean. Le sénateur Jean-Paul Emorine, la présidente de la Communauté de communes, Marie-Claude Barnay, et le conseiller Départemental, Christian Gillot se joignaient à cette occasion la foule du matin. Là encore, Luc Jeannin, secrétaire Général de la FDSEA rappelait que l’inquiétude était très forte. Il faisait témoigner plusieurs jeunes récemment installés qui se trouvaient confrontés pour leur première année d’installation à cette sécheresse durable. Preuve de l’inquiétude pour l’avenir des jeunes, plusieurs exploitants proches de la retraite soulignaient qu’ils ne voulaient surtout pas que leurs enfants reprennent leurs fermes vu la situation économique. Situation encore aggravée par la sécheresse. 

De son côté, Bernard Lacour, président de la FDSEA, soulignait l’importance de réfléchir dès maintenant pour l’avenir à la contractualisation entre céréaliers et éleveurs pour anticiper d’autres sécheresses à l’avenir. Il insistait, « si on veut que ça fonctionne, la contractualisation doit être gagnant - gagnant ». Et il ajoutait, « ça veut dire aussi aller chercher la paille chez les céréaliers les années où on en manque pas en élevage. Et pas seulement quand on en a besoin ». Une piste à creuser donc, surtout si les sécheresses se multiplient avec le réchauffement climatique…

Du côté, des annonces, Laurent Charasse de la DDT a confirmé que le « dossier calamité » était déjà bien engagé avec l’objectif de présenter le dossier en Comité Départemental d’Expertise (CDE) de novembre. Jérôme Durain pour le conseil Régional a indiqué que la Région aiderait les exploitants touchés par la sècheresse mais sans préciser les modalités ni le montant. Même son de cloche du côté du conseil Départemental par la voix de Frédréric Brochot. Enfin, de son côté, Remy Rebeyrotte a plaidé pour introduire la question de la gestion des fourrages dans les plans de filière.

Des signaux bien faibles de la part des élus avec encore trop peu d’annonces concrètes à ce jour. Il faut donc rester prudents tant que la profession n’a pas obtenu le détail précis des dispositifs potentiels. Plus que jamais la FDSEA et les JA restent donc mobilisés. Dans ce cadre, une nouvelle visite est prévue à Mazille le lundi 8 octobre prochain.

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